jeudi 27 février 2014

Artus "Al Dente"

Petit Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt

Seul en scène écrit et interprété par Artus

Présentation : Artus met les petits plats dans les grands pour vous concocter un menu qui comblera les gourmands d’humour et les gastronomes de la déconne. Il se met à poêle pour un show Al Dente ! Un one man à déguster tant que c’est chaud, cuisiné par un chef qui vous aime déjà.

Mon avis : Artus a qualifié son spectacle d’« Al dente », terme culinaire italien qui se traduit par « ferme sous la dent »… Effectivement, le plat qu’il nous sert dans sa petite trattoria du Palais des Glaces n’est ni mollasson ni tiédasse. Il se révèle en outre plutôt roboratif et, surtout, assez relevé.

Il est malin l’Artus ! Après une entrée en scène qui sonne comme un générique de blockbuster, genre garçon-qui-se-la-pète, il se présente au contraire à nous avec énormément de simplicité et de naturel. Pendant le premier quart de son spectacle, il nous la joue vraiment bonne pâte. C’est le bon copain qui se réjouit de partager sa cuisine et qui en profite pour nous raconter sa vie. Comme il y met un maximum d’autodérision, il nous met tout de suite dans sa poche et provoque illico la sympathie. Son entrée est très conventionnelle, il a choisi des mets simples que tout le monde peut déguster sans difficulté avec le sourire. Il nous met à l’aise, installe un climat convivial en s’adressant régulièrement à ses convives d’un soir. On sent qu’il s’intéresse vraiment à nous ; ça nous détend le tube digestif et nous met dans les meilleures dispositions pour découvrir la suite du menu.


Les antipasti ayant passé tout seuls, sans se départir de son allure et de son sourire bonhommes, il commence à servir le plat de résistance : son parcours professionnel avant qu’il soit comique et devienne une « star » du petit écran via On n’ demande qu’à en rire. Et là, insidieusement d’abord, il commence à introduire des petits piments dans sa préparation. Il saupoudre ça et là son propos de pincées d’humour noir, voire très noir. J’ai entendu une dame s’écrier spontanément « Quelle horreur ! ». Dès lors, la suite du repas va être de plus en plus relevée. De crainte que notre palais (des Glaces ?) ne s’accoutume trop vite à une certaine acidité, il ne va plus cesser de sur-épicer son assaisonnement. Pour assaisonner, il assaisonne ! Il en met partout, il y en a pour tout le monde.


L’air toujours aussi patelin, il balance des vannes de plus en plus subversives, étale des images franchement osées, prend tous les accents (asiatique, arabe, ashkénaze, italien…), n’épargnant ainsi aucune communauté, va même jusqu’à s’offrir un couplet plein de perfidie sur les handicapés… Pour notre plus grand plaisir, Artus s’avère être un garçon très incorrect. On en redemande et, comme il y a du rab, il nous en ressert.
Al Dente est une gourmandise qui fait du bien à une époque où l’on a tendance à s’effaroucher de tout et à tout aseptiser. Artus nous a concocté un menu audacieux, composé de douceurs (un peu) et d’impertinence (beaucoup). Personnellement, j’y ai fait bonne chère.
Et puis, il ne faut pas bouder sur le dessert. C’est un morceau de choix qu’il nous propose avec une parodie remarquablement écrite de la tirade des nez de Cyrano de Bergerac qui, sans que je vous en dise plus sur le thème, n’est pas sans fondement…


Gilbert « Critikator » Jouin

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