Comédie de Paris
48, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche
Tous les jeudis à 21 h jusqu’au 4 juin
Ecrit et mis en scène par Ben et Thibault Segouin
Présentation :
« Eco-responsable » est un spectacle qui relance l’économie, atténue
le réchauffement climatique et vous redonne foi en l’avenir.
Tout ça avec de l’humour, mais pas seulement, de la musique,
mais pas tout le temps, et peut-être même de la poésie, mais c’est pas sûr…
Mon avis : Une
fois encore, Ben nous propose un seul en scène à nul autre pareil. Un spectacle
qui, sans surprise, se montre à la fois décapant, politiquement incorrect, non
conformiste, et qui titille délicieusement nos zygomatiques. Mais Eco-responsable n’est pas que cela… Celui
que les exégètes de l’humour ont pompeusement qualifié de « Roi de l’Absurde »
et qui n’hésite pas à s’en rengorger sans la moindre pudeur, nous gratifie néanmoins
d’une prestation particulièrement réjouissante qui, peu ou prou, justifie sa couronne.
Après un début très « ampoulé », Ben, pantalon
anthracite, chemise blanche et cravate bariolée, nous entraîne insidieusement dans
son univers gentiment lunaire et viscéralement décalé dans lequel le réalisme n’a
strictement rien à faire. Quoi que… Comment ce type à la dégaine un peu
paresseuse, qui passe son temps à s’interroger à voix haute, réussit-il la
performance de saupoudrer son non-sens chronique d’une logique imparable ?
Lui seul en possède la réponse. Ben est un pratiquant hors pair des
affirmations contradictoires, des digressions gigognes alambiquées, des
associations contre nature, des ruptures imprévisibles et des images
saugrenues. Ça frise carrément l’intégrisme… Et même ses silences sont drôles !
Ainsi qu’il existe une grande variété de haricots verts –
des fins, des très fins et des extra fins -, Ben appartient incontestablement à
cette troisième famille. Il se déguste sans faim, mais avec une extrême
gourmandise. J’avoue qu’en allant vérifier la description de « haricot
vert » dans le dictionnaire, j’ai constaté que je me fourvoyais.
Comparaison n’est pas raison car j’y ai découvert que ce légume était… « une
gousse immature » ! Ce qui n’est absolument pas le cas de cet
individu qui, non seulement affirme son hétérosexualité, mais qui s’avère en
outre être de sexe masculin. Gousse lui ? Je me gausse ! Quant à l’immaturité,
on peut à la limite la lui accorder car on sent qu’il encore du mal à se
débarrasser d’un certains côté sale gosse… Mais fermons cette parenthèse
totalement superfétatoire pour étudier plus attentivement ce spectacle.
Ça pourrait ressembler à du grand n’importe quoi alors que c’est
parfaitement maîtrisé et remarquablement écrit et interprété. En gros, c’est du
décousu main. Un humoriste qui réussit à placer dans son texte des mots comme « métonymie »,
« synecdoque » et à consacrer un chapitre sur l’existence du « tilapia »
mérite le plus profond respect. En voici un, au moins, qui ne se moque pas de
son public. Quoi que… Partir de la protection de l’environnement (histoire de
justifier le titre de son spectacle) pour finir en narrant son changement d’opérateur
téléphonique en passant par la vie en entreprise, les salons de massage, le
frelon asiatique et sa vie de débauche quand-il-était-jeune, ça tient du
parcours accidenté d’un jeu de l’oie diabolique. Il faut une sacrée dose de
virtuosité pour nous passionner avec des histoires qui sont la plupart du temps
d’une affligeante banalité. On prend un plaisir incommensurable à se laisser
mener par le bout du nez sur des chemins inattendus et riches en surprises en
tous genres. Nous sommes un peu comme ces enfants qui se laissèrent charmer par
le Joueur de flûte de Hamelin. Sauf que le gouffre dans lequel nous entraîne ce
guide facétieux est un gouffre empli de rires.
En effet, grâce à toi, qu’est qu’on rit… Oncle Ben !
Gilbert « Critikator » Jouin
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