Sony Music
Tout est annoncé dans le titre de l’album… Chacun des douze
titres est « inspiré de faits réels ». Ce qui ne veut bien sûr pas
dire qu’il a vécu tout ce qu’il raconte
C’est à la fois un conteur, un chroniqueur et un croqueur.
Bruno Bénabar est un observateur et un acteur d’un quotidien qu’il trouve « vertigineux »,
un témoin de son temps. Dans cent ans, les ethnologues n’auront qu’à écouter
ses albums pour savoir comment on vivait dans la France du début du 21è siècle.
L’écriture de Bénabar est simple et directe, accessible à
tous. A ce niveau, je trouve qu’il ressemble, l’argot en moins, de plus en plus
à Renaud. Par exemple Remember Paris
m’a furieusement fait penser à It Is Not
Because You Are et, à travers la relation entre le père et son enfant, j’ai
trouvé dans Titouan un petit côté Mistral gagnant.
De toute évidence, Bénabar n’aime pas la gravité. Il préfère
les thèmes légers, les contre-pieds (Belle
journée et Coming In), les happy
end (La grande vie, Les deux chiens).
Où il est semble-t-il le plus à l’aise, c’est lorsqu’il peut teinter ses textes
d’humour (Gilles César), d’ironie et
d’autodérision (Paris By Night). Plus
inattendus sont son utilisation de la métaphore (La forêt) et de l’exercice de style (Les couleurs). Au moins, il ne reste pas confiné dans un seul mode
d’expression. Pour tout un album, c’est préférable.
On ne peut pas dire en revanche que Bénabar soit un grand compositeur.
On écoute plus ses textes que ses mélodies. Mais il a ce talent de savoir les
mettre en valeur avec les arrangements. Personnellement, je trouve que le swing
lui va parfaitement. C’est pourquoi, parmi mes chansons préférées figurent Paris By Night, Remenber Paris et Sur son
passage. Cette dernière étant à tout point de vue une belle réussite. Elle
est tellement vraie !
Gilles César,
chanson sans prétention mais maline, m’a beaucoup amusé.
On sent que Bénabar est sensible aux femmes. Il les aime,
les respecte, les comprend (Sur son
passage) et les craint parfois (Le
regard, une des plus abouties sur le plan de l’écriture)
Il s’en sort également avec brio dans Titouan, une chanson
dont l’intention n’était pas évidente à transcrire. Il y a en effet en
parallèle deux actions qui se déroulent simultanément : ce qui se passe
dans sa tête (sa rupture) et ce qu’il vit en temps réel et qui doit requérir
toute son attention, la garde de son petit garçon. En plus l’idée de la traiter
uniquement en piano-voix ajoute une authentique intensité. Beau boulot !
Voilà. Dans Inspiré de
faits réel, Bénabar a fait du… Bénabar. N’est-ce pas finalement ce qu’on
attend de lui. Ceux qui l’apprécient, vont continuer à l’apprécier. Et ceux qu’il
n’inspire guère vont continuer à l’ignorer. Mais, au moins, il ne se déjuge
pas. Il continue son petit bonhomme de chanson. Ce garçon est « inspiré »,
et ça, c’est un « fait réel »…
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