PlayOn / My Major
Company / Warner Music
Très sensibilisé par sa paternité et soucieux de transmettre
à sa progéniture et à celle des autres son goût pour la poésie et les jolis
textes, Grégoire s’est offert une parenthèse « enfantée » le temps d’un
album. La tâche, ambitieuse, n’était pas aisée. D’autant qu’elle confinait à l’exercice
de style.
Il lui a d’abord fallu se livrer à un gros travail de
sélection. Pas évident de retenir une vingtaine de textes pour les mettre
ensuite en musique et les interpréter en sachant à quel public ils étaient
destinés. Bien sûr, le vivier le plus évident dans lequel il a pu pêcher était
constitué par l’œuvre de Jean de La Fontaine. Le célèbre fabuliste se taille la
part du lion avec un tiers des chansons, 6 sur 19 pour être précis. Ensuite, l’astuce
était d’aller chercher des raretés du côté d’auteurs moins évidents et moins
connus. Ce parti pris, totalement subjectif au vu de la richesse de notre
patrimoine, lui a permis de favoriser les ruptures. On passe ainsi de récits
archi connus que l’on écoute comme des standards à des textes qui attirent
notre attention parce que, pour la plupart, on les découvre ou on les a
totalement oubliés.
Ce qui est particulièrement réussi dans cet album-concept ludique et didactique à la fois,
ce sont les arrangements. Volontairement sobres pour favoriser l’écoute et la
compréhension, ils mettent en évidence des instruments moins usités comme la
harpe (très souvent), le piano bastringue, la boîte à musique le cor, le banjo,
le hautbois ou la clarinette. Ce choix délibéré génère un climat empreint de
douceur et de tendresse. Cette discrétion, permet aussi à l’interprète, de
poser sa voix très en avant et de privilégier ainsi la diction et les
différentes intonations. Il y a presque un jeu d’acteur là-dedans. Grégoire se pose
et se propose ici en chanteur-conteur.
Poésies de notre
enfance contient de véritables petits bijoux (et oui, si j’ai mis un « x »
au pluriel de bijou, c’est grâce à la chanson Le Hibou). Les titres sont brefs, ne donnant pas ainsi aux jeunes
auditeurs de temps de décrocher. Leur concision priorise la qualité d’écoute.
J’ai donc essayé de me mettre dans la tête d’un bambin de
cinq-six ans et d’écouter ces poèmes mis en musique avec une totale faculté d’intérêt
et d’émerveillement.
Sachant que tout m’a plu, mon hit-parade personnel s’établit
ainsi :
1/ La Girafe
2/ Les points sur les
i
3/ Ponctuation
4/ Litanie des
écoliers
5/ Lorsque ma sœur et
moi
6/ Liberté
7/ La grenouille qui
veut se faire aussi grosse que le bœuf
8/ Le laboureur et ses
enfants
9/ Le corbeau et le
renard
Il est vrai que des titres comme La Girafe ou Litanie des écoliers
attirent immédiatement l’attention parce qu’ils sont sautillants, joyeux,
allègres, primesautiers.
En revanche, le texte de Un
matin, saupoudré de mots un peu plus difficiles, m’a semblé un peu plus
ardu à comprendre pour nos chères têtes blondes, brunes ou rousses.
Enfin, et c’est mon seul petit reproche, le non prononciation
du « s » de « plus » dans Pour ma mère, peut entraîner un méprise dans la compréhension de ce
poème. On peut l’appréhender de façon négative alors qu’il adresse une superbe
déclaration d’amour…
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