samedi 19 octobre 2019

Vous n'aurez pas le dernier mot


Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Monologue écrit Par Diane Ducret
Mis en scène par Jérémie Lippmann
Scénographie de Jacques Gabel
Lumières de Jean-Pascal Pracht
Costumes de Colombe Lauriot-Prévost

Avec Stéphane Bern

Présentation : Dans un seul en scène drôle, littéraire et historique au ton décalé, Stéphane Bern nous fait découvrir les derniers mots de grandes personnalités. Il nous entraîne dans l’intimité des illustres personnages qui ont écrit l’Histoire, livrant ainsi leur part la plus secrète : leur manière de quitter la scène et de saluer le monde par le mot de la fin.
Un monologue joyeux et profond qui propose une réflexion sur nos propres derniers mots, ou finalement ce que nous laissons derrière nous. Avec de la poésie, de la passion et un peu de mauvais esprit, il va à rebours de notre époque obsédée de jeunesse, de débuts et d’immédiateté.

Mon avis : L’idée de Diane Ducret de compiler les derniers mots prononcés par les grands de ce monde au moment de leur départ pour l’Au-delà est astucieuse. Et l’idée d’en confier le récit à Stéphane Bern était on ne peut plus adéquate. Féru d’Histoire et aimant en raconter l’animateur était vraiment la personne idoine pour nous présenter ce florilège des déclarations ultimes.

Photo : Fabienne Rappeneau
Effectivement, dès son entrée (pittoresque) en scène, Stéphane Bern donne le ton. Ce monologue qui évoque quand même les derniers moments de nos célébrités n’est en aucun cas morbide. Au contraire, notre « pilote décès » louvoie avec humour et légèreté dans la relation de ces situations si particulières parce que définitives. Jamais il n’emploie un ton compassé pour citer de glorieux trépassés. Avec beaucoup de malice, il enchaîne les « clins deuil ». Il est sur scène comme sur un terrain de jeu. En homme de médias rompu à cet exercice, il adore échanger avec le public, partager, plaisanter avec lui et, surtout, il n’aime rien tant que lui apprendre des choses.

Très élégant dans son superbe costume bleu nuit, Stéphane Bern s’amuse visiblement comme un petit fou (du roi). Très à l’aise, avec une touche d’autodérision, il est tour à tour docte, malicieux, caustique sans être cynique. Il se livre même à une cascade ! On ne s’ennuie pas une seconde… Il est judicieusement assisté par des projections très soignées de portraits, de paysages ; autant de cartes postales destinées à illustrer tel ou tel personnage.

Stéphane Bern décroche un Oscar
(Photo : Fabienne Rappeneau)
Pour parler bien de la fin, il fallait un texte fin. Il ne faut pas se voiler la face, Diane Ducret a constaté que la plupart des grands hommes (ou femmes) n’ont pas forcément trouvé la plus brillante formule d’adieu au moment de rendre l’âme. Comme quoi l’oraison du plus fort n’est pas toujours la meilleure. Stéphane le souligne avec espièglerie. Pas facile d’avoir de la présence d’esprit au funeste moment de l’Absence… Pourtant certains ont réussi à soigner leur sortie. Leur fulgurance ultime, leur dernière saillie, n’en ont que plus de valeur. Et Stéphane prend un malin plaisir à les citer et à s'en délecter.

En résumé, Vous n’aurez pas le dernier mot est un spectacle très plaisant, léger, savoureux, destiné à la fois à instruire et à distraire. L’effet est contagieux car on cherche tous instinctivement, Stéphane le premier, à essayer de trouver quel pourrait être notre ultime déclaration avant de rendre le dernier soupir… Lorsque la salle se rallume, on ne voit que de larges sourires sur le visage des spectateurs. Et pourtant, Stéphane Bern n’a parlé que du pire : de la mort !

Gilbert « Critikator » Jouin

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