Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 Paris
Tel : 01 45 22 08 40
Métro : Saint-Lazare / Villiers
Une pièce de Noémie de Lattre coécrite avec Nicolas
Lumbreras, Rudy Milstein, Johann Dionnet, Jean Gardeil, Sarah Suco
Mise en scène par Pierre Palmade
Avec Noémie de Lattre, Nicolas Lumbreras, Rudy Milstein,
Johann Dionnet, Jean Gardeil, Sarah Suco et, en alternance, Gwendoline Hamon,
Joffrey Platel, Constance Carrelet, Marie Lanchas, Yann Papin, Benoît Moret,
Cédric Moreau, Camille Cottin
L’histoire :
On peut aimer un homme, coucher avec un autre et faire un enfant avec un
troisième !... C’est en cherchant à éprouver cette théorie que Noémie
rencontrera des hommes, des femmes, des homos, des hétéros, des bisexuels, des
transsexuels, des mères de famille, des infidèles… et peut-être celui qui fera
voler cette théorie en éclats.
Mon avis :
La Troupe à Palmade a encore frappé ! Et fort. Après avoir exploré les
mondes de l’Entreprise, de la police, de la politique, elle aborde cette fois l’univers
féminin avec Femmes Libérées. Le
concept de cette nouvelle pièce a été élaboré par Noémie de Lattre puis, comme
c’est la règle dans l’Atelier, cinq coauteurs sont venus se greffer pour
aboutir à une écriture collégiale. Le fait d’écrire ainsi à douze mains est
très bénéfique. Le scénario et les dialogues n’en sont que plus aboutis, plus
riches. De toute façon, pour que Pierre Palmade donne son aval à une
production, il faut que tout soit parfaitement ciselé. Cette exigence fait que
chacune des prestations de la Troupe débouche sur un grand moment de drôlerie
et de comédie pure.
On comprend très vite que Femmes Libérées a été en grande partie directement inspiré par la
propre vie sentimentale de Noémie de Lattre. Quasiment omniprésente sur scène,
elle est le fil rouge de la pièce. A travers une succession de tableaux qui
sont autant de jalons à sa quête éperdue d’amour, nous allons être les témoins
réjouis de son « Odysexe »… Noémie se veut libérée. Elle se laisse
guider par sa libido, se laisse draguer ou prend carrément les initiatives.
Nous sommes en 2014, et il y a belle lurette que la Carte du Tendre a subi l’érosion
du temps. Bien heureusement ! Biche aux abois ou Diane chasseresse, Noémie
n’en a pas la tâche plus facile pour autant. Dans son périple amoureux, elle va
faire quelques rencontres. Quatre garçons et une fille, cinq personnalités
complètement différentes parmi lesquelles se trouve sûrement le bon parti (ou
la bonne). On ne sait qu’une chose au départ c’est que, d’après une prédiction,
l’heureux(se) élu(e) aura un grand nez !
On rit du début à la fin. Tout en étant très féminine,
Noémie s’autorise fréquemment des comportements typiquement masculins dont le
plus répandu, la mauvaise foi. Au fur et à mesure de ses rencontres, elle va se
révéler de moins en moins fragile et de plus en plus dirigiste. Ce qui donne
lieu à des situations inversées particulièrement cocasses.
La force de Femmes
Libérées, ce sont évidemment ses dialogues, vifs et percutants, ses
retournements et le jeu millimétré de tous les comédiens. Devant faire face à
de multiples situations et à des interlocuteurs parfois imprévisibles, Noémie
de Lattre est amenée à jouer une impressionnante palette de sentiments. Faisant
preuve d’une grande finesse de jeu, elle est absolument parfaite.
Mais, au-delà de son aspect purement comique – et là on est
servi – la pièce a aussi cette force de faire passer un message de tolérance
qui donne à réfléchir. Les personnages de Rudy et de la seconde jeune femme, en
apportant une note d’émotion, sont en cela prépondérant. Ils nous touchent tout
en nous faisant rire. On sent derrière tout cela la patte et la sensibilité de
Pierre Palmade ainsi que le produit d’un vécu partagé avec Noémie de Lattre.
Finalement, il n’y a pas que les femmes qui soient libérées
dans cette pièce. Les personnes de toutes les orientations sexuelles y trouvent
une tribune réellement positive. C’est ça, le rire intelligent.
Gilbert « Critikator » Jouin
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