Théâtre Hébertot
78, boulevard des Batignoles
75017 Paris
Tel : 01 43 87 23 23
Métro : Villiers / Rome
Jusqu'au 23 mai
Jusqu'au 23 mai
Diffusé sur France 2 le lundi
23 mai à 21 h 00
Une pièce de David Foenkinos
Mise en scène par Anne Bourgeois
Décor de Jean-Michel Adam
Costumes de Jean-Daniel
Vuillermoz
Lumières de Madjid Hakimi
Avec Marie-Julie Baup (Sophie),
Constance Dollé (Nathalie), Arié Elmaleh (Michel), Davy Sardou (Pierre), Dounia
Coesens (l’infirmière)
Présentation : Quelques heures seulement après la naissance de
leur fils, Pierre annonce à Nathalie qu’il a invité aussitôt Michel, son
meilleur ami, à la maternité. Ce n’est vraiment pas le bon moment !
D’autant plus que cet ami a décidé de venir avec sa nouvelle fiancée. Cette
visite au bébé, aussi précipitée que mal venue, va tourner au règlement de
comptes et bouleverser la vie de tous les personnages. Doutes, révélations,
imprévus, séduction, surprises, bonheur, sont les mots d’ordre de cette
comédie.
Mon avis : Cette pièce légère et enlevée est le spectacle
idéal pour se mettre dans les meilleures dispositions d’esprit avant la
cérémonie des Molières.
« Lorsque l’enfant paraît,
le cercle de famille applaudit à grands cris… ».Ça, c’est Victor Hugo qui
l’a écrit. Son bel enthousiasme s’inscrit dans la logique des choses car, dans
la grande majorité des cas, une naissance est en effet un grand moment de
bonheur partagé. Mais les moments de bonheur sont comme les trains qui arrivent
à l’heure : on n’en parle pas. En revanche, lorsqu’un train déraille ou
qu’une situation dérape, là il y a matière.
Dans la pièce de David Foenkinos,
c’est tout le monde qui déraille. Bonjour les dégâts. Ce qui aurait en fait dû
représenter « le plus beau jour » de la vie de Nathalie et Pierre va
soudain devenir leur plus beau four… L’auteur utilise savamment tous les
ressorts de la comédie pour décrire un imbroglio qui, en étant réaliste, est un
véritable drame. Or, ici, par la magie de dialogues vifs et ciselés, d’une mise
en scène inventive et rythmée et la présence de quatre acteurs absolument
irrésistibles, la pièce nous tient en haleine et nous fait rire du début à la
fin.
Ce pauvre bébé qui vient
d’arriver et qui n’a rien demandé va être le détonateur qui va faire exploser
toutes les conventions et, surtout, exposer en plein jour tous les non-dits.
Les profils des quatre
protagonistes de cette histoire sont particulièrement bien dessinés. Nathalie
(Constance Dollé) est une femme en souffrance, elle se trouve dans un profond
mal-être et l’on va peu à peu s’apercevoir que ce dont elle voudrait surtout accoucher,
c’est de la vérité… Son mari, Pierre (Davy Sardou), est un doux rêveur ;
il est lunaire, naïf, puéril, fragile… Sophie (Marie-Julie Baup) compense son
angoisse chronique par une volubilité de tous les instants : elle est
cash, sans filtre, gaffeuse… Quant à Michel (Arié Elmaleh), il est hâbleur,
tchatcheur, dragueur, égoïste, futile…
Les deux garçons ont en commun
une certaine propension au mensonge et à la lâcheté. Ce sont des mecs, quoi. Et
les filles, en parfait contrepoint, sont de ferventes adeptes de la vérité. En plus,
ils se trouvent tous en décalage car chacun d’entre eux rêve de vivre la vie de
l’autre.
Alors, quand ces quatre
caractères, brutalement exacerbés par l’arrivée du bébé, sont confrontés, le
mélange est explosif. Nés de malentendus, les quiproquos abondent. Les échanges
sont tumultueux. Les scènes de scènes (de ménage ou autres) atteignent des
sommets de drôlerie… la mise en scène est vraiment parfaite. Tout se passe
entre la chambre de la maternité et le couloir qui y mène. Cette unité de lieu permet
de donner un tempo soutenu. Il n’y a aucun temps mort.
Le plus beau jour est une très bonne comédie. Ici, « lorsque l’enfant
paraît », c’est le cercle des spectateurs « qui applaudit à grands
cris »… Le casting est parfait. Marie-Julie Baup confirme qu’elle est une
sacrée nature. Constance Dollé se met aisément au diapason avec une montée en
puissance réellement jubilatoire. Davy Sardou démontre une fois de plus son brio
dans tous les registres. Arié Elmaleh fait preuve d’une formidable présence
comique… Il faut souligner aussi la prestation de Dounia Coesens qui, au-delà
de la frivolité, a le talent d’apporter à son personnage d’infirmière sexy une
certaine mélancolie qui la rend très attachante.
En conclusion, ce Plus beau jour vous promet une fort belle
soirée devant votre téléviseur.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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