jeudi 11 septembre 2014

Georges et Georges

Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgar Quinet / Gaîté

Une comédie « conjugale » d’Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène par Steve Suissa
Décor de Stéphanie Jarre
Costumes de Pascale Bordet
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Création sonore de Maxime Richelme
Avec Davy Sardou (Georges et Georges), Alexandre Brasseur (Le docteur Galopin), Christelle Reboul (Marianne), Véronique Boulanger (La reine de Batavia), Thierry Lopez (Hercule Chochotte), Zoé Nonn (La Môme Crevette)

L’histoire : Après quelques années de vie commune, Marianne et Georges ne se supportent plus : elle regrette le Georges amoureux et naïf qu’elle rencontra, lui désire une femme plus pimentée. Grâce aux expériences du docteur Galopin, magnéto-thérapeute, ils vont chacun être mis en face de leur fantasme… Et devront le cacher à l’autre !
Le cauchemar commence…
Une comédie survoltée et hilarante, sous le signe de Georges Feydeau, où les quiproquos déclenchent surprises et fous rires. D’un appartement parisien jusqu’à l’ambassade du royaume de Batavia, les portes claquent sous la frénésie des six personnages qui s’évitent et se poursuivent.

Mon avis : Et bien, voici ma première déception de cette rentrée théâtrale 2014-2015. Et elle vient d’où je ne l’attendais pas.
J’avais effectivement hâte de découvrir cette pièce qui a débuté le 22 août. Hâte surtout de retrouver Davy Sardou dans un autre registre, celui de la comédie loufoque. Ses prestations dans L’Alouette et encore plus dans L’Affrontement m’avaient réellement emballé. L’affiche elle-même était alléchante : Eric-Emmanuel Schmitt à la plume, Steve Suissa à la mise en scène et des comédiens comme Christelle Reboul, Véronique Boulanger et Alexandre Brasseur… ça fleurait bon le succès annoncé.
Enfin, ce pitch qui nous présentait cette « comédie conjugale » comme « survoltée », « hilarante » et « frénétique », c’était une promesse de bonne soirée…


En plagiant Georges Feydeau, Eric-Emmanuel Schmitt a voulu s’exercer à la comédie de boulevard. Je crains qu’il ne se retrouve aujourd’hui plutôt dans une impasse. Il en a pris tous les ingrédients ; le rythme, des portes qui s’ouvrent et se ferment sans cesse (il y en a sept !), une abondance de quiproquos, des courses, des cris, de la confusion, de très beaux costumes… Il a tout secoué dans son shaker… Mais le cocktail qu’il nous fait déguster n’a pas le goût escompté. C’est du Canada Dry. Ça ressemble à du boulevard, c’est loufoque comme du boulevard, mais ce n’est pas du boulevard. C’est une grosse farce excessive en tout... A aucun moment, je ne me suis laissé happer par la pièce, je ne suis pas entré dedans.


Une seule chose m’a peiné et réconforté à la fois : les six comédiens n’ont absolument rien à se reprocher. Ils sont tous excellents dans les personnages qu’on leur a offerts de jouer. J’ai eu la confirmation du talent des quatre acteurs précités et j’ai découvert avec amusement la qualité de jeu de Zoé Nonn et de Thierry Lopez. Ils font tous le job avec une générosité débordante et un plaisir qui aurait dû être communicatif. Je me suis donc juste complu à apprécier leurs prestations. 
Mais ce n’est pas facile d’être un minimum crédible quand ce que l’on vous donne à interpréter est aussi outré, aussi décalé. Bien sûr, la chute de la pièce nous apporte les éléments manquants au puzzle de notre rationalité, mais c’est trop tard. Le mal est fait, et le mal court vite au théâtre (n’est-ce pas Audiberti ?). Très tôt il s’installe une sorte de déphasage entre la salle et ce qui se passe sur scène. En dépit de toute l’énergie déployée par les comédiens, les rires sont sporadiques, peu nombreux.

C’est bien une des premières fois que je sors déçu du Rive Gauche.
Maintenant, il existe sans doute un public à l’esprit moins cartésien que le mien…

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