jeudi 24 octobre 2013

L'Art d'en Rire

Florence Foresti critique-dard

L’Art d’en Rire
Œuvres drôlement commentées par Florence Foresti
Et parfois recadrées par Edwart Vignot
Editions Place des Victoires
Format : 29 x 29
Pages : 208
Illustrations : 100
Prix : 29,95 €

Le thème : Dans un dialogue complice, Florence Foresti, humoriste, et Edwart Vignot, historien de l’art, nous invitent à une promenade singulière au Louvre, à Orsay, et dans les plus beaux musées du monde.
Avec un sens unique de l’observation et une drôlerie inimitable, le duo revisite les plus grandes œuvres, à travers une lecture originale, déjantée, et parfois poétique.
Que vous soyez débutants ou déjà passionnés, vous vous régalerez de cette approche joyeuse et décomplexée de l’art !

Mon avis : Il ne faudrait peut-être pas nous prendre pour des béotiens : quand on s’appelle Florence, qui est tout de même le nom de la capitale mondiale de l’art, il y a quelque chose de subliminal là-dedans, une évidence dans laquelle Edwart Vignot s’est engouffré sans vergogne pour aller titiller la fibre artistique de notre humoriste préférée.


En tout cas, l’idée est excellente. Il est plaisant d’imaginer ces deux complices en train de muser dans les musées pour s’en amuser. Florence, qui voulait jouer le jeu de la spontanéité, avait imposé une règle : ne rien savoir de l’œuvre qui allait être découverte, même pas son titre. Mise en présence d’une toile, elle réagissait à chaud, confiant ses impressions et ses observations à un dictaphone, plaise à Edwart d’y réagir et de provoquer alors une espèce de dialogue.
On s’aperçoit très vite que l’humour est un formidable filtre pour nous faire voir la peinture autrement. Paradoxalement, Florence ne cherche pas à épater la galerie. Son premier regard est vierge de toute connaissance préalable, son analyse est immédiate et instinctive, voire irréfléchie, ce qui donne à ses commentaires un tour très inattendu. Le plus souvent, elle casse la croûte, se paie une toile mais, parfois, c’est sa sensibilité de femme qui est touchée en premier… Il en résulte un ouvrage totalement atypique, riche en reproductions de tableaux célèbres, agrémenté des saillies de l’humoriste et des explications-« recadrages » de l’historien d’art.


Lorsque j’ai eu le livre entre les mains, je l’ai feuilleté au hasard et je suis tombé sur une page qui m’a tout de suite emballé, car elle était le parfait exemple de ce que, inconsciemment, j’attendais de Florence :
Pages 38-39. Un tableau de Giovanni Battista Salvi, dit Il Sassoferrato, intitulé « Judith tenant la tête d’Holopherne » où une femme brandit fièrement la tête d’un ennemi qu’elle vient de trancher. Devant cet acte horrible, Florence, péremptoire, a pensé : «  Je l’avais prévenu ! Fallait pas oublier de relever la cuvette des W.C. »… Ça sent le vécu. Femme à lunette… En tout cas, ce genre de réaction me réjouit complètement.



Cet ouvrage est une réussite. Tant sur le plan de l’esthétique que de l’esprit. On y apprend en riant, en souriant et même en étant de temps à autre touché. Le but recherché était de mettre l’art à portée de tous par le biais de l’humour, il est ô combien atteint. Ce n’est pas le genre d’ouvrage que l’on enferme dans une bibliothèque mais que l’on laisse à portée de main pour qu’il puisse être picoré à l’envi. Si ce n’est pas de la vulgarisation, ça ?..

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