Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 45 23 35 45
Métro : Grands Boulevards
Textes de Mustapha El Atrassi, Florian Gazan, Morgan
Spillemaecker
Mise en scène de Morgan Spillemaecker
Le propos :
Après avoir foulé les scènes américaines, Mustapha El Atrassi nous revient plus
fort que jamais, des idées plein la tête. C’est seul en scène que ce jeune
homme se transcende dans cet art de faire rire. L’œil vif et pétillant, il nous
emmène, et parfois même nous malmène, dans un univers où il sait dénoncer les
travers qui nous pourrissent la vie, toutes ces choses qui nous angoissent et
nous gênent… C’est en véritable comédien que Mustapha, maître de
l’improvisation, joue et se joue de lui-même.
Mon avis : C’est
évident, Mustapha El Atrassi aime la scène. Il a besoin de ce contact direct avec
le public. Dans son précédent one man show, déjà brillant au niveau de la
tchatche, il s’était montré à la fois un peu gêné aux entournures et chien fou.
Trois ans après sont passage à l’Olympia, c’est un tout autre « Mouss »
qui se présente sur la scène su Trévise. Bien que cela ne se voie pas
physiquement, il a pris des épaules, de l’aisance, de la confiance. Ce qui se
traduit autant dans sa façon de bouger que dans le contenu de son spectacle.
Son entrée en scène est d’une sobriété exemplaire. Pas d’effets
superfétatoires genre « attention, je me suis produit aux Etats-Unis et à
Montréal au côté des plus grandes stars américaines du stand-up, vous allez
voir ce que vous allez voir !... » Pas du tout. On le retrouve tel qu’en
lui-même, avec seulement beaucoup plus d’assurance.
Avant même de parler, avec son seul sourire enjôleur et son œil
malicieux, on sent qu’il a le public dans sa poche. Son capital sympathie est
indéniable. Et ce fameux sourire, si naturel et encore enfantin va lui
permettre de faire passer certaines horreurs, certaines audaces et, surtout, d’authentiques
messages. Car il y a deux niveaux de lecture dans son spectacle. Il y a de la
pure gaudriole, de la méchante vanne un peu gratuite (il adore chambrer) et une
vraie jubilation à provoquer et à choquer. Ce qui laisse parfois des trash.
Mais derrière ce qui est sa marque de fabrique, cette impertinence à laquelle
il nous a habitué en radio et à la télévision, il y a une vraie réflexion. Il a
des indignations qui donnent à méditer. Mais j’y reviendrai…
Mustapha est l’archétype du stand-upper. Il parle, il parle,
il parle. Il parle de sa vie, de son enfance, des métiers qu’il n’aurait pas pu
faire, des anomalies et des dysfonctionnements de notre société, de sa passion
pour les animaux, il se moque de son physique, exprime son incompréhension à
propos de certains comportements féminins, évoque fréquemment les réseaux
sociaux… Il s’amuse, se révolte, dénonce, rit de lui-même. Il possède en plus
une remarquable aptitude à rebondir sur les réactions du public. Il adore
reprendre de volée une réflexion émise à voix haute et la renvoyer magistralement
à son expéditeur.
Il utilise toutes les richesses de la langue française et
étaye son discours d’images souvent très originales. Pour vous donner un seul
exemple, ma saillie préférée a été : « La dernière fois qu’elle a
pris une douche, c’est quand sa mère a perdu les eaux »… Chansonnier
moderne, c’est également un adepte du name dropping. Le public adore quand il
stigmatise tel ou telle célébrité.
Enfin, pour approfondir ce deuxième niveau de lecture que j’ai
évoqué plus haut Mustapha El Atrassi ne s’autorise aucun tabou. Il s’appuie sur
son goût avoué pour la pratique de l’onanisme et son appétence pour les sites
porno pour développer le problème que les « Rebeus » ont avec le
sexe. Je vois de nombreux one man shows, mais c’est la première fois que je
vois un humoriste d’origine maghrébine pratiquer ainsi l’anti-communautarisme,
le revendiquer et l’argumenter aussi intelligemment. Les choses sont dites avec
le sourire, mais elles sont dites. Et si elles trouvent écho chez quelques uns,
c’est on ne peut plus bénéfique et positif…
Mustapha parle donc sans discontinuer pendant une heure et
demie. C’est déjà une performance en soi. Evidemment, il ne peut pas être au
top de l’ingéniosité pendant 90 minutes. Dans le premier tiers de son
spectacle, il a abordé des sujets qui ne m’ont pas spécialement amusé (les
babas-cools, les hommes aux cheveux longs, son chat). Mais c’est à peu près
tout car, dans les deux autres tiers, il franchit un palier et, tel un coureur
de fond, il trouve son plein régime et finit de plus en plus fort.
Et, lorsqu’il salue à la fin de sa prestation, c’est le
public qui, en un mouvement spontané de remerciement et de partage, est « stand-up »
devant lui…
1 commentaire:
Tout à fait juste et joliment écrit. Envie d'en découvrir plus.
VK
Enregistrer un commentaire