Théâtre de la Michodière
4bis, rue de l Michodière
75002 Paris
Tel : 01 47 42 95 22
Métro : Opéra / Quatre Septembre
Une pièce de Francis Veber
Mise en scène par Agnès Boury
Décors d’Edouard Laug
Lumières de Laurent Béal
Costumes de Juliette Chanaud
Musique de François Peyrony
Avec Patrick Haudecoeur (François Pignon), José Paul (Pierre
Brochant), Grégoire Bonnet (Lucien Cheval), Patrick Zard’ (Juste Leblanc),
Florence Maury (Christine Brochant), Anne-Sophie Germanaz (Marlène Sasseur),
Stéphane Cottin (le docteur Sorbier)
L’histoire :
Chaque semaine, Pierre Brochant, grand éditeur parisien, et ses amis organisent
un dîner de cons…
Le principe est simple : chaque participant amène un
« con ». A la fin de la soirée, celui qui a dégoté le plus
spectaculaire est déclaré vainqueur. Ce soir, Brochant exulte ; il a
déniché la perle rare, un con de classe mondiale : François Pignon,
fonctionnaire au Ministère des Finances et fou de maquettes en allumettes.
Mais l’éditeur ignore que Pignon, prêt à tout pour rendre
service, est passé maître dans l’art de déclencher des catastrophes !
La rencontre entre deux destins qui n’auraient jamais dû se
croiser…
Mon avis : Ah
le con ! Mais quel con !...
Il y a belle lurette que Le
Dîner de Cons fait partie de notre patrimoine via ses différentes
adaptations au théâtre (cinq) et son film. Plusieurs générations le connaissent
quasiment par cœur… Un peu plus de vingt après sa création au Théâtre des
Variétés, la pièce de Francis Veber revient donc sur la scène de la Michodière
dans une toute nouvelle distribution. Même si on sait ce Con va voir, on y
court pour découvrir à quel niveau sur l’échelle de Richter de la Connerie va
se situer le François Pignon estampillé 2014. D’autant que Jacques Villeret,
qui a joué deux fois la pièce et le film, avait mis le curseur presque en
dehors des limites de tout contrôle technique.
Et bien Patrick Haudecoeur crée une sorte de Pignon-étalon. Un
Concentré. Il est sans Concurrence. D’ailleurs, j’ai entendu Francis Veber déclarer
dans une émission de radio que cette version de son Dîner était la plus fidèle à l’originale. Avec de tels propos venant de son créateur, Patrick
Haudecoeur hérite du statut de Con sacré. Et non pas de sacré con. Surtout pas.
Car il le joue avec une telle finesse, un tel naturel et une telle humanité qu’il
nous attendrit autant qu’il nous fait rire. Bref, ce Con plaît. Complètement.
Il est Convaincant.
Il est donc inutile de raConter l’histoire. On arrive au
théâtre de la Michodière en terrain connu. On y vient pour découvrir dans quels
abîmes de désarroi Brochant va se perdre, emporté par ce tsunami qui lui veut
du bien. Car Pignon est un Con bien, un Con-battant, un gentil Con. Il ne sait
pas quoi faire pour rendre service à son hôte (il faut bien qu’un Con serve).
Et plus il se dévoue, plus il déchaîne de catastrophes. Il devient totalement
inContrôlable… Sur le plan simplement relationnel, avec Lucien Cheval, son
collègue des Impôts, Pignon se révèle est aussi être un bon Compagnon, un
Con-pote en quelque sorte. Donc Pignon a bon fond, c’est un brave homme qui, en
plus, certes avec un temps de retard, a Conscience de ses bévues et des dégâts
qu’il cause. Il ne sait pas quoi faire pour se rattraper et il envenime encore
plus la situation.
Le Dîner de Cons
est une mécanique imparable, aux rouages parfaitement huilés. Certaines
répliques deviennent totalement inaudibles tant les spectateurs rient. La
fameuse scène de « Juste Leblanc » - un tube ! – se déroule sous
les hoquets et les étranglements. Une telle communion, c’est un bonheur.
Mais pour que le Con-texte, pour que la sauce prennent, il
faut qu’il y ait en face de l’incontrôlable Pignon un partenaire à la hauteur.
José Paul compose un Brochant inaltérable, du moins au début. Car, petit à
petit, sa suffisance va se déliter. C’est un rôle que l’on ne peut pas sur-jouer.
Il faut être sans cesse dans la justesse ; que les mimiques, les réactions
soient en permanence crédibles. Avec sa voix grave, son élégance naturelle, son
sens de la comédie, son métier, son goût pour le partage, José Paul est le
complice idéal de Patrick Haudecoeur. On connaît l’impact des duos antagonistes
dans les comédies. C’est un truc qui marche si les rôles sont parfaitement
assumés, si aucun des deux n’empiète sur le registre de l’autre. Patrick et José
forment un vrai tandem… En outre, ce ne doit pas être évident pour José Paul de
tenir toute la pièce en simulant un tour de reins et, surtout, on se demande
comment il fait pour ne pas éclater de rire devant les facéties inénarrables de
son partenaire.
Autour de ce duo, les autres comédiens tirent leur épingle
du jeu. Mention particulière toutefois pour la composition de Grégoire Bonnet
dans le rôle de Lucien Cheval. Son attitude lorsqu’il apprend son infortune fait
hurler la salle de rire.
Cette pièce est logiquement partie pour durer un bon moment.
C’est tout le bonheur qu’on leur souhaite. Après tout, lors d’un Dîner, il est logique que les Cons
vivent…
Gilbert « Critikator » Jouin
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