Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Ecrite et mise en scène par Xavier Lemaire
Décor de Caroline Mexme
Lumières de Stéphane Baquet
Costumes de Marie-Thérèse Roy
Avec Isabelle Andréani, Franck
Jouglas, Xavier Lemaire ou Alain Sachs
Présentation :
Et si la première scène du Médecin malgré
lui de Molière vous était présentée dans trois versions différentes ?
Zigzag ou le pourquoi du comment de l’art de la mise en scène dans
un spectacle ludique et surprenant…
Mon avis : Si vous êtes amateur d’ovnis, cette pièce est pour
vous.
D’abord, il ne faut pas arriver
en retard au Petit Montparnasse car le spectacle commence avant le spectacle.
Ce préambule nous conditionne sur ce qui nous attend : ça sent le burlesque !
Zigzag est une sorte de master class. Un metteur en scène quelque
peu grandiloquent (Xavier Lemaire) nous invite à une conférence au cours de
laquelle il va nous démontrer à travers différentes interprétations le rôle et
l’influence que ses pairs peuvent avoir sur la lecture d’une pièce et, partant,
sur le jeu des acteurs. Pour cela, il va s’appuyer sur trois versions
différentes – personnellement, j’en ai vu quatre – de la première scène ô
combien trépidante du Médecin malgré lui
de Molière.
Photo J.B. Vincens |
Voilà, le postulat est posé…
Après avoir attiré notre attention sur le pouvoir prépondérant de l’imaginaire,
il va faire appel aux deux seules personnes dont il dispose, le régisseur de
plateau en chef et son assistante débutante. Ça part d’un bon sentiment. Lui,
il est tout entier tourné vers sa démonstration, il prend sa mission didactique
très au sérieux ; le problème, c’est qu’il va avoir affaire à deux
véritables branquignols… Son bel académisme va singulièrement se déliter pour
partir carrément en sucette.
Ce qui est bien, c’est que le
déroulement de la pièce va crescendo. Ça démarre comme un diésel et ça se
termine comme une Formule 1. Mais essayez de faire des zigzags avec une
Ferrari… Vous êtes bon pour une sortie de route. En clair, on part d’une
version classique du Médecin malgré lui
pour finir sur une transcription post-moderne totalement déjantée.
Photo J.B. Vincens |
Ce spectacle insensé ne pourrait
exister sans la présence étourdissante des deux branquignols en question :
Franck Jouglas et Isabelle Andréani. Quelle prestation ils nous offrent !
Quel éventail de jeu ! Quelle présence ! Ils sont l’un et l’autre
véritablement époustouflants. Il n’y a pas d’autre mot. Ils osent tout. S’ils
peuvent se le permettre, c’est parce qu’ils savent tout faire. Leur inventivité
est vraiment jubilatoire. On se demande en permanence jusqu’où ils vont aller.
Et puis on abandonne car ils vont encore plus loin que ce que l’on avait osé
imaginer. C’est de la folie pure. Mais une folie totalement maîtrisée car
servie par un jeu parfaitement abouti.
Photo J.B. Vincens |
Le pauvre metteur en scène a le
talent de savoir s’effacer devant eux. Il fait celui qui a tout imaginé et qui,
quand tout lui échappe, feint d’en être l’organisateur. Procédé connu qui
s’appelle de la récupération. Le jeu de ce personnage qui se veut être deux ex
machina et qui, de toute façon, restera droit dans ses convictions se doit
d’être tout en nuances et en déséquilibre permanent. Xavier Lemaire s’en tire à
merveille. Tout en gardant sa superbe, il sait que, quoi qu’il fasse, il va se
faire voler la vedette par ces deux hurluberlus géniaux, ces deux clowns
modernes. Il faut une certaine dose d’humilité.
Photo J.B. Vincens |
Zigzag est une pièce qui fait l’apologie du théâtre, qui rend un
vibrant hommage aux acteurs et qui tente de définir la fonction de metteur en
scène.
En tout cas, hier soir, avec
Franck Jouglas et Isabelle Andréani, j’ai vu sur scène deux véritables
phénomènes (définition de phénomène : Personne
qui se fait remarquer par son caractère extraordinaire, singulier,
exceptionnel ; qui surprend par son originalité, son caractère excentrique).
Gilbert « Critikator »
Jouin
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