Je descends du singe
Je descends du singe
est le onzième album studio de Marc Lavoine. Il en a signé les dix textes et
son désormais indispensable alter ego, Christophe Casanave en a composé les
mélodies… Déjà dans son précédent opus, Volume
10, Marc Lavoine avait amorcé un virage assez notable en impliquant
beaucoup plus son vécu en évoquant, entre autre, le décès de son père. Marc
sait bien que les questions qu’il se pose et les drames qui le touchent, pour
personnels et intimes qu’ils soient, sont universels. En mettant ainsi son cœur
à nu, il partage avec nous, se fait encore plus proche, plus accessible, plus…
normal.
Très famille (tant sur le plan personnel que professionnel),
de plus en plus pétri d’humanité, il était tout à fait naturel que, la cinquantaine
atteinte (le 6 août), il se tourne vers l’anthropologie et, puisqu’il est
lui-même en pleine évolution, il se rapproche plus particulièrement du
Darwinisme. D’où cette conclusion péremptoire : il descend du singe.
Maintenant, comment se traduit ce constat dans ce onzième
album ? Effectuons-en la discotopsie…
1/ Il restera
Chanson empreinte de nostalgie, un climat qui sied
parfaitement à la voix chaude de Marc. Quand on a tout fait, tout vu, tout
goûté, tout connu, ou presque, que reste-t-il qui compte : « le
parfum d’un souvenir de toi… ». La mélodie, légère, s’accorde à la
nostalgie ambiante. Mais c’est une nostalgie douce, pas amère du tout, agréable
même. Et, assurément, apaisante : « Je suis en vie presque
calme ». On ressent une certaine sérénité. C’est déjà tellement bien
d’être en vie et riche de tendres souvenirs…
2/Notre histoire
Jolie petite ritournelle au service d’une histoire d’amour à
la fois belle et banale. Et même « conne ». Il évoque la simplicité
de sentiments communs, propres à chacun, avec les doutes, les certitudes, les
émerveillements. Les histoires d’amour, c’est comme les enfants : ce sont
les nôtres les plus beaux.
3/ Je descends du singe
Chanson sur la solitude, sur le manque de l’autre, rythmée
par une sorte de reggae nonchalant. Jolie mélodie, refrain efficace,
arrangement léché… Evoque un réflexe animal face à un profond désarroi. Les
reproches que l’on se fait devant les « ruines » de son passé. Alors
on marche au hasard, on s’offre au « vent salé, et on boit pour essayer
d’oublier.
4/ J’ai vu la lumière
Inventaire sur toutes les formes que peut prendre l’amour.
Finalement, l’amour c’est comme l’air, il est omniprésent, on en a besoin, il
peut se faire caressant ou décoiffer. Chanson entraînante, légère et positive
qui image parfaitement que l’amour est un tourbillon.
5/J’en ai rien à foutre
Le titre en lui-même est évocateur. Il est très rare
d’entendre une petite trivialité dans la bouche de Marc. Pour une fois, il fait
fi de sa délicatesse et de sa courtoisie coutumières. Quand une relation
amoureuse s’effiloche, à quoi sert de s’évertuer à vouloir la rapiécer. Quand
c’est fini, c’est fini. Pas de quoi se tirer une balle dans la tête, inutile de
souffrir bêtement. Fataliste et pragmatique, il accepte benoîtement son sort puisqu’en
échange, il redevient un homme libre.
6/ Auprès de toi mon frère
Incantation descriptive de ce qu’est que grandir en
parallèle avec son frangin. Tout ce qu’on vit ensemble, qu’on partage, qu’on
rêve, chacun étant tour à tour la béquille de l’autre, son soutien protecteur
quand ça va mal. Chanson pleine de tendresse et de reconnaissance et néanmoins
empreinte de nostalgie.
7/ Avec toi
Variation amusante sur le thème à peine voilé de « Je
te tiens par la barbichette ». Débit saccadé, original sur fond de musique
discrète. Duo avec la comédienne Julie Gayet qui propose une voix aussi légère
et ténue que celle de Marc est chaude et grave ; ce qui offre un agréable
contraste. C’est une chanson très optimiste qui parcourt toute la vie d’amour d’un
couple avec ses grands bonheurs et les petits aléas que l’on surmonte.
8/ Faut-il parler ?
C’est, quelque part, l’antithèse de la chanson précédente,
puisque Marc y aborde le délitement dans le couple. Cette fois, on ne passera
pas toute sa vie ensemble. Le contrat de mariage est déchiré par « le
couteau du quotidien », alors à chacun de reprendre sa vie… Malgré tout,
le salut est peut-être dans le dialogue. Mais c’est loin d’être garanti. Se
dire les choses ou se taire, telle est la question… C’est, pour moi, le plus
beau texte de l’album.
9/ Ballade pour Michelle
Pas facile d’écrire une chanson sur la disparition d’un être
aussi cher et essentiel que peut l’être sa mère… Sans jamais tomber dans le
pathos, Marc procède par petites touches tendres et sensibles pour évoquer son
souvenir. Saupoudrant son chagrin de petites images fugitives, il passe sans cesse
de la réalité à l’abstrait. Et, maintenant que Michelle est partie, peu de
temps après son père, il se retrouve inexorablement seul et, désormais, en
première ligne.
10/ Je compte les jours
Ton lancinant et récitatif d’un véritable poème construit
sur l’alternance de « Il me manque » et « Il me tarde ».
Cette chanson est cousine avec Je descends
du singe, elle la complète, sauf que, cette fois, on a le droit d’imaginer
une happy end.
Mon hit parade
personnel :
1/ J’ai vu la lumière
2/ je descends du singe
3/ Il restera
4/ Faut-il parler ?
5/ J’en ai rien à foutre
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