La Pépinière Théâtre
7, rue Louis le Grand
75002 Paris
Tel : 01 42 61 44 16
Métro : Opéra
Une pièce de Michèle Lowe
Mise en scène par Sally Micaleff
Scénographie de Laura Léonard
Lumières de Jean-Philippe Viguié
Costumes d’Ariane Viallet
Avec Pascale Arbillot (Debra), Anne Charrier (Molly),
Valérie Karsenti (Nicky), Philippe Carion, Pierre-Alain Leleu, Philippe Peyran
Lacroix (les maris)
L’histoire :
Le mari de Nicky est accusé de détournement d’argent, le mari de Molly la
flique continuellement, le mari de Debra la quitte pour une autre femme plus
riche… Quand les trois hommes, par inadvertance, se retrouvent enfermés dans la
chambre froide au sous-sol, les trois femmes ont une décision à prendre…
Si vous aviez la possibilité de tuer votre mari, le
feriez-vous ?
Mon avis :
Voici une pièce jubilatoire à souhait. Acide, amusante, inquiétante, amorale,
instructive… C’est une pièce écrite par une femme, mise en scène par une femme
avec, en permanence sur la scène, trois femmes qui parlent de leurs problèmes
de femmes.
L’action – et il y en
a ! – se déroule en toute logique dans l’endroit dédié aux femmes :
la cuisine (je me venge comme je peux). Nicky, vient de servir le repas aux
trois maris, installés dans le salon attenant. On n’entend que leurs voix. Ils
ont l’air de bien s’amuser ; la plupart du temps au détriment de leurs
épouses.
L’avantage, c’est que les trois jeunes femmes peuvent se parler
en toute tranquillité. Depuis dix-huit ans, maris et femmes ont formé une bande
qui se réunit une fois par semaine. Nicky, Debra et Molly sont donc de très
bonnes amies. N’ayant quasiment aucun secret l’une pour l’autre, elles peuvent
se dire les choses librement.
Dès le début de la pièce, on sent que la crise couve. Chacune
d’elles a un grief à l’encontre de son conjoint. Mais la profondeur de leur ressentiment
n’en est pas au même niveau. Nicky, très remontée contre son escroc de mari,
souhaite ouvertement le voir disparaître de son univers. Sa détermination et
ses arguments imparables tendent à fédérer ses deux copines. Si Molly adhère
assez rapidement, Debra fait de la résistance. Pour le spectateur, c’est un
régal que de suivre l’évolution mentale de nos trois héroïnes.
Chambre froide est
un vrai suspense. Il est divisé assez nettement en deux parties. Dans la
première, tant que les maris se trouvent dans le salon, Nicky joue au
procureur, Debra à l’avocate de la défense, et Molly à la partie civile… Mais
lorsque les trois hommes se retrouvent bêtement prisonniers de la fameuse
chambre froide, le rythme s’accélère brutalement, les cris s’intensifient, la
tension approche de son point culminant.
Et nous, dans la salle, on se demande bien comment tout cela
va se terminer… Happy end, ou pas happy end ?... Vous le saurez en vous
rendant à la Pépinière Théâtre.
Chambre froide, c’est trois superbes portraits de femmes. Machos indécrottables, s’abstenir… L’auteure s’est attachée à brosser trois caractères très différents, très affirmés. Pour des comédiennes, ce doit être un grand bonheur que de s’approprier des personnages aussi forts.
Nicky (Valérie Karsenti), c’est la femme forte, la femme de
tête au caractère bien trempé. Dotée d’un cynisme que l’on pourrait qualifier
de « masculin », son dégoût de son mari l’a totalement radicalisée…
Molly (Anne Charrier), est à la fois candide et maligne. Elle a gardé une
espèce d’insouciance juvénile qui l’amène à positiver et la pousse à la
tolérance. C’est une bonne vivante qui mène tranquillement son petit « bonne-femme »
de chemin… Debra (Pascale Arbillot), c’est l’opposé de Nicky. Psychorigide, elle
veut se convaincre d’être encore amoureuse, elle ne supporte aucune
compromission.
Leur opposition, à une contre une, à deux contre une, est
absolument passionnante. Elles vont nous tenir ainsi en haleine jusqu’à la fin.
Pascale Arbillot, Anne Charrier et Valérie Karsenti s’en
donnent à corps et à cœur joie. Elles ne s’économisent pas une seconde. Elles
sont à fond dans leur personnage. Elles nous offrent un grand moment de
comédie.
Au-delà de la simple comédie, quelques messages sont
savamment disséminés tout au long de la pièce et peuvent donner à réfléchir sur
la condition de la femme. Les thèmes essentiels de la vie de couple y sont
abordés. Et on ne peut pas dire que les hommes y ont le beau rôle. Ceratis,
mauvais joueurs, vont sans doute trouver les propos de Michèle Lowe, l’auteure,
trop manichéens. C’est vrai, ici, les femmes sont les gentilles et les hommes
sont les méchants.
Mais est-ce éloigné tant que ça de la vie réelle ? C’est
à chacun d’apprécier, voire de se remettre en cause…
Gilbert "Critikator" Jouin
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