Editions Robert Laffont
21,50 €
Le texte de présentation qui
figure sur la quatrième de couverture de Une
année pas comme les autres commence par cette phrase : « Michel
Drucker change »…
Pour moi, il ne
« change » pas, il continue tout simplement à évoluer. L’homme est
toujours resté le même, mais il s’est continuellement enrichi de rencontres et
d’expériences qui l’ont amené à être celui qu’il est aujourd’hui. Et, je prends
tous les paris que, l’an prochain, il sera encore différent parce qu’encore
plus libre et plus fort d’un tout nouvel exercice, le seul en scène. Et je vous
fiche mon billet qu’il nous réserve encore d’autres surprises pour l’avenir…
Après une quinzaine d’interviews
officielles et de quelques entretiens privés, j’ai appris à la connaître. Et, en
toute sincérité, plus je le pratique, plus je le comprends et plus je l’estime.
Une année pas comme les autres… En cinquante ans de carrière, je
pense qu’aucune des années qu’il a vécues professionnellement n’a été semblable
à la précédente.
Mais il est vrai que ce livre millésimé
2014-2015 est particulier. Il est surtout touchant. Touchant parce qu’il est
vrai, parce qu’il est de l’ordre de l’intime et parce qu’il est dénué de tout
artifice et très peu encombré de paillettes. Michel Drucker s’y exprime en
toute franchise ; un peu comme s’il pensait tout haut et nous faisait part
de ses réflexions.
Ce livre témoigne du quotidien
d’un homme qui a presque toujours été obsédé par le travail et le désir de
rendre la copie la plus propre, la plus parfaite possible. C’est le réflexe
d’un ancien cancre. En échec scolaire, il a considérablement souffert de la
comparaison avec deux frères particulièrement brillants. Alors, quand il a été
en mesure de travailler, il n’a eu de cesse que de prouver. Il a bossé, bossé,
bossé, de la façon la plus scolaire qui soit. Heureusement, il avait reçu un
sens des valeurs qui allait le servir tout au long de sa carrière. Il
l’explique dans son livre : « Abraham, (NDLR : son père) tout en me hurlant dessus parce que je n’apprenais
rien à l’école, m’a enseigné l’humain »…
Tout Michel Drucker est défini en
ce mot. Il est en empathie chronique. Une qualité indispensable lorsque, comme
lui, on pratique un métier qui est basé sur la relation humaine, sur l’écoute
de l’autre. En fait, ce sont là les qualités que l’on attend d’un médecin,
profession de son père et de son frère Jacques. Michel possédait en lui dès le
départ les aptitudes intellectuelles ; il ne lui manquait plus que ce
formidable ingrédient déclencheur qu’est la passion pour qu’il puisse, les
extérioriser et les exprimer.
Cet ouvrage relate les 365 jours
d’un homme toujours pressé, toujours occupé, toujours sollicité, et bien
content de l’être. On a l’impression que, s’il cessait soudain d’être en
mouvement, il se figerait instantanément et tomberait en poussière. Même la
nuit, il cogite. Chez lui, l’hypocondrie et l’angoisse sont deux des principaux
moteurs. Il en a fait des alliées, des forces. C’est que, aujourd’hui, il se
connaît bien, le bougre !... Il suffit de lire ce qu’il écrit page 47 dans
le chapitre dédié à Isia : « Cette chienne est à la fois solide et
fragile… comme son maître ». Pas besoin d’épiloguer.
Je ne veux pas tout dévoiler de Une année pas comme les autres. Il
aborde tant de sujets qui lui sont à la fois très personnels et d’autres qui
appartiennent au domaine plus public. Il est truffé d’anecdotes, d’analyses, de
révélations. Il y exprime ses convictions autant que ses doutes. Et surtout – j’y
reviens – il est essentiellement tourné vers l’humain. Il prône la bonne
éducation, la courtoisie (passage consacré à Gad Elmaleh) et, avant tout, à la
culture et à l’entretien de l’amitié avec cet émouvant fil rouge qu’est sa
relation avec un Michel Delpech qui se sait condamné par la maladie ; il y
a aussi ces très belles pages autour de Jean-Pierre Adams ou celles rapportant
sa fréquentation des hôpitaux. Car Michel Drucker est un cas « clinique »
dans le sens figuré du terme. En toute logique, grâce à ses connaissances
acquises auprès des plus grands professeurs, il est devenu le médecin du PAF.
Il possède dans ce domaine une érudition incroyable. Il connaît ainsi par cœur le
glossaire des médicaments. Si bien que ses diagnostics, très, recherchés et
font autorité.
Il y a également, mais je n’en
dirai pas plus car il faut « l’écouter » le raconter : ce
bouleversement qui n’est intervenu qu’au cours de cette « année pas comme
les autres » : la prise de conscience de sa judéité.
En conclusion, ce livre est la
transposition et le reflet d’une vie unique, incomparable. Celle d’un homme qui
nous accompagne quasiment au quotidien depuis un demi-siècle ; un homme
qui a su rester simple, honnête et réellement modeste…
L’ancien cancre est devenu
aujourd’hui, presque malgré lui, mais en toute légitimité, une véritable
institution. Tel est Michel Drucker… Télé Drucker !
Gilbert « Critikator »
Jouin
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