Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 45 23 35 45
Métro : Cadet / Grands Boulevards
Ecrit par Olivia Moore
Mis en scène par Marine Baousson
Présentation :
Une vie qui déborde comme un panier de linge sale, des enfants qui se roulent
par terre chez Carrefour, des ados moulés dans le canapé et un mari qui plane.
Ou l’inverse… Olivia Moore est une Desperate Housewife en vrai ! Elle gère
tout : sa famille recomposée, son job et l’ex de son mari. Elle a toutes
les qualités pour faire une mère parfaite : elle est cash, caustique,
égoïste et décomplexée…
Mon avis : Et
bien, voici une « Mère indigne » tout à fait digne d’intérêt… Olivia
Moore réussit le tour de force de nous captiver et de nous faire rire avec un
sujet on ne peut plus banalement universel : la maternité et la gestion
des enfants.
La scène du Trévise est vide. Seule une chaise haute trône
en son milieu, et pis c’est tout. Ça signifie qu’il va falloir l’occuper cet
espace… Dès son apparition, j’ai d’abord été charmé par son timbre de voix
chaud et velouté et ensuite par son joli minois souriant et ses yeux pleins de
malice. Olivia Moore nous la joue nature. Elle attaque, étriers en tête, par là
où tout commence : l’accouchement. Après quoi, elle n’a plus qu’à dérouler
le fil de l’histoire dans l’ordre chronologique.
Olivia est une mère qui n’a pas peur de faire des vagues.
Elle possède énormément d’influx (et de reflux) pour ça, son seul but étant de
nous faire marée. Avec elle, pas de pathos. Les mater dolorosa, ce n’est pas
son genre. Quitte à brosser un tableau, autant qu’il soit le plus réaliste
possible. Inutile de pratiquer un angélisme de façade quand on est confrontée à
ces (bons ?) petits diables que sont nos bambins, qu’ils soient ceux que l’on
a conçus soi-même ou les pièces rapportées, paquet-cadeau-de-noce inhérent aux
familles recomposées. Olivia Moore est pragmatique. Devant cette tâche aussi
noble que vaine qu’est l’éducation des enfants, elle va s’efforcer de faire de
son mieux tout en essayant de se préserver et de ne pas y laisser sa peau.
Après tout, elle est femme tout autant que mère !
Elle dissèque les aléas du quotidien avec le recul et la
dose de cynisme nécessaires à tout bon chirurgien pour éviter la dérive
sacrificielle et/ou compassionnelle. Elle nous entraîne dans une plongée en
abîme dans les profondeurs de la maternité, dans ces zones abyssales où il y a
beaucoup d’apnée et peu d’élues… Ses ambitions étant très vite revues à la
baisse, elle a compris qu’il était inutile de se lancer dans une quête
illusoire de la perfection ; mieux valait se placer illico en mode survie.
Elle ne va pas jusqu’à prôner la reproduction interdite, mais la prudence étant
elle-même mère (de la sûreté), elle préfère prévenir avant que de devoir
guérir.
Olivia Moore est très facile sur scène. Elle a vraiment une
sacrée présence. A l’aise dans son corps et dans sa tête, elle bouge et elle s’exprime
fort bien. Son langage est direct, avec ce qu’il faut de crudité parfois, pour
bien enfoncer le clou ; elle possède un grand sens de l’image qui percute,
de la métaphore explicite et de la formule qui fait mouche. Expressive,
excellente comédienne, elle établit dès le départ une grande complicité avec le
public. Avec un tel sujet, c’est facile car tout le monde est concerné. A
priori on a tous été enfant et on est parent ou appelé à l’être. Les rires sont
donc entendus… J’ai aimé aussi lorsque, à deux ou trois reprises, elle part
complètement en vrille. Son grain de folie, parfaitement assumé, est une valeur
ajoutée à un spectacle déjà très abouti.
Enfin, j’ai adoré la fin de son show. C’est très astucieux,
formidablement intelligent, avec un clin d’œil judicieux que je qualifierais de
« nanaphore ». A ce propos, puisqu’il est également question de l’ex du
conjoint dans le spectacle, en paraphrasant la délicate Valérie Trierweiler, je
ne peux que dire à Olivia Moore pour tout le plaisir qu’elle a eu le talent de
nous procurer :
« Merci pour cette maman ! »...
Gilbert « Critikator » Jouin
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