Ecrit par Alex Lutz avec la collaboration de Tom Dingler et
Bruno Sanches
Musique de Vincent Blanchard et Romain Greffe
Avec Alex Lutz (Alexandre Ludon), Bruno Sanches (Jeff
Cortes), Tom Dingler (Thibaut Redinger), Anne Marivin (Carole ), Audrey Lamy
(Cécile), Julia Platon (Helen), Sylvie Testud (Stéphane Brunge) et avec la
participation de Jeanne Moreau…
Sortie le 6 mai 2015
Synopsis :
Alex et Jeff, collègues de bureau dans une multinationale, sont aussi les
meilleurs amis du monde depuis le lycée. Avec leurs femmes respectives, ils
forment ensemble presque une famille qui se fraye un chemin dans la vie,
tranquillement, doucement, sans grande ambition. Pourtant, l’arrivée de
Thibaut, conférencier et spécialiste en développement personnel, ne va pas
tarder à mettre à mal leur équilibre pépère. Et pour cause, Thibaut est un ami
d’enfance d’Alex. A l’époque, ces deux là, super complexées et toujours mis à l’écart
dans la cour de l’école, s’étaient promis de réussir leur vie, coûte que coûte.
Aujourd’hui, le beau et brillant Thibaut semble avoir tenu sa promesse. Il
pousse Alex à réaliser ses rêves au risque de perdre l’amitié de Jeff…
Mon avis : Fan de la première heure d’Alex Lutz, j’étais
sincèrement avide de découvrir de quelle manière il allait projeter son univers
déjanté sur grand écran, un exercice qui n’a rien à voir avec le seul en scène.
Et bien, je dois avouer qu’il m’a fait très peur l’Alex. Les
vingt premières minutes de son film me voyaient m’agiter sur mon siège avec une
envie grandissante de quitter la salle. Les regards inquiets que j’échangeais
avec ma voisine ne faisaient que confirmer mon malaise… Je comprenais
parfaitement que cette introduction avait pour utilité de nous faire faire
connaissance avec les sept principaux protagonistes de l’histoire, mais c’était
trop gentillet, trop superficiel et, surtout d’un humour trop potache. Nous
sommes confrontés à des grands gamins immatures qui subissent avec insouciance
toutes les nuisances du quotidien, de la routine et le stress de la vie
parisienne. Alex et Jeff sont sympathiques, leurs compagnes sont très complices
avec eux, mais tout cela manque de consistance. Nous sommes dans l’écume et les
blagounettes peinent à nous étirer un léger sourire. On commence à se dire que
le costume de réalisateur est encore un peu trop large pour le sieur Lutz.
Et puis, soudain, un deuxième film commence à prendre forme.
On se recale dans le fauteuil et notre intérêt pour la suite de l’histoire ne
fait que croître. En fait, débarrassés de toutes les scories liminaires, les
personnages prennent peu à peu de l’épaisseur et le film son essor… Enfin, Fiat
Lutz !
Pour faire simple, Alex se révèle bien meilleur lorsqu’il s’agit
de faire sourdre l’émotion. Les comédiens dévoilent une toute autre palette de
jeu. On prend dès lors part à leurs malheurs, à leurs affres, à leur fragilité.
On est vraiment touché car, alors seulement, ils deviennent comme nous. Ils n’ont
plus des comportements de sales gosses irresponsables, mais ils sont confrontés
à de vrais problèmes existentiels.
J’ai donc vu deux films en un. Heureusement, la meilleure partie dure plus longtemps que la plus inconsistante, si bien que l’on quitte la salle avec un bilan dans l’ensemble positif. Le charme du Talent de mes amis, c’est qu’il concentre toutes les faiblesses d’un premier film. Il est si plein de naïveté qu’on ne peut que se montrer indulgent.
Et puis, surtout, il est réellement sauvé par la qualité des
comédiens. Ils sont tous vraiment bons. J’avais vu plusieurs fois Alex Lutz sur
scène, j’avais découvert et apprécié Bruno Sanches au théâtre dans André le Magnifique, Dernier coup de ciseaux
et Ladies Night et je suis
régulièrement leur ineffable duo de Catherine
et Liliane, ils m’ont aisément confirmé tout le bien que je pensais d’eux.
En revanche, la belle surprise est venue de Tom Dingler, vraiment épatant dans
le rôle complexe de Thibaut. Il est aussi performant en coach gommeux et arriviste
qu’en pauvre type redevenu humain lorsque les aléas du sort l’obligent à se
débarrasser de son vernis.
Anne Marivin, formidable dans son long monologue, Audrey
Lamy excellent de bout en bout et Sylvie Testud qui prouve qu’elle peut se
permettre quelques incursions dans la loufoquerie et le second degré, sont
toutes trois impeccable. Et puis, il faut souligner l’exquise qualité et la
justesse du jeu de Jeanne Moreau dont les deux apparitions sont absolument
marquées du sceau de la grande classe. Bonjour l’émotion.
En conclusion, lorsqu’on a franchi le cat des vingt premières
minutes, Le Talent de mes amis, est
un film qui se laisse regarder sans déplaisir parce qu’il est servi par de
délicieux comédiens. Le paradoxe que l’on peut en tirer c’est qu’Alex Lutz s’avère
meilleur dans l’émotion que dans l’humour pur. Je suis convaincu que, fort de
cette première expérience, lorsqu’il n’aura plus ce désir ardent de tout mettre
dans un film, donc trop, il va être bien plus efficace. Je prends le pari…
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