Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
Tel : 01 45 44 57 34
Métro : Notre-Dame des Champs / Vavin
De et avec Anne Baquet
Accompagnée au piano par Grégoire Baumberger
Mise en scène de Claudine Allegra
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Présentation :
Récital hors du temps, qui mêle le burlesque et le sensible. Après avoir
interprété un répertoire allant de Bach à Bernstein, Anne Baquet a désiré
reproduire la même diversité avec des créations.
Elle s’est donc adressée à différente auteurs (François
Morel, Juliette, Jean-Jacques Sempé, Isabelle Mayereau, Georges Moustaki,
Claude Bolling, Marie-Paule Belle…) sans oublier Rachmaninov, Chopin…
C’est un spectacle hors du temps, ni « modé » ni
démodé, un voyage plein d’esprit, d’humour et de poésie, où le public passe
d’une mélodie vocale à un piano quatre mains farfelu, ou d’une chanson
humoristique à un pas de danse.
Mon avis : Anne
Baquet a d’abord hérité des gènes de son père musicien et ô combien sportif, et
de sa mère danseuse et chorégraphe. Ne se contentant pas de ce bagage inné,
elle l’a agrémenté et enrichi d’études de chant, de danse, de comédie avec, en
prime, un détour dans l’univers du cirque. Si bien qu’elle est devenue une
artiste protéiforme et pluridisciplinaire. Une artiste complète, quoi, pour
faire simple. Et qui dit « artiste complète », dit « spectacle
total »…
Non, je ne veux pas
chanter est la parfaite synthèse de tous ces talents additionnés. Après
avoir découvert son pianiste (au sens propre du terme), salle oblige, Anne
Baquet entame son récital avec un Lucernaire d’Opéra signé Rachmaninov. Après
cette entame lyrico-académique, elle nous sert immédiatement un autre aspect de
sa (forte) personnalité, la malice. Ensuite, elle ne va plus cesser de nous
proposer des titres très divers lui permettant à chaque fois de nous offrir les
mille autres facettes de son incroyable talent. C’est qu’elle sait tout faire.
Et même un peu plus. Elle utilise en effet tous les acquis de ses multiples
expériences pour nous faire vivre la bonne vingtaine de titres qu’elle
interprète : chant lyrique, danse, humour, poésie, mime, burlesque… Anne
est un véritable clown moderne. Physiquement et expressivement, elle m’a fait
furieusement penser à la Gelsomina de La
Strada (Giuletta Masina) de Fellini. Il y a en elle tout le registre de la
commedia dell’arte auquel elle ajoute le côté âme slave familial. Au niveau des
possibilités de jeu(x), on ne peut rêver plus large éventail.
Elle tire toutes les capacités de sa voix de soprano avec
une maîtrise étonnante. Ça a l’air tellement facile et naturel ! Y compris
quand elle se lance dans des trilles haut perchées ou dans des exercices de
diction hallucinants. Cette aisance masque inévitablement l’incroyable somme de
travail que l’obtention d’un tel résultat génère en amont. Chaque geste, chaque
saut, chaque mimique, chaque entrechat, qui nous paraissent si spontanés, sont
parfaitement étudiés. Ils viennent souligner ou illustrer un thème, une situation, un mot, ce qui rend chaque
chanson d’autant plus vivante.
Elle est remarquablement complétée en cela par son complice
Grégoire Baumberger, une sorte de Pierrot lunaire frisé et au large sourire
qui, lui, m’a fait un peu penser au personnage de Bip du mime Marceau. Ensemble
ils se livrent à des pas de deux et à des quatre-mains pianistiques joliment et
drôlement chorégraphiés.
En conclusion, vous n’avez que jusqu’au 9 août pour vous
précipiter au Lucernaire afin de partager un grand moment de spectacle total
avec une artiste surprenante, généreuse et épanouie. D’accord, elle « ne
veut pas chanter », mais elle va vous enchanter…
Gilbert "Critikator" Jouin
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