Keeba Music Productions / Fiver Productions
Phil Barney n’est pas un artiste très prolifique. En une
trentaine d’années, il n’a sorti que sept albums. C’est donc avec beaucoup de
curiosité que je me suis penché sur son septième opus, Au fil de l’eau (Au Phil de l’eau ?)…
Phil est un artisan, un confectionneur de chansons. Il
aborde et évoque des thèmes simples et universels. Ses sujets de prédilection
sont l’amour (sous toutes ses formes, les rêves et le voyage. Il se dégage
toujours de lui une profonde humanité avec, assez souvent, une touche de mélancolie.
Cet album est remarquablement réalisé. Il offre une palette
infiniment riche en couleurs rythmiques avec une utilisation subtile d’instruments
additionnels qui apportent à chaque titre son empreinte musicale… Sur le plan
de l’écriture, il utilise des mots de tous les jours, des mots qui sonnent bien
à l’oreille, tout en jouant avec les allitérations et en l’agrémentant de
jolies images.
Arrangements soignés, voix veloutée et textes travaillés,
cela donne un album efficace et varié.
Ma chanson préférée, c’est celle qui a donné son titre à l’album,
Au fil de l’eau. D’abord parce que c’est
un reggae (superbes chœurs), puis pour ce qu’elle raconte et le message qu’elle
contient. C’est l’histoire de l’enfant qui grandit, qui va prendre son envol et
sa destinée en main. C’est le moment propice pour transmettre, pour essayer de
l’aider en s’appuyant sur sa propre expérience. Belle leçon de vie…
Ensuite, toujours aussi subjectivement, j’aime beaucoup Vivre avec elle, une émouvante et
convaincante déclaration d’amour à la musique… J’ai été très sensible à Prenez ma vie, la chanson qui clôt cet
album. C’est douloureux, sombrement réaliste, carrément sacrificiel. Le piano
est magnifique, solidaire de ce climat poignant. Aux trois-quarts, ce titre
devient quasiment symphonique avec des cordes qui viennent discrètement
rejoindre le piano. Quelle ambiance et quelle interprétation véritablement
habitée.
On n’est plus personne,
qui commence par une agréable guitare espagnolisante, évoque l’érosion du temps
au sein du couple. C’est bien analysé, bien écrit, bien traduit… Dans nos bras est également parfaitement
réussi. C’est un titre qui balance bien, au refrain efficace. C’est une autre
déclaration d’amour (peut-être pas partagé), mais à une femme cette fois, qui
se distingue par son gros travail sur les sonorités…
Le reggae doux de Tous
mes regards, habille joliment cette histoire d’amour exclusif. C’est très
agréable à écouter…
Sinon, j’ai bien aimé aussi la voix de tête, la qualité du
texte et le côté aérien de Comme un ange ;
le message de tolérance de Fleur du désert ;
l’ambiance festive, tonique et dansante de Oyé
Salsa ; la douce nostalgie des Jours
heureux ; la profession de foi humble et sincère de Rien qu’un homme
(quelle partie de basse !) ; la tendresse de Princess Jade avec son clin d’œil subtil à Un enfant de toi alors qu’il s’agit là d’adoption.
Au fil de l’eau est un album qui doit s’écouter plusieurs
fois pour en saisir la variété et le raffinement des arrangements. Et puis,
tout ce que raconte Phil Barney nous va droit au cœur car il ne parle que de
thèmes et de situations que nous connaissons, que nous vivons ou que nous
pourrions tous être amenés à vivre. C’est de la belle et bonne chanson
française.
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