Les Folies Bergère
32, rue Richer
75009 Paris
Tel : 08 92 68 16 50
Métro : Grands Boulevards /
Cadet
Seul(e) en scène écrit par
Jean-Marie Bigard, Fabien Delettres, Jérôme Barou
Présentation : L’humoriste fête comme il se doit son dixième
spectacle. Pour l’occasion, il donne la parole à la gent féminine. Il endosse
donc un costume de femme et fait son premier one woman show… Les hommes vont en
prendre pour leur grade, et lui le premier !
Mon avis : Nous les
femmes, le dixième spectacle de Jean-Marie Bigard est, en fait, un deux en
un car, pour le prix d’un billet, vous avez droit à deux artistes sur la scène
des Folies Bergère.
En première partie est en effet
programmée une « artiste » qui effectue à plus de 60 ans ses premiers
pas dans l’univers du one woman show. Je pense que le prénom qu’elle nous
propose est un pseudo. En réalité, j’ai l’intime conviction que cette brave
dame n’est autre que Jeanne-Marie la sœur jumelle cachée de Jean-Marie Bigard…
Cela n’engage que moi bien sûr, mais il y a trop d’éléments qui m’ont amené à
le subodorer. Leur gémellité est autant comportementale que verbale. Sous la
robe d’un rouge éclatant qui fait mal aux yeux, se cache une matrone de fer au
langage fleuri, forte en gueule et en indignations. Une authentique virago,
quoi (Petit Larousse : femme d’allure
masculine, autoritaire et criarde) !
Après nous avoir raconté ses
trois mariages, tout en prodiguant quelques « sages » conseils à sa
nièce de 18 ans, elle commence à régler ses comptes avec la gent masculine. Bien
que néophyte dans le métier, elle frise visiblement l’orgasme quand elle se
fait huer par le public masculin. Ne mâchant pas ses mots, pleine de bon sens
et se réfugiant derrière une logique irréfutable, elle évoque les nombreux
sujets de conflit opposant les deux sexes. Et, lorsqu’elle va jusqu’à aborder
le problème de la sodomie, ce n’est pas sans fondement…
Pourtant, en dépit de ces propos
gaillards, elle laisse parfois filtrer une vraie tendresse, particulièrement à
l’adresse de feu son troisième mari.
Vous l’aurez compris, pour un
coup d’essai, cette artiste débutante a réussi un coup de maîtresse (femme). Et
elle mérite amplement les applaudissements nourris qui accompagnent son départ
en coulisses.
Pour la deuxième partie, c’est
Jean-Marie himself qui reprend la main. Fort de cette transposition (du
missionnaire), il s’appuie sur les propos de sa devancière pour énoncer une
sorte de mea culpa plus ou moins sincère quant à son attitude parfois un peu
abrupte vis-à-vis des femmes. Mais, passé ce court moment de faiblesse, le mâle
se rengorge de nouveau du jabot, et le naturel reprend le dessus. Bigard fait
du Bigard. Même s’il consacre un long chapitre à sa double paternité, son
langage, imagé et vert, est toujours aussi peu châtié. Notre chevalier paillard
repart à l’assaut de toutes les barrières érigées par la bienséance. On
retrouve tous les mots de son glossaire si personnel, ces mots qu’il est le seul
à se permettre de proférer sur scène. En fait, il fait ce que son public attend
de lui. Il faut entendre les réactions pâmées et les apostrophes enamourées des
plus virulents de ses bigardolâtres.
En fin de spectacle, Jean-Marie se
réapproprie un registre dans lequel il excelle, celui des analyses de proverbes
et d’expressions.
Voilà. Nous les femmes est un spectacle 100% Bigard. Jean-Marie reste un
extraordinaire et truculent conteur. C’est pour ces qualités orales hors pair
qu’il restera dans les annales…
Gilbert « Critikator »
Jouin
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