La seule chose qui m’ait intriguée dans le nouvel album de
Calogero, c’est son titre, Les Feux
d’artifice.
Le seul parallèle que j’ai trouvé avec les engins
pyrotechniques qui fusent vers le ciel, c’est que cet opus est vraiment très
aérien. Le son, le climat, la voix, tout contribue à nous emmener très haut.
Pour continuer dans la métaphore du « feu », ce n’est
pas une œuvre qui éclate. Au contraire, c’est un feu doux, un feu qui lèche,
qui réchauffe le cœur et, parfois, embrase l’âme. Ses flammes empruntent toutes
les nuances du rouge. Du rose pâle du Portrait » au rouge sang de Un jour au mauvais endroit, en passant
par le rose pastel de Avant toi.
Sinon, c’est un album dénué de tout « artifice »,
de toute fioriture. Calogero et le réalisateur-arrangeur Alan O’Connell ont
gommé tout superflu pour n’aller qu’à l’essentiel avec un seul souci en tête :
un esthétisme pur.
Le seul mot qui me vienne à l’esprit pour qualifier Les Feux d’artifice, c’est « efficace ».
Cet album est efficace dans tous les domaines : les mélodies, les couleurs
musicales, les paroles et, bien sûr, la voix…
J’ai rencontré et interviewé Calogero pour la première fois
en… mai 90. Il n’avait pas encore 19 ans, il s’appelait encore Charly, il était
le chanteur des Charts. Il portait alors de longs cheveux bouclés qui lui
donnaient une allure angélique, romantique. Vingt-quatre ans plus tard, il a un
peu perdu au niveau de la coiffure, mais il a gardé et dans son attitude et
dans sa voix quelque chose de divinement céleste.
Habituellement, je m’efforce de dresser un classement des
chansons dans un ordre préférentiel. Ici, ça m’a été totalement impossible. En
plus, ces Feux d’artifice ne se
terminent pas en bouquet final. C’est un bouquet du début à la fin.
J’ai beaucoup aimé l’écriture de chaque chanson. A chaque
fois, c’est une écriture simple,
directe, imagée. On n’a pas besoin de réfléchir, les paroles
vont droit au cœur. Car, à chaque fois, il y a du sens. Même si, personnellement,
j’ai un faible pour Le Portrait, une
chanson tendre, mélancolique et formellement belle, les onze autres titres m’ont
plu et intéressé. Un jour au mauvais
endroit, inspirée d’un fait divers survenu dans le village isérois natal de
Calogero, Echirolles, est une chanson sensible et citoyenne, une chanson utile.
Tout aussi utile est J’ai le droit aussi,
magnifique ode à la tolérance et au droit à la différence.
Calogero, par auteur(e) interposés, évoque également l’évolution
de la société dans notre vie de tous les jours dans Le monde moderne, avec pour thème principal les familles
recomposées et la priorité qui doit être donnée aux enfants. C’est en homme
concerné qu’il aborde ce sujet. Ici, l’écriture féminine de Marie Bastide
apporte ce qu’il faut de douceur lucide.
J’ai aussi particulièrement apprécié, et avec beaucoup d’amusement, la chanson Conduire en Angleterre. Il y a tout ce que j’aime dans ce titre résolument british : une mélodie beatleisante, une bonne dose d’humour et d’autodérision, un arrangement original (grosse présence de la basse). C’est une chanson rebelle en hommage aux gauchers. J’ai aimé le jeu de mot avec les deux sens de « manche », le Channel et le manche de guitare, et l’abondance de rimes en « air » qui le rendent encore plus aérien. Bref, c’est une chanson adroite…
Il ne faudrait pas non plus occulter ces deux chansons d’amour
que sont Avant toi et Elle me manque déjà. Placées ainsi à la
suite l’une de l’autre, on a l’impression que la seconde développe la
précédente. C’est très intelligent. Elles vont beaucoup, beaucoup plaire aux
dames et aux demoiselles.
Et je terminerai par ce petit bijou qu’est La boîte à musique, un éloge de la danse
classique. A travers le climat, la légèreté de la mélodie qui colle
parfaitement au texte, la précision des mots, on VOIT les images. On la voit
cette danseuse. Et puis, même les « la, la, la » sont magnifiques…
Voilà, tout ça pour dire que j’ai absolument a-do-ré ce
nouvel album de Calogero. Grand artiste, beau chanteur, excellent mélodiste et
remarquable musicien et, ça apparaît en filigrane tout au long de ces douze
chansons, un homme concerné et engagé, un témoin de son temps. Une belle âme, quoi…
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