Un film de Kad Merad
Scénario et dialogues de Kad
Merad, Patrick Bosso, Judith El Zein
Avec Kad Merad (Paolo), Patrick
Bosso (Joseph), Venantino Venantini (Giovanni), Judith El Zein (Elena), Anne
Charrier (Valérie), Julien Boisselier (Pierre), Louis-Do de Lencquesaing
(Stéphane), Philippe Lefèbvre (Le directeur du CIC)…
Sortie le 16 mars
Synopsis : Devant l’insistance de son frère Joseph qu’il n’a
pas revu depuis 25 ans, Paolo se résout à abandonner pendant quelques jours sa
vie calme et harmonieuse au Canada, pour revenir à Marseille au chevet de leur
père accidenté. Il part donc, accompagné de son fils, bien décidé à ne pas
s’attarder dans cette ville qu’il a fuie, des années plus tôt, à la suite d’un
drame.
Il n’imagine pas, alors, que
l’affection de sa famille retrouvée, sa rencontre amoureuse avec une jeune
femme et la solidarité joyeuse et simple des Marseillais le réconcilieront avec
cette ville qu’il n’aurait jamais voulu quitter… Marseille.
Mon avis : Plutôt connu pour sa propension naturelle à la
gaudriole et son goût immodéré pour jouer les pyromanes sur les plateaux de
télévision, Kad Merad a su parfois nous démontrer qu’il avait aussi du cœur (Je vais bien, ne t’en fais pas, Monsieur
Papa…). Avec Marseille, il est à
fond dans ce registre.
Marseille est un film sensible, profondément humain. Plus qu’à la
ville elle-même, c’est surtout à ses habitants qu’il veut rendre hommage.
Certes, le décor, certains paysages soulignent la variété et la beauté de la
cité phocéenne. Mais dans ce cadre privilégié vit une population à nulle autre pareille ;
cosmopolite, hétéroclite, très haute en couleur(s). Ce sont ces gens là
auxquels Kad Merad s’est attaché.
Son amour pour Marseille est
dépeint de façon subtile. Au départ, comme il vient de quitter les grands
espaces canadiens (les paysages sont superbement filmés), il ressent presque du
mépris pour sa ville natale qu’il a quittée vingt-cinq ans plus tôt. Et, surtout,
elle lui rappelle un trop mauvais souvenir. Si bien qu’il nourrit à son
encontre un profond sentiment de rejet. Ce n’est que progressivement qu’il va
(re)tomber sous le charme. Nous assistons à travers l’évolution de ses
sentiments et sa prise de conscience à des retrouvailles amoureuses.
Personnellement, j’ai un peu mis
de côté les inévitables (mais légitimes) clichés sur Marseille (les calanques,
l’OM, les flamands rosespour ne me focaliser sur l’histoire et les gens qui l’illustrent
et la font vivre. Ces gens, qui sont de toutes les origines, de toutes les
couleurs, sont réunis autour d’une entité commune : l’accent… Sans accent,
il n’y a pas de Marseillais. Et Patrick Bosso en est l’archétype… Formidable
Bosso ! Sans qu’il s’en rende compte, il porte le film sur ses épaules.
Tout simplement en étant lui-même, tel qu’il est au quotidien, humble, naturel,
sensible et viscéralement hâbleur. Et puis il y a son fameux rire. Quel rire !
craquant, communicatif en diable. Il ne force jamais le trait. Que ce soit dans
la rigolade ou dans l’émotion. Il apporte au personnage de Joseph cette
profonde humanité que j’ai évoquée au début.
Les femmes ont, dans ce film, un
rôle essentiel. Généreuses, altruistes, elles ont toujours en filigrane un petit
côté mamma italienne. Anne Charrier et Judith El Zein sont réellement
épatantes. Les deux gamins également ont un rôle essentiel. Celui de la
transmission. Tout à fait naturellement, le petit Marseillais va contaminer le
petit Canadien en un joli raccourci subliminal sur l’intégration.
Et puis, il y a Venantino
Venantini. Kad Merad lui a confié un rôle pas vraiment facile, un rôle muet, mécanique,
qui ne repose que sur d’infimes mimiques. Il est magistral en pépé flingué.
Kad, quant à lui, n’en rajoute
jamais. Tout en sobriété, il est en permanence dans l’affectif. Ses silences,
ses regards, ses actes, ses réactions, ne font que nous traduire l’état et l’évolution
de ses sentiments. La tendresse est omniprésente dans ce film. Pas une
tendresse gnangnan, doucereuse et acidulée, non, une tendresse palpable,
positive, normale quoi. Cette tendresse qui nous porte vers les autres et nous
amène à les aimer. Y compris avec leurs petits mensonges (n’est-ce pas Joseph ?)
et leurs petits défauts.
Enfin, Marseille est également un film ancré dans la réalité sociale et
humaine. Sans tomber dans le pathos ou l’exagération, on touche du doigt la
dureté du travail sur les docks, sa pénibilité, sa dangerosité. Mais aussi la
fraternité qui y règne et le recours systématique à la galéjade, même et
surtout quand on a mal à son corps et dans son corps.
Bref, Marseille ne sera pas le film de l’année. Trop intimiste pour cela.
Mais c’est un film qui fait du bien au cœur et à l’âme. C’était sans doute le
but recherché par Kad Merad. Et bien, il l’a largement atteint.
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