vendredi 21 septembre 2012

N° 9 de Bigard


Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 42 02 27 17
Métro : République / Goncourt

One-man show écrit par Jean-Marie Bigard
Mis en scène par François Rollin

Le thème : Bigard se livre une fois de plus dans un numéro très personnel où il nous parle de ses anecdotes les plus croustillantes… Un nouveau spectacle sur le thème du temps qui passe : passé, présent, futur ; on ne va pas tous à la même vitesse… C’est vertigineusement drôle quand on y pense !
Un n° 9 qui, comme il le suggère, met en scène un nouveau Bigard. Il est intransigeant et ne laisse rien de côté ; la vie, l’amour, la vieillesse, la mort. Des banalités de la vie, mais toujours hilarantes quand Bigard nous les conte.

Mon avis : Lorsqu’on va voir Jean-Marie Bigard, c’est pour qu’il nous fasse du Bigard, et rien d’autre. C’est comme quand on se rend à un concert de Johnny Hallyday ou à un film de Schwarzenegger… On sait pourquoi on y va.
N° 9, le nouveau spectacle est conforme à notre attente. Comme son nom l’indique, il est à la fois sa neuvième œuvre en 28 ans de carrière et il est tout neuf au niveau de l’écriture.
Dès son entrée en scène, Jean-Marie se montre toujours aussi pétulant et généreux. On voit qu’il a énormément de plaisir à se retrouver dans son élément. Il est heureux sur scène et son bonheur est communicatif. Il en arrive même à se faire rire lui-même !

Il annonce tout de go que ce one-man show aura pour fil conducteur le temps. Le temps passé, présent et à venir. C’est vrai qu’il y a de quoi dire. Et lui, il a une manière de le dire qui n’appartient qu’à lui. Il revendique en outre dès le début son statut assumé de « comique vulgaire » : « Je suis un humoriste vulgaire, il y aura des grossièretés ! ». Voilà, c’est dit. Pas d’hypocrisie, on ne va pas se cacher derrière son petit doigt. Et il va alterner dès lors les pensées les plus profondes et les allusions ou descriptions les plus salaces. Car c’est l’éternel paradoxe avec lui, sa façon d’être, ses spectacles reposent toujours sur un fonds pédagogique. Souvenez-vous de Des Animaux et des Hommes et de Mon Psy va mieux, spectacles qui nous en avaient beaucoup appris sur la faune et sur le cerveau humain.
Dans ce spectacle, il parle aussi bien d’Albert Einstein en développant avec force exemples le thème de la loi sur la gravité que des moments passés aux ouatères en analysant les différents aspects que peuvent prendre nos déjections. Là aussi avec force exemples…

Bigard est avant tout un conteur hors pair (pas hors paire, attention, car il y fait souvent allusion). Il n’a pas son pareil pour narrer en nous faisant marrer. Il est aussi interactif. Il ne s’adresse pas à un public, mais à des compagnons de ris et de jeux. Il se choisit d’ailleurs d’emblée une victime de sexe féminin au premier rang, et il ne la lâchera plus. Mais pour se faire pardonner, il lui offrira à boire.
Dans ne neuvième spectacle, il ne présente aucun sketch. Il est tout du long dans la péroraison (parfois aussi, quand il évoque le pastis, dans l’apéro-raison). Il fait du stand-up quoi. Il donne l’impression de déverser tout ce qui lui passe par la tête alors que c’est minutieusement écrit. Entre chaque chapitre, il ne quitte plus la scène. Il investit un petit pupitre d’écolier situé côté cour. Ce petit endroit devient un no man’s land dans lequel il va se livrer à un tas de digressions et de réflexions, souvent en prolongement de ce qu’il vient d’aborder précédemment. Ça a pour effet de donner plus de rythme et de consistance.

Tous les sujets qu’il développe sont étayés d’exemples extrêmement imagés. C’est là aussi un domaine où il excelle. Il a l’art de la vulgarisation (attention, dans le sens noble du terme). Par exemple, pour symboliser le rêve dans le chapitre sur le sommeil paradoxal, il a recours a l’absurde. D’ailleurs, quand il raconte le voyage Paris-Quiberon, je lui ai trouvé dans le ton un petit côté Robert Lamoureux… Plus loin, il traite de la force du mental, des effets négatifs produits par l’inquiétude, de l’utilité à savoir suivre ses intuitions… Ce n’est tout de même pas de la gnognote ! Car il argumente, le bougre… Entre parenthèses, il fait admirablement le chien…
Et puis, soudain, volontairement, il balance la rigueur aux orties. Il n’a ni l’envie ni le temps de parler plus longtemps du temps. C’est là qu’il nous invite à le suivre aux toilettes pour nous expliquer un caca d’école. C’est tellement précis et descriptif – et universel (univers selles ?) – qu’on est tous concernés. De toute façon, quel que soit son âge, le pipi-caca amuse beaucoup. Et là, la salle est pliée de rire…
Jean-Marie termine ensuite sur ce que je baptiserais « la saga des spermatozoïdes », une épopée truculente et picaresque que n’auraient pas désavouée Woody Allen dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander) ou Ricet Barrier dans sa fameuse chanson Les spermatozoïdes.

Voilà. N° 9 c’est du Bigard pur jus. On n’est pas volé sur la marchandise. Il suffit d’être client. Ames sensibles s’abstenir…

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