lundi 18 mai 2015

Phil Barney "Au fil de l'eau"

Keeba Music Productions / Fiver Productions


 J’ai toujours aimé la voix de Phil Barney, ce léger voile et cette douceur qui lui sont propres et qui permettent de l’identifier immédiatement. Et puis, j’apprécie également l’homme… Sa culture musicale, ses premières influences, elles viennent de la musique funk, du rhythm’n’blues puis du rap. Musicien autodidacte, touche-à-tout (programmateur radio, DJ, animateur à la télé, et même acteur), il a connu de multiples collaborations avant de se lancer dans une carrière solo. Il a déjà 30 ans quand il connaît son premier grand succès, et quel succès ! Il s’agit en effet de Un enfant de toi, dont il vendra 1,5 millions d’exemplaires en quinze ans.

Phil Barney n’est pas un artiste très prolifique. En une trentaine d’années, il n’a sorti que sept albums. C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis penché sur son septième opus, Au fil de l’eau (Au Phil de l’eau ?)…
Phil est un artisan, un confectionneur de chansons. Il aborde et évoque des thèmes simples et universels. Ses sujets de prédilection sont l’amour (sous toutes ses formes, les rêves et le voyage. Il se dégage toujours de lui une profonde humanité avec, assez souvent, une touche de mélancolie.
Cet album est remarquablement réalisé. Il offre une palette infiniment riche en couleurs rythmiques avec une utilisation subtile d’instruments additionnels qui apportent à chaque titre son empreinte musicale… Sur le plan de l’écriture, il utilise des mots de tous les jours, des mots qui sonnent bien à l’oreille, tout en jouant avec les allitérations et en l’agrémentant de jolies images.


Arrangements soignés, voix veloutée et textes travaillés, cela donne un album efficace et varié.
Ma chanson préférée, c’est celle qui a donné son titre à l’album, Au fil de l’eau. D’abord parce que c’est un reggae (superbes chœurs), puis pour ce qu’elle raconte et le message qu’elle contient. C’est l’histoire de l’enfant qui grandit, qui va prendre son envol et sa destinée en main. C’est le moment propice pour transmettre, pour essayer de l’aider en s’appuyant sur sa propre expérience. Belle leçon de vie…
Ensuite, toujours aussi subjectivement, j’aime beaucoup Vivre avec elle, une émouvante et convaincante déclaration d’amour à la musique… J’ai été très sensible à Prenez ma vie, la chanson qui clôt cet album. C’est douloureux, sombrement réaliste, carrément sacrificiel. Le piano est magnifique, solidaire de ce climat poignant. Aux trois-quarts, ce titre devient quasiment symphonique avec des cordes qui viennent discrètement rejoindre le piano. Quelle ambiance et quelle interprétation véritablement habitée.


On n’est plus personne, qui commence par une agréable guitare espagnolisante, évoque l’érosion du temps au sein du couple. C’est bien analysé, bien écrit, bien traduit… Dans nos bras est également parfaitement réussi. C’est un titre qui balance bien, au refrain efficace. C’est une autre déclaration d’amour (peut-être pas partagé), mais à une femme cette fois, qui se distingue par son gros travail sur les sonorités…
Le reggae doux de Tous mes regards, habille joliment cette histoire d’amour exclusif. C’est très agréable à écouter…
Sinon, j’ai bien aimé aussi la voix de tête, la qualité du texte et le côté aérien de Comme un ange ; le message de tolérance de Fleur du désert ; l’ambiance festive, tonique et dansante de Oyé Salsa ; la douce nostalgie des Jours heureux ; la profession de foi humble et sincère de Rien qu’un homme (quelle partie de basse !) ; la tendresse de Princess Jade avec son clin d’œil subtil à Un enfant de toi alors qu’il s’agit là d’adoption.


Au fil de l’eau est un album qui doit s’écouter plusieurs fois pour en saisir la variété et le raffinement des arrangements. Et puis, tout ce que raconte Phil Barney nous va droit au cœur car il ne parle que de thèmes et de situations que nous connaissons, que nous vivons ou que nous pourrions tous être amenés à vivre. C’est de la belle et bonne chanson française.

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