Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
Tel : 01
48 87 52 55
Métro :
République
Une pièce de
Jean-Yves Rogale
Mise en scène
par Raymond Acquaviva
Scénographie
de Jean-Michel Adam
Lumières de
Jacques Rouveyrollis
Avec Andréa Ferréol (la mère de Callas), Pierre Santini
(Onassis), Sophie Carrier (Callas adulte), Lola Dewaere (Callas jeune), Raymond
Acquaviva (Meneghini), Cécile Pallas (Jackie Kennedy)
L’histoire :
De son adolescente grassouillette à la diva qui ressemble à une gravure de
mode, Maria Callas prouve que si le ciel l’a voulue grosse, elle a même vaincu
le ciel. Mais après cette métamorphose, celui-ci ne sera plus jamais clément
pour elle.
L’auteur nous met en présence de « monstres » de
la mythologie moderne : il y a Evangelia, la mère abusive ; Battista
Meneghini, son mari, qui devient son mentor, son imprésario, mais oubliera de
lui faire l’enfant qu’elle désire tant ; Aristote Onassis, dont elle tombe
follement amoureuse…
Mon avis : On
ne reviendra pas sur le formidable talent vocal de Maria Callas qui a fait
d’elle la cantatrice la plus célèbre de tous les temps… Ici, le parti pris de
l’auteur, Jean-Yves Rogale, est d’évoquer sa vie, une vie privée ô combien
romanesque, en une dizaine de séquences ou tableaux.
Chacune de ces scènes nous montre Maria Callas, soit dans
son intimité, soit à un tournant de son existence. Il était en effet essentiel
de commencer la pièce par son adolescence et sa relation conflictuelle avec sa
mère. Car c’est à cette époque qu’elle a à la fois développé ses complexes sur
son poids et affirmé son caractère. Un tempérament tempétueux qui ne va plus
jamais la quitter quelles que soient les circonstances, professionnelles ou
sentimentales.
Le décor est volontairement réduit à sa plus simple
expression. Il n’a aucune importance car tout est basé sur l’aspect relationnel
entre les différents protagonistes… Jolie idée de mise en scène, les
déplacements des quelques éléments de décor sont effectués par une danseuse au
son de la voix de la Callas qui va ainsi nous égrener ses plus grands succès.
C’est bien de l’entendre chanter, même brièvement. Ça nous rappelle combien
elle a été exceptionnelle… L’autre bonne idée est d’avoir dressé au fond de la
scène un immense miroir. Astuce qui a pour avantage de donner de la profondeur
et de doubler les effets.
La pièce se déroulant dans l’ordre chronologique, on assiste
aux principales étapes de sa vie amoureuse, une vie amoureuse qui a eu une
incidence directe sur son comportement dans sa vie artistique… Ainsi, dès le
deuxième tableau, Callas, âgée de 24 ans, déjà auréolée par le succès, décide contre
l’avis de sa mère d’épouser un industriel italien de 30 ans son aîné, Baptista
Meneghini. En devenant son mentor et son imprésario, il va faire d’elle une
diva absolue.
Cinq tableaux et dix ans plus tard, elle rencontre le
richissime armateur grec Aristote Onassis, devient sa maîtresse et divorce de
Meneghini…
Tout au long de la pièce nous sommes les témoins de disputes
incessantes, de relations tempétueuses et passionnelles. Effectivement, nous
sommes en présence de Latins. Ça gesticule et ça parle fort. Et puis il y a aussi
en permanence la présence subliminale de la mythologie. Ce sont, pour comprendre
la psychologie des protagonistes, des éléments prépondérants.
Pour jouer des scènes la plupart du temps aussi exacerbées,
il faut des acteurs de tempérament. La distribution est sans faille. Sans jeu
de mot, ils sont tous au diapason. Je donnerai toutefois une mention
particulière aux compositions réalisées par Raymond Acquaviva dans le rôle de
Meneghini (il s’est fait un look minimaliste. On dirait Aznavour !) et par
Pierre Santini dans celui d’Onassis.
En résumé, j’ai apprécié les intermèdes chantés et dansés
(remarquable bande son), trouvé très judicieuse l’idée de donner la parole à l’ancienne
Callas et de la mettre en opposition avec celle qu’elle est devenue et, bien
sûr, le jeu des comédiens.
Seul reproche, j’ai déploré deux ou trois longueurs, comme
le quatrième tableau (monologue de Callas) et, surtout, à la fin, quand la
pièce, se métamorphosant théâtralement en tragédie grecque, se fige et se fait
un peu bavarde. Je suis certain qu’avec un quart d’heure de moins, La Véritable
histoire de Maria Callas serait encore plus efficace et convaincante. Mais ce n’est
pas grand-chose eu égard aux excellents moments de comédie qu’elle nous fait
vivre.
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