Palais Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 40 00
Métro : Palais-Royal
Spectacle écrit et interprété par Stéphane Rousseau.
Présentation :
Après ses Confessions, Stéphane
Rousseau brise la glace pour nous faire découvrir toutes les facettes de sa
personnalité. Il nous accueille sur scène comme à la maison, pour nous offrir
un spectacle plus personnel mêlant stand-up et musique live.
Accompagné de deux musiciens, Emmanuelle Caplette, à la
batterie, et William Croft, aux claviers et guitares, il se livre en toute
décontraction comme pour une jam session entre amis à laquelle le spectateur
est convié.
C’est l’occasion pour lui d’aborder des thèmes comme la
maturité, la paternité, l’amitié, l’égoïsme, l’amour… Il confie, avec franchise
et une bonne dose d’autodérision, ses travers : son goût pour la paresse,
son absence d’empathie, les qualités qui lui font défaut, ou encore les
lendemains de fête qui déchantent et lui font promettre, à chaque fois, qu’il
ne boira plus jamais.
Mon avis :
De tous les spectacles que j’ai vus de Stéphane Rousseau, je pense que celui-ci
est le plus abouti. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que c’est celui de « la
maturité » (terme si cher aux exégètes) car je crains que ce gamin de 48
ans ne parvienne jamais à être mûr… Mais, s’il n’est pas mûr, en revanche, il
est lucide. C’est ce trait de caractère qui est finalement induit dans le titre
de son nouveau show, car il « brise » vraiment « la glace ».
Il nous l’annonce d’ailleurs dès son entrée en scène : « je
vais être moi-même » et il ajoute même avec autant de mauvaise foi qu’un
Sarkozy sur le retour : « J’ai changé ! ». En fait, quand
on l’écoute attentivement, c’est surtout le temps qui l’a changé ; qui a
changé son corps et érodé son énergie. Et il s’amuse à décrire toutes les
dégradations qu’il a constatées…
Dans ce spectacle, Stéphane Rousseau se livre sans pudeur,
avec beaucoup d’humilité et énormément d’autodérision. Ce qui ne l’empêche pas –
et c’est tant mieux pour nous – de jouer néanmoins les fanfarons. Alors qu’il a
tout pour lui (ma voisine inconnue et ses deux copines, aussi enamourées qu’enthousiastes,
ne me contrediront pas) : il est beau, bien habillé, il est aussi bon
acteur, que danseur et que chanteur… Mais, malgré tout, il se complaît à se
rendre minable avec, de temps à autre, un petit sursaut de narcissisme. C’est
cette alternance entre les moments peu glorieux et les envolées emphatiques qui
fait le charme de ce spectacle et qui lui donne son rythme. Car, du rythme, il
y en a du début à la fin. Stéphane maîtrise l’art du stand-up à la perfection.
Il ne se cache plus derrière des personnages. Il est le (presque) seul héros de
son histoire.
Stéphane Rousseau est un show-man-né, il est l’archétype de
ce que les anglo-saxons nomment un performer. Pour performer, il performe !
Il sait tout faire et le faire mieux que bien. Alors que toutes ces dames et
demoiselles sont en pâmoison, nous, en tant que mecs, on ne ressent même pas
une once de jalousie. On n’a qu’à constater l’étendue de tous ses dons,
soulever son chapeau virtuel et dire : « respect ». Dame nature
a trop gâté certains individus, c’est comme ça, il faut accepter cette
injustice.
Or, Stéphane Rousseau, conscient de toutes ses qualités qui
sont autant d’évidences, tient toutefois à nous rassurer : en dehors de la
scène, dans son quotidien, il a plein de défauts. Il met la loupe dessus, s’y
attarde, développe avec force exemples… Il ne se fait pas de cadeau. De toute
façon, ce sont les défauts, les bassesses, les turpitudes, qui font rire. On ne
fait pas rire avec les qualités. C’est comme le bonheur, il n’est pas drôle
pour les autres.
Doté de ce sens de l’observation et de la formule qui n’appartient
qu’aux humoristes, il décrit des situations qui sont banales pour nous avec des
images absolument désopilantes. Je pense, entre autres, à ce jet de douche qui
s’évertue obstinément à ne pas être solidaire des autres et qui vous arrose à
un endroit dont on n’a pas envie. On l’a tous vécu !
Rousseau brise la
glace est donc un spectacle total. Outre son immense talent d’entertainer, sa
générosité n’a d’égale que la sympathie qu’il dégage. On est tout de suite en
empathie avec lui, on a envie qu’il soit notre copain (voire plus quand on
appartient au beau sexe).
Enfin, quand on parle de spectacle total, il faut également
saluer la présence des deux musiciens-complices qui l’accompagnent. Ils jouent
pour lui autant qu’il joue avec eux, souvent à leur détriment. Ce qui est
amusant, c’est que ces deux instrumentistes hors pair ont échangé les rôles :
William Croft, le bûcheron canadien chevelu et barbu est au clavier et à la
guitare tandis que sa partenaire, la fragile Emmanuelle Caplette, clone de l’héroïne
du film Millenium, en moins trash
toutefois, est à la batterie.
Gilbert "Critikator" Jouin
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