jeudi 2 juin 2016

Le Rouge et le Noir

Le Palace
8, rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
Tel : 01 40 22 60 00
Métro : Grands Boulevards

Opéra rock d’après l’œuvre de Stendhal
Adaptation d’Alexandre Bonstein
Mise en scène de François Chouquet et Laurent Seroussi
Direction artistiques et textes des chansons de Vincent Baguian
Co-auteur des chansons : Zazie
Musiques de Sorel et William Rousseau
Directeur de casting : Bruno Berbérès
Costumes de Frédéric Olivier
Maquillages de Carmen Arbues
Coiffures d’Audrey Borca et Raphaël Perrier

Avec Côme (Julien Sorel), Haylen (Louise de Rênal), Julie Fournier (Mathilde de la Mole), Yoann Launay (Géronimo), Patrice Maktav (Monsieur Valenod), Michel Lerousseau (le Marquis de la Mole), Cynthia Tolleron (Elisa), Elsa Pérusin (Madame Valenod), Philippe Escande (Monsieur de Rênal)

A partir du 29 septembre


Quatre mois avant le coup d’envoi, Albert Cohen nous a ouvert les portes du Palace pour nous présenter quelques extraits de l’opéra rock qu’il produit, Le Rouge et le Noir.
Après avoir assisté à ce showcase, j’ai estimé que cette célèbre salle de spectacle du Faubourg Montmartre constituait l’écrin idéal pour ce spectacle car ils ont en commun le raffinement. En effet, l’ouvrage de Stendhal, romantique à souhait, a besoin d’une certaine proximité et de beaucoup d’intimité. Les grands sentiments ne peuvent bien s’exprimer que dans des espaces relativement concentrés. Le spectateur doit pouvoir les lire sur les visages des comédiens. Conclusion : le Palace est l’endroit idéal pour suivre et vivre au mieux les péripéties amoureuses de Julien Sorel.


Julien Sorel… Ah, Julien Sorel ! Stendhal lui-même aurait incontestablement adoubé Côme pour tenir le rôle de son héros. Le jeune homme personnifie le romantisme. Avec son mélange de douceur et d’ardeur, son feu intérieur, son charisme, son élégance naturelle, il est tout à fait crédible que ces dames se pâment pour lui. Comme on les comprend ! Comme on excuse leur faiblesse !
Côme a en outre ceci de particulier qu’il synthétise à lui seul l’image du dandy du 19ème siècle façon Rastignac et de la rock star des Seventies avec son look à la Jim Morrison. Adapter Le Rouge et le Noir autour d’un personnage central aussi fort et aussi évident, devenait ainsi chose simple. Dans ce roman tous les sentiments de l’âme humaine sont exacerbés : ambition, amour, passion, jalousie, trahison… Sa trame et sa fin appartiennent carrément à la tragédie grecque.

Les femmes, évidemment, sont prépondérantes dans cette histoire. A l’instar de Côme, dès qu’on les voit jouer la comédie et qu’on les entend chanter, leur choix devient une évidence. Haylen, Julie Fournier, Cynthia Tolleron et Elsa Pérusin sont toutes des « right persons in the right place ». Elles ont des personnalités très marquées et chacune dans son propre registre possède une jolie partition à interpréter.
A mon avis, l’artiste qui va très vite accéder au statut de deuxième star au côté de Côme va être Yoann Launay. Ce garçon que j’avais déjà tant apprécié lors de ses prestations dans The Voice va être la grande révélation, le chouchou du public. Son aisance, son naturel, son intelligence de jeu et son humour représentent un des meilleurs atouts de ce casting.

Dans le rôle du « méchant », du machiavélique Monsieur Valenod, Patrice Maktav devrait s’en donner à cœur joie. Ce garçon, que je suis depuis la Star Academy et que j’ai vu successivement dans Mozart et Mistinguett possède un grand talent de comédien… Michel Lerousseau (le Marquis de la Mole) a suivi lui aussi des cours d’art dramatique. Il est très complet. Je l’avais repéré dans Sunderland et je l’ai revu dans Un violon sur le toit et dans Les aventures de Rabbi Jacob. Il va impressionner dans ce rôle complexe où il doit se monter aussi tendre qu’il peut être autoritaire et glaçant… Autre comédien émérite, Philippe Escande, que j’ai découvert en Louis XVI dans 1789, puis retrouvé avec plaisir dans Mistinguett, va savoir donner au personnage de Monsieur de Rênal toute l’épaisseur qu’il exige.

Cette distribution haut de gamme va en outre être servie par la qualité de chansons aux textes ciselés par deux véritables artisans, Vincent Baguian et Zazie. Il suffit d’entendre le premier extrait, La Gloire à mes genoux, pour être convaincu. La première fois que j’ai entendu ce titre à la radio, j’ai été scotché. C’est une très, très belle chanson.
Tous les auspices sont favorables pour que tous les gens épris de romantisme et de ces histoires d’amour qui finissent mal (en général) et ici en particulier, partagent un merveilleux moment de comédie et de musique dans ce superbe écrin qu’est le Palace.


Gilbert « Critikator » Jouin

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