lundi 27 juin 2016

Camping 3

Un film de Fabien Onteniente
Scénario, adaptation et dialogues de Franck Dubosc et Fabien Onteniente
Musique originale de Jean-Yves d’Angelo
Chanson originale de Maître Gims

Avec Franck Dubosc (Patrick Chirac), Claude Brasseur (Jacky Pic), Mylène Demongeot (Laurette Pic), Antoine Duléry (Paulo Gatineau), Gérard Jugnot (Charmillard), Michèle Laroque (Anne-So), Leslie Medina (Morgane), Louka Méliava (Benji), Jules Ritmanic (José), Cyril Mendy (Robert), Philippe Lellouche (Carello), Laurent Olmedo (le 37), Cristiana Réali, Michel Crémadès, Sophie Mounicot, Bernard Montiel…

Synopsis : Comme chaque été, au camping des Flots Bleus, se retrouvent se retrouvent pour les vacances nos amis, les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac, fidèle à ses habitudes. Cette année, Patrick a décidé de tester le covoiturage… Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes Dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande gueule. Bien évidemment, après le covoiturage, Patrick se voit contraint de tester le co-couchage…

Mon avis : « Alors, on n’attend pas Patrick ? »… Et bien, si, il faut l’attendre le Patrick, du moins jusqu’au 29 juin. A compter de cette date, il n’y aura que du plaisir à prendre en découvrant ses nouvelles vacances au Camping des Flots Bleus.
Pourtant, Patrick n’est pas toujours où l’on l’attend. Si Camping 3 est une comédie totalement réussie, Franck Dubosc et Fabien Onteniente, ses auteurs, se sont aventurés cette fois dans des zones qu’ils n’avaient pas explorées dans les deux précédents volets. Je m’explique : si on rit énormément, nous ne sommes pas que dans la gaudriole à tout prix. Franck et Fabien ont saupoudré leur scénario de petites touches qui le rendent plus sensible, plus humain. Cette fois, il faut savoir lire entre les lignes. Les personnages sont moins linéaires.

Photo Alain Guizard
Au camping, Patrick Chirac EXISTE. On fait attention à lui, il fait partie d’une communauté, il a ses repères. Mais on comprend aussi que, pendant les onze autres mois de l’année, c’est pour lui la galère. Il est au chômage, il a des relations quasi inexistantes avec sa fille et, sentimentalement, c’est le désert. Raison pour laquelle il a une besoin viscéral de se replonger dans l’ambiance du camping pour essayer d’y recharger ses accus. S’il souffre, il ne le montre pas. Il a une forme d’élégance à ne jamais se plaindre. Au contraire, il se tourne vers les autres. Il veut aider et partager. A défaut d’amour, il refait le plein d’amitié. Patrick est aussi drôle qu’il est touchant. C’est un tendre. Sa forfanterie n’est qu’un jeu qui lui permet de créer un personnage qu’il n’est pas dans la réalité. Ce qui lui fait le plus peur, c’est la solitude. Alors il en fait des caisses pour se muer en chef de bande, pour être pris en considération. Il le fait sans calcul.
Patrick Chirac est quelqu’un de fondamentalement naïf et bienveillant. C’est pour ça qu’on l’aime. Sa fragilité nous rassure. C’est un antihéros.


Maintenant, parlons du film lui-même. Du positif d’abord. Les dialogues sont réussis, riches qu’ils sont en saillies, formules et répliques percutantes. Franck Dubosc et, à un degré moindre, Antoine Duléry, n’ont aucun problème avec le ridicule. Il faut oser les porter encore aujourd’hui ces slips de bain tout en affichant une certaine bedaine et arborer des t-shirts improbables. Ces accoutrements donnent de la couleur au film et situent nos personnages. Je dois avouer que j’ai été bien bluffé par la partition de Claude Brasseur. Pendant la moitié du film, j’ai été agacé par le peu de crédibilité qu’il dégageait. En fait, son comportement, que je trouvais outré, est bien plus tordu et malin qu’il le laissait accroire. Et puis, je défie quiconque de ne pas avoir de nœuds dans la gorge lors de la scène que Jacky Pic nous offre au bal en s’adressant à sa Laurette. Trente secondes d’émotion pure !
Dans ce même registre émotionnel, j’ai également été très touché par le personnage de Cristiana Réali et le joli moment que sa rencontre avec Antoine Duléry nous offre. Et ému aussi par la composition humoristico-pathétique de Sophie Mounicot.


Philippe Lellouche, dans le rôle du nouveau directeur des Flots Bleux, américanisé à outrance, nous offre une prestation réellement pittoresque… J’ai apprécié aussi que ce film traite aussi, à sa façon, du conflit des générations, des différences sociales (quand la banlieue représentée par Benji, José et Robert déboule chez les nantis personnalisés par Gérard Jugnot et Michèle Laroque), des préférences sexuelles (les doutes qui assaillent Paulo Gatineau sont traités avec beaucoup de finesse et de tolérance).


En revanche, j’ai trouvé la scène avec Kevin, le pseudo copain des trois lascars, vraiment trop caricaturale ; en tout cas, exagérée, trop agressive, pas naturelle du tout. Et puis je n’ai pas été emballé par les séquences qui se passent chez Charmillard/Jugnot. Trop dans le cliché, trop prévisibles, ce qui leur donnait un aspect de déjà vu.

En conclusion, Camping 3 est un excellent millésime. Il Franck Dubosc y est « aimable » dans le sens premier du terme. Moins tourné vers lui-même, on le voit heureux du bonheur des autres. Je crois que ce qui résume le mieux ce troisième volet, tout autant que sa grande drôlerie, c’est la profonde humanité qui s’en dégage.


Gilbert « Critikator » Jouin

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