53, rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
Tel : 01 45 44 57 34
Métro : Vavin / Notre-Dame
des Champs
De Victor Hugo
Mise en scène et adaptation de
Sylvie Blotnikas
Avec Julien Rochefort
Présentation : Le 18 juillet 1843, Victor Hugo, qui a 41 ans, commence
son traditionnel voyage d’été. Ce voyage de près de deux mois le mène de
Biarritz à Oléron, en passant par l’Espagne et les Pyrénées. C’est l’occasion
pour Hugo, non seulement de découvrir et de s’émerveiller, mais aussi de
plonger dans son passé…
Au fur et à mesure de son
périple, il écrit de nombreux textes qui constituent un journal de voyage qu’il
a l’intention de publier. Mais le destin va en décider autrement…
Mon avis : Celui qui a affirmé « Il n’y a que les
montagnes qui ne se rencontrent pas » a émis là un jugement quelque peu
hâtif. En effet, une chaîne culminant à 3400 mètres, les Pyrénées, a bel et
bien rencontré une autre montagne, en littérature celle-là : Victor Hugo.
Ce rendez-vous entre sommités géographiques et littéraires a bel et bien eu
lieu au cours de l’été 1843…
C’est cette rencontre « au
sommet » que nous raconte l’illustre écrivain épatamment incarné par
Julien Rochefort sur la scène du « Paradis » au théâtre du
Lucernaire.
Victor Hugo était un monstre. En
tout. Brûlant d’une vitalité hors norme, Il avait besoin de se dépenser. Il
fallait qu’il mange, qu’il boive, qu’il marche, qu’il écrive, qu’il dessine, qu’il
lutine… Tout cela avec gourmandise et excès.
Pyrénées, ou le voyage de l’été 1843 est totalement à l’image du
bonhomme. Dans ce journal de bord, il nous narre par le menu son périple de
deux mois avec, pour objectif, une semaine de cure à Cauterets, une station
thermale des Hautes-Pyrénées spécialisée dans la rhumatologie. Victor écrit et
décrit. Rien n’échappe à sa formidable curiosité. Non seulement, il consigne
tout dans ses cahiers, mais il envoie de nombreuses lettres ; la plupart sont
adressés à sa fille aimée, Léopoldine, mais il en adresse également à son autre
fille, Adèle, à son fils François-Victor, et à son épouse…
L’œil du poète est une véritable
caméra. Elle voit et enregistre tout. D’où une écriture très imagée, descriptive.
Chaque sujet qu’il « photographie » est pour nous une véritable carte
postale qui vaut autant pour l’image qu’elle reproduit que pour le témoignage
écrit qui l’accompagne. Quelle richesse de vocabulaire ! Quel sens du
détail ! Victor Hugo est un aventurier dans ce sens où il est en
permanence attiré par l’inconnu. Avide de découverte, épris de solitude, amoureux
de la nature, il adore marcher, partir à l’aventure. Et la marche est, pour
lui, propice à la réflexion. Si le titre n’avait pas été pris par un de ses célèbres
prédécesseurs, Jean-Jacques Rousseau, il eût pu sous-titrer son journal « Rêveries
du promeneur solitaire » (en guise de clin d’œil, un poème écrit à
Cauterets figure dans Les Contemplations,
mot un synonymes de rêverie)…
Photo : Fabienne Rappeneau |
Le journal de bord de Victor Hugo
est foisonnant. Il regorge de détails. Il parle des paysages, des villes où il
fait étape ou séjourne, des gens qu’il croise, des animaux, des plats et des
vins qu’on lui sert. Sa plume court, vive, expressive, infatigable. Il a l’enthousiasme aussi prompt que la critique.
Par exemple son exaltation lorsqu’il découvre Gavarnie n’a d’égale que sa déception
lorsqu’il visite l’île d’Oléron.
Et puis quel humour ! On s’amuse
beaucoup à certaines de ses saillies ou moqueries. Ce n’est jamais méchant. Il
y a juste ce qu’il faut d’ironie (Ah, ces gens qui lui déconseillaient de se
rendre à Pasaia (Passage)…) Bref, à l’écoute du compte-rendu de ce périple de
deux mois, on ne s’ennuie pas un seul instant. On est même souvent happé, captivé,
époustouflé par la qualité narrative des événements et des descriptions. Julien
Rochefort est un parfait exégète de Victor Hugo. Il l’interprète avec juste ce
qu’il faut de fougue et de recul. Le ton est précis, nuancé. Il nous prend par
la main (ou plutôt par l’oreille) et il nous emmène sur les pas d’Hugo pour un
joli voyage collectif. Sa prestation est irréprochable.
Et puis, mon esprit tordu a
trouvé particulièrement piquant que ce soit un comédien nommé Rochefort qui
termine le voyage d’Hugo et le spectacle qui lui est consacré dans la ville de…
Rochefort, là où l’écrivain va aller chercher en poste restante le courrier qui
l’y attend et, surtout, là où il va ouvrir ce funeste journal…
Gilbert « Critikator »
Jouin
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