Les Feux de la Rampe
34, rue Richer
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Cadet / Richelieu-Drouot / Grands Boulevards
Une comédie de Laurence Bru
Mise en scène par Christian Garcia Reidt et Laurence Bru
Avec Estelle Simon (Claire), Patrick Mancini (Laurent), Gigi
Ledron (Hélène), Frédéric Anscombre (Marc)
Costumes de Chattoune
Présentation :
En voyage à Las Vegas, Claire épouse Laurent sur un coup de foudre. Mais elle
ignore qu’il est le frère de Marc, son compagnon actuel. Heureusement, Claire
peut compter sur la complicité de sa sœur Hélène…
Mon avis : Voici
une pièce qu’il fallait avoir l’audace – ou l’inconscience – d’écrire car elle
ne repose pratiquement sur rien de crédible. Et pourtant… Et pourtant, on se
laisse vraiment prendre au jeu. Tout cela grâce à un texte et à des dialogues
fort bien écrits et à la conviction que mettent les comédiens pour nous faire
croire à cette histoire extravagante.
Le pivot de cette comédie romanticomique, c’est Claire. C’est
une idéaliste, elle rêve donc d’absolu et l’occasion lui est donnée de vivre
son fantasme de jeunesse lors d’une escapade à Las Vegas, la ville des mariages
express. Dès lors, elle va dicter sa loi à un entourage qui la sait
imprévisible et excentrique (et l’aime pour ça), c'est-à-dire à son compagnon
Marc, à sa sœur Hélène et, évidemment, à son mari d’un jour.
Vu comme ça, on nage déjà en plein imbroglio. Mais l’auteure
s’est ingéniée à ajouter encore de l’improbable à l’inimaginable (je vous en laisse
la surprise)… Lorsqu’on est un tantinet cartésien, il faut l’accepter ce
postulat surréaliste et ses tiroirs gigognes ! Entre son envie de
franchise et des mensonges obligatoires, Claire, qui porte bien son prénom, va
utiliser sa folle énergie à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Le
pire, c’est que l’on prend du plaisir à se laisser berner.
Laurence Bru, l’auteure, a réussi l’exploit de faire du
marivaudage avec une situation cornélienne. Alors qu’on devrait être en plein
drame, on navigue sans cesse entre humour et légèreté. L’écriture est si
précise qu’elle souffle un air de véracité. On se dit : « pourquoi
pas, après tout ? » ; pourquoi une telle philosophie de vie ne
serait-elle pas projetable dans la réalité ? Même si on sait d’avance qu’elle
ne peut s’appliquer que sur du court terme…
Dès que les quatre protagonistes sont réunis, on passe notre
temps à se demander comment tout cela va-t-il pouvoir se conclure. Or, à l’instar
de Claire, son héroïne, qui a horreur que les choses aient un terme, il n’y a
pas de vraie fin. Tout reste ouvert à notre imaginaire…
J’insiste vraiment sur
la qualité du texte, d’autant qu’il est parfaitement servi par un quatuor tout
à fait impliqué, donc convaincant.
Cette pièce, dont le sous-titre pourrait être « 24
heures de la vie d’une flamme », plaît évidemment surtout au public
féminin, en grande majorité dans la salle. Les libertés que prend Claire avec
les conventions et le socialement correct sont effectivement attirantes et donnent
envie de les vivre.
Un mirage est si vite arrivé…
Gilbert « Critikator » Jouin
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