Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
Tel : 01 48 74 25 37
Métro : Trinité
Ecrit et mis en scène par Mathilda May
Avec Stéphanie Barreau, Agathe Cemin, Gabriel Dermidjian,
Loup-Denis Elion, Gil Galliot, Emmanuel Jeantet, Dédeine Volk-Leonovitch
Présentation :
Six employés, trois hommes et trois femmes, de ce qui pourrait être une petite
compagnie d’assurance, se supportent et s’insupportent le temps d’une journée…
Tout ce petit monde s’agite dans cet espace de la
rentabilité que les patrons nomment « Open Space ». Entre la
photocopieuse et les pots à stylos, les ordinateurs et les sièges à roulettes,
la vie de bureau de ce concentré d’humanité (presque) ordinaire n’a rien d’un
long fleuve tranquille.
Mon avis : Open
spasmes !
Quelle idée originale a eu là Mathilda May ! Surtout
dans la forme. Evoquer la vie de bureau, c’est plutôt banal ; ça a déjà
été fait, ça a déjà été vu. Mais ça n’a jamais été traité de cette façon.
Dans Plus si affinités,
le spectacle qu’elle avait coécrit et interprété avec Pascal Légitimus, elle
nous avait découvrir une facette de son talent que l’on ignorait : le sens
de l’humour. Elle a continué dans cette voie, mais en s’attaquant cette fois à
l’univers du burlesque. Avec Open Space,
elle s’affirme comme le fruit des amours drolatiques qu’auraient pu avoir Jacques
Tati et Mister Bean.
Mathilda May nous fait vivre une journée de bureau. Six
employés lambda comme vous et moi, trois femmes et trois hommes, et un patron,
vont s’ébattre devant nous dans cet espace intime et confiné. L’astuce de l’auteure
et metteur en scène est d’en avoir fait une pièce sans aucun dialogue. Elle ne
s’est attachée qu’à la gestuelle et aux sons. Les trouvailles abondent :
borborygmes, onomatopées, bruits amplifiés, chorégraphies, et effets spéciaux
propres au cinéma comme les arrêts sur image et les ralentis. En plus, en véritable chef d''orchestre, elle a
introduit une vraie musicalité dans les échanges. On en prend vraiment plein
les yeux et plein les oreilles.
Tout ceci concerne la forme. Mais elle a également
énormément soigné le fond en brossant sept portraits d’humanoïdes « buraldiens ».
Pour les caricaturer, il y a la hussarde sans-gêne, le fayot souffre-douleur,
le loser suicidaire, la working girl alcoolique, le beau gosse consciencieux et
la complexée enamourée (qui m’a fait furieusement penser à la mademoiselle
Jeanne de Gaston Lagaffe). Et puis il y a le patron : autoritaire et
ambigu, paternaliste subjectif, cruel et libidineux, mais qui possède son talon
d’Achille et en souffre… Dans ce microcosme, les sentiments sont exacerbés. La
nature humaine y apparaît sous tous ses aspects, des plus nobles aux plus
médiocres. Nous sommes face à des gens qui nous ressemblent. Leurs attitudes et
leurs réactions, tout en nous faisant rire, sont prévisibles et agissent en
effet miroir.
Open Space est un
spectacle vraiment original. Si l’on gomme quelques petites longueurs et quelques
effets parfois opaques, on passe réellement un très, très bon moment. Il faut
dire que la pièce est servie par sept énergumènes, Gil Galliot en tête, qui maîtrisent leur sujet à
la perfection. Quelle inventivité ! Ils savent tout faire avec une science
fascinante du geste juste. Avec eux, le qualificatif de « performance
scénique » n’est pas galvaudé.
Gilbert "Critikator" Jouin
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