jeudi 29 novembre 2007

L'Auberge Rouge


Une comédie de Gérard Krawczyk
D'après le film réalisé par Claude Autant-Lara
Scénario, adaptation et dialogues de Christian Clavier et Michel Delgado
Avec Josiane Balasko (Rose), Christian Clavier (Martin), Gérard Jugnot (le Père Carnus), Fred Epaud (Violet), Jean-Baptiste Maunier (Octave), Juliette Lamboley (Mathilde), Sylvie Joly (la Comtesse de Marcillac), Anne Girouard (Marie-Odile de Marcillac), Urbain Cancelier (Philippe de Marcillac), François-Xavier Demaison (Simon Barbeuf), Laurent Gamelon (le bûcheron), Olivier Saladin (le cocher)...
Sortie le 5 décembre 2007

Ma note : 7,5/10

Synopsis : A la fin du 19è siècle, la sinistre auberge du Croûteux se dresse au milieu des sauvages et inquiétatntes montagnes du massif des Pyrénées.
L'établissement est tenu par Martin et Rose, un couple d'aubergiste qui a pris l'habitude de faire régulièrement assassiner par Violet, leur fils adoptif sourd muet, les voyageurs solitaires pour les détrousser.
Par un soir d'orage, une diligence en difficulté trouve refuge dans l'auberge. Parmi eux, le bon père Carnus a sous sa responsabilité un adolescent qu'il doit conduire à un monastère... Martin vient d'apprendre que le tracé d'une nouvelle route va détourner les voyageurs de sa gargote. Redoutant d'être ruiné, il décide de supprimer tous ces fortunés clients...

Mon avis : Il est vraisemblable - voire inévitable - que certains pisse-froid affichent un mépris condescendant vis-à-vis de ce film. c'est typiquement français de dénigrer systématiquement les comédies dites "populaires". Le paradoxe, c'est que ce film est on ne peut plus "typiquement français" lui aussi. C'est en effet une bonne grosse farce qui n'a pour seule ambition que de nous distraire. Et, dans ce domaine, c'est absolument réussi. Dans ces temps moroses où l'on nous encourage à travailler plus pour gagner plus parce que les caisses de l'Etat sont vides, nous avons à l'écran une brillante application de ce postulat présidentiel. En effet, notre couple d'aubergistes, Rose et Martin, ne font rien d'autre que de devoir augmenter leur cadence de travail histoire de se remplir efficacement le bas de laine. Bon, on pourra ergoter en prétextant que ce dit boulot est une entreprise d'assassinats en série, mais si une décision n'avait pas été prise en haut lieu de détourner les voyageurs sur une autre route que celle qui menait à leur relais, sans doute n'en seraient-ils jamais venu à une telle extrêmité ; jusque là ils se contentaient sagement du rythme d'un petit meurtre par ci par là en fonction de leurs besoins immédiats.

Ce film va marcher, c'est sûr. Il possède tous les ingrédients de la comédie à succès avec, en premier lieu une brochette d'acteurs qui s'amusent comme des petits fous. C'est simple, il y a longtemps que l'on n'avait pas vu une telle brochette de "gueules". Tous, de Clavier à Jugnot en passant par Balasko, Epaud, Girouard, Joly, Cancelier, Demaison, Gamelon, Saladin, sont à fond dans la caricature, dans l'outrance. Ils s'en donnent à coeur joie, se contrefoutant totalement de leur image.
Christian Clavier en fait des tonnes. Mais son personnage, cupide, méchant, sadique, le réclame et c'est ce que l'on attend de lui. On va encore une fois évoquer de Funès (il y a il est vrai un petit parallèle entre le commissaire Juve de Fantômas lorsqu'il a des boules quiès dans les oreilles et qu'il ne s'exprime que par gestes et le Martin qui s'essaie au langage des sourds-muets avec son fils adoptif), mais ce serait un peu facile. Clavier fait du Clavier ; point ! Il forme d'ailleurs avec Josiane Balasko une sorte de couple de Thénardier ansolument abominables et dénués de tous scrupules. Mais des Thénardier sans Cosette puisque eux, au moins, ils l'aiment leur fille. De même qu'ils nourrissent une vraie affection pour leur fils adoptif si indispensable pour l'accomplissement des basses besognes. Et puis la Rose a ce trait de caractère en plus d'être un tantinet bigote, une faiblesse qui va s'avérer être le grain de sable qui va enrayer les rouages de leur belle mécanique d'éliminations physiques en tous genres.
Gérard Jugnot trouve là un rôle plus complexe qu'il y paraît de prime abord. Au début du film, il se comporte en parfait faux-cul, en méprisable tartufe, profiteur, gourmand, mesquin avant de se révéler en noble sauveur de son prochain. Une fois de plus, il est excellent dans les deux registres.
Il a été également très habile de réunir jugnot et Jean-Baptiste Maunier, les deux figures de proue des Choristes. Si Jugnot y joue toujours les protecteurs, Jean-Baptiste en revanche s'affranchit considérablement. On est loin de Morhange ! D'abord il fait deux mètres, il a un physique de jeune premier et, surtout, il y affirme un don certain pour le second degré. Octave (joli prénom pour un ancien choriste !) passe sans transition du mysticisme le plus absolu à la découverte autrement plus agréable des plaisirs de la chair. Il est impeccable.
Enfin, il y a cette fameuse brochette de "gueules" dont je parlais plus haut. Fred Epaud (Violet) se permet une composition plutôt émouvante en exécuteur patenté. Anne Girouard et Urbain Cancelier campent deux andouilles inénarrables, faisant preuve d'un mépris total pour les petites gens. Sylvie Joly s'autorise des pitreries d'une franche gaminerie. François-Xavier Demaison, quasi méconnaissable, est grotesque à souhait. Je crois qu'il va falloir désormais compter avec lui tant son potentiel est intéressant. Et il y a Laurent Gamelon. Il est impayable ! Il est le running gag du film...
On s'amuse donc énormément avec cette Auberge Rouge revisitée. On n'a pas à se prendre la tête, on n'a qu'à se laisser aller, rire et détentes garantis. La musique est digne des ambiances de maison hantée à Disneyland, les décors naturels sont grandioses. Et ce film, délicieusement amoral, est émaillé tout du long d'une kyrielle de scènes qui sont autant de grands moments de comédie pure. Que demander de plus ?

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