Live
Valensole
A ma grande honte, j’avoue que je ne connaissais pas
Fraissinet. C’est un ami qui m’en a parlé, qui m’a communiqué un lien pour l’écouter
et… j’ai pris une claque.
Vedette consacrée en Suisse, ce garçon de 35 ans, a écrit et
composé quatre albums dont un instrumental. Il a écumé les scènes francophones
et il a décroché une bardée de prix dont certains très prestigieux (Académie
Charles-Cros, Sacem)… Un petit tour sur Wikipédia m’a appris qu’il avait suivi
des études supérieures de lettres et fréquenté assidument le monde du cinéma…
Lettres et cinéma ! Ces deux mots associés offrent une belle indication
pour définir son univers musical et son écriture qui, en toute logique, est
aussi léchée qu’imagée.
Nicolas Fraissinet a donné ses premiers concerts assez
tardivement, puisqu’il avait déjà 25 ans lorsqu’il s’est lancé sur scène. Faisant
corps avec son piano, il fait partie de la grande tradition de la grande
chanson française. C’est un excellent auteur doublé d’un compositeur hyper
créatif. Les sonorités qu’il tire de son instrument sont aussi riches que
variées. Les quelques parties de guitare, à chaque fois judicieuses, magnifient
imparablement la chanson, nous rappelant parfois les grands groupes de hard
rock hyper mélodieux des années 70/80.
Les chansons ne sont jamais mièvres, jamais gratuites,
jamais misérabilistes. On sent chez lui de la fierté, une énergie positive. Sous
une apparente fragilité, on sent plutôt un mec solide, bien qu’il ne soit pas
vraiment sorti du monde de l’enfance ou, tout du moins, aime-t-il à
l’entretenir en en évoquant principalement ses rêves et ses peurs.
Il tire de la souplesse de sa voix puissante, mélodieuse et
tout à fait maîtrisée des intonations rares, des inflexions qui lui permettent
de jouer certaines de ses chansons à l’instar d’un comédien.
Si, comme moi, vous ne le connaissiez pas, précipitez-vous
sur l’album « Live » qu’il vient de sortir. Il contient la quintessence
de toute son œuvre. Dix-huit titres dont neuf inédits qui vont vous transporter
dans son monde « réalisticonirique ».
Somnambule, la
chanson qui ouvre cet opus, le synthétise parfaitement. Tout Fraissinet y est
contenu : une voix modulable à souhait, une écriture soignée, une interprétation
habitée, un refrain aérien, un climat quasi obsessionnel et un piano partenaire
et complice…
Tout ce qui suit est d’un très haut niveau. J’ai aimé la
douceur et la musicalité du Sourire de ma
mère, l’entrain slave et festif de Fantôme,
la sombre réalité de L’amour, l’ambiance
apaisante du Silence, la véhémence et
les ruptures d’Araignée du soir…
En fait, chacun de ses chansons est construite comme un
petit film.
Parmi les nouveautés, j’ai particulièrement le vaudouesque
et très rythmé Je nous vois grandir, la
mousseuse légèreté et les guitares musclées de L’exil du pingouin, la force lancinante et les cordes de Reviens,
Mais avec lui, l’exercice du choix et de la préférence
paraît bien vain tant chaque titre possède sa personnalité, ses arrangements et
ses couleurs propres.
Plus je l’écoute, plus je me dis que je prêche dans le vide,
que je m’adresse à des convaincus. Il est impossible que Fraissinet soit passé
inaperçu par d’autres ignares que moi. Je bats ma coulpe, mais je vais me
rattraper.
D’après l’atmosphère qui se dégage de cet album Live, je
suis convaincu que Nicolas Fraissinet prend toute sa dimension sur scène.
Heureusement, je n’aurais pas trop à attendre pour m’en repaître car il va se
produire le 11 juin prochain sur la scène de l’Européen. Un rendez-vous à ne
manquer sous aucun prétexte…
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