L’Alhambra
2&, rue Yves Toudic
75010 Paris
Tel : 01 40 20 40 25
Métro : République / Jacques Bonsergent
Mise en scène de Flannan Obé
Arrangements d’Emmanuel Martin
Chorégraphies d’Estelle Danière et Sidonie Dève
Lumières de Stéphane Balny
Costumes de Jef Castaing
Avec Florence Andrieu, Charlotte Baillot et Caroline Montier
Accompagnées au piano (et au chant) par Philippe Brocard ou
Jan Stümke
Présentation :
Créé en 2010 par trois chanteuses habituées aux scènes d’opéras, le trio
s’attelle à constituer un répertoire où paroles et musiques font jeu égal, car
il s’agit de charmer les oreilles par des mélodies et des arrangements soignés,
et d’ébouriffer l’esprit avec des histoires loufoques, croustillantes ou
tendres. Avec leur pianiste, qui est aussi un vrai chanteur, elles réinventent
quelques succès de Dassin, Aznavour, Vian et Gainsbourg, mais elles ont aussi
le bon goût d’aller chercher des pépites méconnues du répertoire…
Chanteuses autant que comédiennes, elles donnent vie à trois
personnages au charme « fifties » qui nous parlent, l’air de rien,
d’émancipation féminine et qui, à coup de pantomimes, de chorégraphies ou de
chants a cappella, nous séduisent autant qu’elles nous surprennent.
Disons le tout net : Les Swinging Poules sont les
enfants naturelles des Andrew Sisters et des Frères Jacques.
Mon avis : En
fait, tout est dit, et bien dit, dans la présentation. Les maîtres-mots en sont
« mélodies », « arrangements soignés », « histoires
loufoques, croustillantes ou tendres », « pépites »,
« chanteuses autant que comédiennes », « pantomimes,
chorégraphies, a cappella »… Le spectacle des Swinging Poules rassemble en
effet tous ces éléments. Tout ce que j’ai à y ajouter, c’est mon ressenti.
Ce show – car c’en est un – en rouge et blanc (pour les
poules), et noir (pour le coq) est un plaisir autant pour les yeux que pour les
oreilles. Nonobstant ce plaisir oculaire et esthétique, il nous titille
également le cervelet car, mine de rien, certaines chansons, qui concernent
principalement les relations hommes-femmes, nous donnent à penser…
Chacune des 21 chansons interprétées possède sa propre
scénographie ; elles sont toutes scénarisées et jouées avec une
chorégraphie adaptée, chacune d’elle donnant lieu à un tableau spécifique. Elles
s’enchaînent sans aucun temps mort. Les rythmes se suivent et ne se ressemblent
pas. Les ambiances itou. Car si les Poules caquettent, elles jazzent aussi. C’est
dire l’inventivité et le travail en amont que tout cela implique. Inutile de
s’appesantir sur les talents vocaux de nos trois chanteuses, toutes trois
formées à l’opéra et musiciennes émérites pour deux d’entre elles (Charlotte
Baillot et Caroline Montier), mieux vaut en revanche s’attarder sur leurs
formidables dons de comédiennes. Elles sont en outre toutes trois dotées d’un
potentiel humoristique particulièrement jubilatoire. Elles savent aussi bien
appuyer le trait quand il le faut (chanson réaliste interprétée de façon
théâtrale avec poses exagérées) qu’opérer tout en finesse. Tour à tour soliste
ou choristes, nos trois drôlesses nous offrent de remarquables moments
d’harmonies vocales. Leurs timbres sont très complémentaires. Et puis, ce sont
surtout trois sacrés tempéraments. Elles osent tout ; tout en restant constamment
très féminines. Impertinentes, coquines, mélancoliques, facétieuses, tendres,
provocantes, elles expriment tout l’éventail de l’éternel féminin. Ce sont des
Poules au jeu d’or.
Il faut également souligner la grande importance du pianiste
qui les accompagne. Le soir où je suis allé les voir, c’était Philippe Brocard qui
officiait. C’est Monsieur Plus car il ajoute par sa présence une dimension
supplémentaire à la dramaturgie. Il est le « Poules Man ». Non
seulement, c’est un remarquable instrumentiste, mais il possède une voix de
baryton qui force le respect et un sens de l’humour et de l’autodérision très
réjouissants. Subissant leurs coups de bec avec flegme, il se prête avec une
gourmandise évidente à toutes les pitreries de ses partenaires. Surtout quand
elles se livrent à son encontre à une basse cour. Il faut voir sa prestation
dans Vous les femmes de Julio
Iglesias. C’est un des pics du spectacle.
Les autres grands moments ont été pour moi la transposition
féminine de Tu t’ laisses aller, la
version torride de Fever,
complètement décalée avec sa touche de burlesque, et le grand numéro qu’elles
nous exécutent sur Vamp, dans lequel
elles rendent hommage aux grandes séductrices de l’Histoire.
Je me suis régalé pendant plus d’une heure et demie. J’en ai
pris plein les mirettes et mes trompes d’Eustache ont connu de grands moments
d’extase. Et puis, entre deux ou trois plages teintées d’émotion, voire de dure
réalité, j’ai surtout beaucoup ri. Quel travail, quelle mise en scène, et quel
quatuor !
Et on ne peut même pas leur reprocher de nous quitter en
coup de Vian. Elles et lui nous ont donné tant de plaisir. On ne va pas se
mettre à ergoter non plus…
Gilbert « Critikator » Jouin
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