mardi 25 novembre 2014

Adamo chante Bécaud

Polydor / Universal Music



C’est profondément guidé par « un peu d’amour » et beaucoup « d’amitié » que Salvatore rend hommage à Gilbert Bécaud en reprenant une quinzaine de ses chansons.
Gilbert Bécaud a beaucoup compté pour le jeune Salvatore à ses débuts. Avec Brassens, Brel et Béart, il fait partie de ce qu’il appelle respectueusement ses « quatre B ». Chacun d’eux a été une de ses sources d’inspiration et contribué à le former artistiquement. Ils font partie, chacun avec son univers, de ses « guides ». Gilbert Bécaud l’aurait même influencé musicalement avec sa manière d’utiliser le piano.
Salvatore avait 22 ans quand il a assisté pour la première fois à un tour de chant de son aîné de seize ans. C’était à l’Olympia, en 1965 : « J’ai été fasciné par son numéro. J’ai compris que c’était un chemin à suivre ». Par la suite, étant dans la même maison de disques, les deux hommes, amenés à s’y croiser souvent, se sont fréquentés, entretenant « une jolie relation ».


Ce chemin, Salvatore Adamo a donc décidé de le faire sien près de cinquante ans plus tard. Considérant que la mémoire de cet immense interprète n’était pas entretenue à sa juste valeur dans les médias, il lui consacre un album entier.
Salvatore ne nous trompe pas sur la marchandise. Son CD s’intitule « Adamo chante Bécaud ». Et c’est du Adamo qu’il nous propose. Il aurait cherché à faire du contre nature qu’il se serait inévitablement électrocuté sur du 100.000 volts.
Adamo est un hypersensible. Il chante d’abord avec le cœur. Là où Bécaud était dans l’énergie, dans la fougue, dans la théâtralité, Adamo fait dans la douceur, dans le sentiment. Il aime les mots. Il a l’art de les distiller, de les mettre en exergue, de leur donner tout leur sens. Avec sa diction parfaite et une voix très en avant, son interprétation nous fait entendre les chansons différemment. Il nous les fait redécouvrir alors qu’on pensait leur interprétation originale gravée à jamais dans notre mémoire.

Photo ABACA
Bien sûr, c’est dans les chansons tendres et poétiques qu’Adamo excelle. Il recrée les situations, nous les fait revivre en leur apportant une autre vision. Je reviens te chercher, C’est en septembre, Un peu d’amour et d’amitié prennent ici une dimension pleine de délicatesse.
Ce qui est bien dans cet album, c’est que chaque titre a hérité d’une couleur musicale et de sons qui lui sont propres. Par exemple, ambiance country pour L’important c’est la rose et folk pour Nathalie. Grâces soient rendues à la réalisation léchée et inventive de Dominique Blanc-Francart.

Personnellement, j’ai hautement apprécié que Salvatore exhume Croquemitoufle, une chanson dont le texte, truffé de néologismes et empreint d’une grande poésie, m’intriguait et m’émerveillait à la fois quand j’avais une quinzaine d’années.
Mais il y en avait tellement des bonnes et grandes chansons parmi les quatre-cents qu’il a enregistrées. En sachant s’entourer de formidables paroliers comme Louis Amade et Pierre Delanoé entre autres, Gilbert Bécaud a vraiment marqué son temps. Il a été un artiste total, entièrement voué à sa passion.
C’est bien, vraiment bien, que Salvatore Adamo lui rende ainsi hommage.

Clin d’œil, volontaire ou pas, le dernier titre de l’album est Mes mains… De manière subliminale, à la fin, on a envie d’ajouter « sur tes hanches ». Elle n’est pas jolie la passerelle ?...

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