jeudi 28 février 2013

Jérémy Ferrari "Hallelujah Bordel !"


La Cigale
120, boulevard de Rochechouart
75018 Paris
Tel : 01 49 25 89 99
Métro : Anvers / Pigalle

Ecrit et interprété par Jérémy Ferrari

L’individu : Subtil, corrosif, décapant, ennemi des idées reçues et du « bien pensant », c’est sur la religion que la plume de Jérémy Ferrari a d’abord sévi.
Révélé au grand public par l’émission de Laurent Ruquier, On n’ demande qu’à en rire, sur France 2, il est devenu en quelques passages seulement le spécialiste de la provocation et de l’humour noir.
Son spectacle est entièrement basé sur des faits réels. Des faits d’actualités les plus insensés aux textes religieux de la Bible, du Coran et de la Torah, vous découvrirez tout, absolument tout ce qui vous a été caché… Jérémy étudie l’actualité religieuse et décrypte les textes sacrés pour vous !

Mon avis : Ils ne sont pas nombreux les humoristes de l’acabit de Jérémy Ferrari, qui font partie de ceux qui osent tout et ne se permettent aucune limite. Il est même pratiquement le seul à proposer un spectacle qui soit à la fois aussi subversif, aussi drôle et aussi intelligent. C’est vraiment très gonflé, mais il a le talent, des sourires et des attitudes qui font que tout passe. Ou presque…

 Le logo de l’écurie automobile du même nom est un « cheval cabré ». C’est une image qui lui convient parfaitement à Jérémy. C’est un pur-sang épris de liberté, d’indépendance. Il est pratiquement impossible de lui imposer des rênes. En continuant à jouer sur son patronyme, s’il était est un modèle de la fameuse scuderia italienne, ce serait sans conteste la Ferrari Rosso. Car pour être rosse, il est rosse. Et même féroce. Dans ce domaine, pour continuer dans la métaphore automobile, c’est également une Rolls Rosse. Et encore, « rosse » est un euphémisme tant il possède d’irrévérence sous le capot… Ce que j’ai aimé chez ce dézingueur à tout-va, c’est qu’il n’est pas dans la provocation gratuite. Tout ce qu’il énonce et dénonce dans son spectacle s’appuie sur des écrits et des faits réels. S’il se permet d’ironiser sur les trois religions monothéistes, c’est que ces trois religions ont construit leurs fondements sur une même base : l’Ancien Testament. Et Jérémy l’a lu. Il s’y est immergé, s’amusant à en souligner les incohérences et les nombreuses horreurs qui en émaillent les pages. Surtout pour ce qui concerne les femmes. Car il se délecte à jouer les misogynes. Il n’aime rien tant que de susciter l’indignation des spectatrices.

Tout ce qu’assène Notre Saigneur est donc parole d’évangile. Il brandit les ouvrages et soumet à qui veut vérifier les passages qu’il a soigneusement surlignés. Alors, comment pourrait-on lui tenir un quelconque grief ? Il est en permanence dans le factuel et dans la transparence la plus totale. N’en déplaise aux intégristes de tous poils, il n’y a absolument rien à redire.
Jérémy Ferrari est un garçon intrépide, un téméraire. Il faut oser s’attaquer ainsi aux dogmes. Revendiquer le statut d’iconoclaste tous risques n’est pas sans dangers. Les esprits bornés ne cherchent même pas à comprendre que sous le premier degré irréfutable de ses propos il y a à la fois matière à réflexion(s), et un réjouissant parti pris de rire de tout.
C’est un sale gosse, un garnement qui tire les sonnettes (d’alarme) mais qui ne s’enfuit pas une fois son forfait accompli. Au contraire. Il affronte, gratte où ça fait mal. Et, s’il le faut, il rajoute du sel sur la plaie. Il est en quelque sorte l’enfant spirituel (très spirituel même) qu’auraient pu avoir Pierre Doris et Jean Yanne s’ils avaient connus la gestation pour autrui. Son humour est à l’image de sa tenue de scène : noir, très noir. Mais chez lui, cette couleur n’est pas signe de tristesse, il a le noir guilleret. Il a ce talent de nous amuser et de nous faire rire, parfois aux éclats, avec de véritables horreurs.
  
Homme sans foi ni loi, Jérémy nous propose un spectacle très physique. Son engagement est total. Remarquable comédien, il possède un métier consommé pour jouer avec les ruptures, il excelle dans l’art de la digression et utilise habilement des silences. Evidemment, quand on va assister à son spectacle, on sait pourquoi on y va et ce que l’on va entendre et voir. C’est pourquoi il y a une réelle complicité entre son public et lui. Plus il balance et plus il nous plaît. Dans cette époque terriblement morose, des gens comme lui, qui affichent leur impudence à être politiquement incorrect, ça nous offre de joyeux moments d’oubli. C’est on ne peut plus sain… Il va parfois trop loin ? Et alors… Toute la salle se réjouit de l’y accompagner.

De toute façon, tout est dans le titre de son one man show : Hallelujah Bordel ! L’association de ces deux mots est explicite et suffisamment provocatrice pour qu’on ne soit pas surpris par son contenu. Au contraire, ça donne encore plus envie…

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