Un film de Fabien
Onteniente
Scénario, adaptation et dialogues
de Franck Dubosc et Fabien Onteniente
Musique originale de Jean-Yves
d’Angelo
Chanson originale de Maître Gims
Avec Franck Dubosc (Patrick
Chirac), Claude Brasseur (Jacky Pic), Mylène Demongeot (Laurette Pic), Antoine
Duléry (Paulo Gatineau), Gérard Jugnot (Charmillard), Michèle Laroque
(Anne-So), Leslie Medina (Morgane), Louka Méliava (Benji), Jules Ritmanic
(José), Cyril Mendy (Robert), Philippe Lellouche (Carello), Laurent Olmedo (le
37), Cristiana Réali, Michel Crémadès, Sophie Mounicot, Bernard Montiel…
Synopsis : Comme chaque été, au camping des Flots Bleus, se
retrouvent se retrouvent pour les vacances nos amis, les Pic, Jacky et
Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac,
fidèle à ses habitudes. Cette année, Patrick a décidé de tester le covoiturage…
Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes
Dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande
gueule. Bien évidemment, après le covoiturage, Patrick se voit contraint de
tester le co-couchage…
Mon avis : « Alors, on n’attend pas
Patrick ? »… Et bien, si, il faut l’attendre le Patrick, du moins
jusqu’au 29 juin. A compter de cette date, il n’y aura que du plaisir à prendre
en découvrant ses nouvelles vacances au Camping des Flots Bleus.
Pourtant, Patrick n’est pas
toujours où l’on l’attend. Si Camping 3
est une comédie totalement réussie, Franck Dubosc et Fabien Onteniente, ses
auteurs, se sont aventurés cette fois dans des zones qu’ils n’avaient pas
explorées dans les deux précédents volets. Je m’explique : si on rit
énormément, nous ne sommes pas que dans la gaudriole à tout prix. Franck et
Fabien ont saupoudré leur scénario de petites touches qui le rendent plus
sensible, plus humain. Cette fois, il faut savoir lire entre les lignes. Les personnages
sont moins linéaires.
Photo Alain Guizard |
Au camping, Patrick Chirac
EXISTE. On fait attention à lui, il fait partie d’une communauté, il a ses
repères. Mais on comprend aussi que, pendant les onze autres mois de l’année, c’est
pour lui la galère. Il est au chômage, il a des relations quasi inexistantes
avec sa fille et, sentimentalement, c’est le désert. Raison pour laquelle il a
une besoin viscéral de se replonger dans l’ambiance du camping pour essayer d’y
recharger ses accus. S’il souffre, il ne le montre pas. Il a une forme d’élégance
à ne jamais se plaindre. Au contraire, il se tourne vers les autres. Il veut
aider et partager. A défaut d’amour, il refait le plein d’amitié. Patrick est
aussi drôle qu’il est touchant. C’est un tendre. Sa forfanterie n’est qu’un jeu
qui lui permet de créer un personnage qu’il n’est pas dans la réalité. Ce qui
lui fait le plus peur, c’est la solitude. Alors il en fait des caisses pour se
muer en chef de bande, pour être pris en considération. Il le fait sans calcul.
Patrick Chirac est quelqu’un de
fondamentalement naïf et bienveillant. C’est pour ça qu’on l’aime. Sa fragilité
nous rassure. C’est un antihéros.
Maintenant, parlons du film
lui-même. Du positif d’abord. Les dialogues sont réussis, riches qu’ils sont en
saillies, formules et répliques percutantes. Franck Dubosc et, à un degré
moindre, Antoine Duléry, n’ont aucun problème avec le ridicule. Il faut oser
les porter encore aujourd’hui ces slips de bain tout en affichant une certaine
bedaine et arborer des t-shirts improbables. Ces accoutrements donnent de la
couleur au film et situent nos personnages. Je dois avouer que j’ai été bien
bluffé par la partition de Claude Brasseur. Pendant la moitié du film, j’ai été
agacé par le peu de crédibilité qu’il dégageait. En fait, son comportement, que
je trouvais outré, est bien plus tordu et malin qu’il le laissait accroire. Et
puis, je défie quiconque de ne pas avoir de nœuds dans la gorge lors de la
scène que Jacky Pic nous offre au bal en s’adressant à sa Laurette. Trente
secondes d’émotion pure !
Dans ce même registre émotionnel,
j’ai également été très touché par le personnage de Cristiana Réali et le joli
moment que sa rencontre avec Antoine Duléry nous offre. Et ému aussi par la
composition humoristico-pathétique de Sophie Mounicot.
Philippe Lellouche, dans le rôle
du nouveau directeur des Flots Bleux, américanisé à outrance, nous offre une
prestation réellement pittoresque… J’ai apprécié aussi que ce film traite
aussi, à sa façon, du conflit des générations, des différences sociales (quand
la banlieue représentée par Benji, José et Robert déboule chez les nantis
personnalisés par Gérard Jugnot et Michèle Laroque), des préférences sexuelles
(les doutes qui assaillent Paulo Gatineau sont traités avec beaucoup de finesse
et de tolérance).
En revanche, j’ai trouvé la scène
avec Kevin, le pseudo copain des trois lascars, vraiment trop caricaturale ;
en tout cas, exagérée, trop agressive, pas naturelle du tout. Et puis je n’ai
pas été emballé par les séquences qui se passent chez Charmillard/Jugnot. Trop
dans le cliché, trop prévisibles, ce qui leur donnait un aspect de déjà vu.
En conclusion, Camping 3 est un excellent millésime. Il
Franck Dubosc y est « aimable » dans le sens premier du terme. Moins
tourné vers lui-même, on le voit heureux du bonheur des autres. Je crois que ce
qui résume le mieux ce troisième volet, tout autant que sa grande drôlerie, c’est
la profonde humanité qui s’en dégage.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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