Comédie Caumartin
25, rue Caumartin
75009 Paris
Tel : 01 47 42 43 41
Métro : Havre-Caumartin / Auber
One woman
show co-écrit par Elisabeth et Philippe Sohier
Mis en scène par Jarry
Lumières de Stéphane Krumhorn
Le contenu :
Tout est neuf, sauf elle ! Vous allez partager les questionnements et
élucubrations de cette éternelle célibataire, qui vieillit mais ne grandit pas.
Bien qu’elle commence à être sérieusement bouchonnée, elle est toujours chaud
bouillotte et continue à faire la gugusse dans les boîtes de nuit. On va finir
par la retrouver fossilisée dans les toilettes, servant de dérouleur à
PQ !...
Mon avis : Elisabeth
Buffet est de retour ! Elle est toujours aussi « seule dans sa
culotte », mais la grande différence avec le spectacle précédent c’est
que, cette fois-ci, sa culotte a changé et elle nous la montre. Autre
différence, de poids celle-là, elle nous dévoile une silhouette joliment
amincie. Pendant ces quelques années d’absence, elle a découvert les vertus du
sport. Elle a dû en faire des pompes et des agrès. Elle s’est considérablement musclée
et, par extension, son spectacle aussi.
Si sa métamorphose physique est spectaculaire, ses
tribulations sentimentales, elles, sont restées toujours aussi problématiques.
A deux encablures de la cinquantaine, le besoin d’une épaule masculine s’est
encore accru avec l’urgence. Alors, elle court toujours les boîtes de nuit.
Faisant la navette entre le bar et la piste, notre Diane chasseresse se livre,
l’alcool aidant, à une sorte de danse de la séduction de plus en plus
improbable. Ne sachant plus quoi faire pour attirer l’attention sur elle, elle
a trouvé un stratagème pour se faire remarquer : la pratique de la pole
dance. Désormais, elle passe du bar à la barre. Et là, sidération totale !
Elle se livre à une performance gymnique qui nous cloue sur notre fauteuil.
Elle pourrait nous laisser bouche bée mais les acclamations qui fusent de
toutes parts dans la salle nous en empêche.
Et tout en accomplissant de véritables prouesses, elle
continue à se raconter. A raconter presque exclusivement son désert affectif.
La « Bubu » est toujours aussi fofolle de la foufoune. Cette blonde
ne compte pas pour une prude. Son spectacle est un one woman chaud, très chaud,
très sexe. Non seulement elle a épuisé tout le dictionnaire des synonymes du
sexe féminin, mais elle en invente. Son texte, remarquablement écrit, abonde en
images et en métaphores d’une drôlerie absolue. C’est osé, gonflé, cru mais
jamais vulgaire. Parce qu’elle est nature et sa quête amoureuse, toute
égrillarde qu’elle soit, est parfaitement saine. D’ailleurs le public ne s’y
trompe pas qui rit de bon cœur à ses descriptions gaillardes et polissonnes,
quitte à couvrir la phrase qui suit.
Elisabeth Buffet a l’art et la science de l’expression et de
la formule dévastatrices. Elle ouvre la boîte à vannes et déclenche le rire à
jet continu. Or, derrière la gaudriole, elle laisse apparaître en filigrane ses
angoisses existentielles. Elle a peut-être perdu des formes, mais elle y a
gagné en fond. Elle évoque les affres de la cinquantaine, de la solitude ;
elle mêle son angoisse de l’accouchement et sa détestation des bébés avec l’imminence
de la ménopause ; elle s’en prend sans vergogne et avec un sens de l’humour
noir décapant aux homos et aux handicapés… La débauche d’énergie laisse subtilement
filtrer une dose d’émotion. Elisabeth Buffet est humaine, misérablement
humaine, simplement humaine, ce en quoi elle est touchante. Mais elle a choisi
le parti d’en rire et de nous faire rire avec ses turpitudes et ses tourments.
C’est sa forme d’élégance.
Le spectacle se termine avec une lueur d‘espoir qui pourrait
laisser présager une happy end. Des pompes aux pompiers il n’y a qu’un pas qu’il
suffira peut-être de franchir. D’autant plus qu’elle se retrouve en « pole
position ». Paradoxalement, un bon coup de barre et ça repart ! Tout
ça pour une seule et unique quête : atteindre l’inaccessible à poil…
Mis en scène par un Jarry très inspiré, ce nouveau spectacle d’Elisabeth est un antidote très
efficace à la morosité ambiante. On y rit sans discontinuer. C’est beau de voir
une salle entière debout et en liesse.
En tout cas, avec Elisabeth Buffet à 20 h et Fabrice Eboué à
21 h 30, la Comédie Caumartin n’a pas fini de faire le plein. Ce sont là
vraiment deux excellents seuls en scène.
Gilbert "Critikator" Jouin
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