L’Archipel
17,
boulevard de Strasbourg
75010
Paris
Tel :
01 48 00 04 05
Métro :
Strasbourg Saint-Denis
One man
show écrit, mis en scène et interprété par Olivier Sauton
Présentation : Olivier Sauton, jeune homme rêvant de devenir
comédien vedette, inculte mais non sans esprit, rencontre par hasard Fabrice
Luchini, son idole.
Il lui
demande d’être son professeur. Celui-ci accepte et, à travers trois cours de
théâtre, il va surtout lui délivrer des leçons de vie, et faire découvrir au
jeune homme qu’au-delà de la gloire et des femmes, il y a l’Art.
Mon
avis : D’abord, il faut saluer la
performance d’acteur d’Olivier Sauton. Ce qu’il accomplit sous nos yeux
appartient au domaine de la haute voltige. Ce type est complètement
schizophrène ! Pour passer d’un personnage à l’autre avec autant de
rapidité, de virtuosité et de crédibilité est tout simplement ahurissant. On en
oublierait presque qu’il est seul en scène…
On l’aura
compris dans le préambule, Olivier Sauton tient à la fois son propre rôle et
s’accapare celui de Fabrice Lucchini. Lorsqu’il devient l’acteur, le mimétisme
est saisissant. La voix, la gestuelle, les mimiques, tout y est.
Mais
au-delà d’un jeu aussi réjouissant que convaincant, il faut aussi mettre en
exergue la qualité de l’écriture. Toute la partie du dialogue qui revient à
Fabrice Luchini est en tout point remarquable. Il faut entendre les analyses de
texte qu’il propose sur les fables de La Fontaine La tortue et les deux canards,
puis de La cigale et la fourmi.
C’est du nanan ! C’est brillantissime. Et il n’y a pas que ça… Il y a
aussi ses longues envolées lyriques avec ce timbre si particulier, ces
aphorismes dévastateurs, ses répliques assassines et mordantes. Ah ce chapitre
sur la connerie ! Et ces salves misogynes ! Car dans ce spectacle, on
parle certes beaucoup de littérature et de théâtre, mais aussi énormément des
femmes. Chacun à sa manière, Olivier Sauton et Fabrice Luchini sont de grands
amoureux. Ce dernier se complaît d’ailleurs à énumérer ses conquêtes.
En
résumé, ce spectacle, très complet à tout point de vue, est une sorte de conte
initiatique en hommage aux livres, aux auteurs et au théâtre. C’est de
l’amour-passion pour les mots mêlé à une profonde humilité face aux chefs
d’œuvre. Tout ceci est synthétisé dans un final en forme d’apothéose,
l’affrontement à un « Himalaya » du comédien : la dialogue entre
Alceste et Philinte dans Le
Misanthrope. On ne peut rêver de plus belle conclusion.
Olivier
Sauton ne se donne pas le beau rôle en apparaissant quasiment tout au long de
la pièce comme un individu un peu primaire, totalement aculturé, mais content
de lui et plutôt enclin à la grivoiserie. Luchini s’échine apparemment en vain
pour le tirer vers le haut et faire de lui un acteur qui comprend ce qu’il
récite. Ce n’est que tout à la fin qu’il assiste médusé (et presque jaloux) à
la métamorphose soudaine de son élève…
Gilbert "Critikator" Jouin
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