Théâtre Tristan
Bernard
64, rue du Rocher
75008 Paris
Tel : 01 45 22 08 40
Métro : Villiers / Saint-Lazare
Une pièce écrite et mise en scène par Marc Fayet
Décors d’Edouard Laug
Costumes de Brigitte Faur-Perdigou
Lumières de Laurent Béal
Avec Philippe Magnan (Pierre), Frédérique Tirmont (Claire),
Frédéric Van Den Driessche (Dupire), Guillaume Durieux (Grégory), Aurore
Soudieux (Julie)
L’histoire :
Qu’y a-t-il de commun entre un Grand Reporter de légende, une star du JT et un
jeune journaliste débutant ?
Est-ce l’envie de témoigner ? La recherche du
scoop ? Ou seulement l’envie de garder sa place ?
C’est bien souvent les trois à la fois, guidés par un seul
principe : « Mieux vaut être le premier à se tromper plutôt qu’être
le deuxième à dire la vérité »… Dans cette recherche effrénée de
l’exclusivité, trois générations de journalistes s’affrontent dans un combat où
admirations, jalousies et règlements de compte personnels composent un
véritable scénario à rebondissements.
Mon avis :
Et bien je peux dire que, avec Le Scoop,
ma rentrée théâtrale 2012/2013 démarre sous les meilleurs auspices. En effet,
pendant une heure et demie, j’ai été captivé et tenu en haleine par cette pièce
remarquablement écrite et tout aussi remarquablement interprétée.
Déjà, lorsque le nom de Philippe Magnan apparaît au
générique d’un spectacle, je suis assuré de découvrir une pièce d’une extrême
qualité. J’ai toujours été emballé par chacune de ses prestations. Il n’y avait
donc aucune raison pour que cela change. Et, effectivement, une fois encore, ce
formidable comédien nous offre une composition de très haute tenue. Il est fait
pour ce rôle autant que ce rôle est construit pour lui. Il s’y révèle si
naturel, si authentique, qu’on en oublie l’acteur.
Le Scoop est une pièce
très complète contenant plusieurs niveaux de lecture, ce qui la rend à la fois
dense et riche. C’est d’abord une analyse en profondeur du métier de
journaliste et de la façon qu’a chacun de le pratiquer. Ah cette fameuse
« déontologie », mise à toutes les sauces ! Bouclier dérisoire,
parapluie hypocrite, valeur totalement abstraite que l’on brandit quand on
cherche à se dédouaner ou à se hausser du col… Journaliste moi-même, je me suis
senti d’autant plus concerné et intéressé. Des types comme Pierre, comme Dupire
et comme Grégory, j’en ai rencontrés. Et encore, je n’ai sévi que dans les
sphères de l’audiovisuel, du spectacle et du showbiz. J’imagine que ces
archétypes sont bien plus exacerbés dans les milieux de la politique, et chez
les grands reporters…
Ensuite, il y a une grande finesse dans le traitement
psychologique des cinq protagonistes de ce thriller, car c’en est un ; et
un bon ! Chacun agit et réagit avec sa mentalité propre, et même pas
toujours propre. Chacun d’entre eux est guidé par ses objectifs ou tenu par son
sens moral. L’âme humaine est, par essence, complexe. Ici, nous avons cinq
profils, cinq caractères, cinq comportements complètement différents et
parfaitement dessinés. Donc cinq beaux rôles.
Pierre (Philippe Magnan) campe à merveille un ancien
correspondant de guerre qui a bourlingué à travers le monde en y couvrant les
principaux conflits de la deuxième moitié du 20è siècle. C’est un vieux lion
désabusé et misanthrope, dupe de rien. Il est porteur de lourds secrets qu’il
tient à garder précieusement enfouis dans sa mémoire. Il est redoutablement
intelligent, se complaît à jouer les bougons. Il semble revenu de tout et,
pourtant, ainsi que le lui fait remarquer son épouse, il a toujours en lui
cette étincelle qui s’appelle la faculté d’émerveillement ou d’indignation.
Pierre est le personnage central de la pièce. Il détient la Vérité que les deux
autres hommes croient connaître et qu’ils veulent lui faire dire. Situation qui
ouvre à une palpitante partie de poker menteur.
Claire (Frédérique Tirmont) est l’épouse de Pierre. C’est
une ex-photoreporter de guerre. Elle aussi elle sait beaucoup de choses. Mais
elle est une femme. Moins encombrée par son égo que les deux mâles dominants
qui se combattent à distance, elle fait preuve d’une grande sagesse et d’une
grande tolérance. Elle a un rôle-clé dans cette histoire.
Le rival de Pierre, Dupire, est tout entier sous l’emprise
de sa jalousie. Il est prêt à utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins
et faire enfin éclater la (sa ?) fameuse vérité. Frédéric Van Den
Driessche apporte à ce personnage cynique et sans scrupules son pouvoir de
séduction. Il possède le charme et la pugnacité des grands manipulateurs.
Et puis il y a le petit jeune, Grégory. C’est lui qui mène
l’enquête avec autant de fougue que de maladresse. Son comportement vis-à-vis
de Pierre, tour-à-tour conciliant et vindicatif nous trouble. Quel jeu
joue-t-il ? Quelles sont ses intérêts dans cette histoire ?... J’ai
été emballé par le jeu simple et naturel et par la formidable présence de
Guillaume Durieux. Il est impeccable.
Quant à Julie (Aurore Soudieux), si son rôle est plus ténu,
il a son importance car elle est en quelque sorte notre regard à nous.
Découvrant l’évolution de l’intrigue et des comportements en même temps
qu’elle, on se pose les mêmes questions. Comme Claire, mais en plus jeune, elle
est idéaliste et honnête. Les deux femmes, plus humaines, sont bien moins
retorses. Et, quelque part, plus courageuses aussi…
Le Scoop est une
remarquable pièce à tiroirs, un puzzle qui se reconstruit peu à peu devant
nous. On est véritablement tenu en haleine jusqu’à son dénouement… Tous
publics, il ne fait nul doute qu’elle sera un des plus gros succès de cette
rentrée. Elle le mérite. Il suffit de voir par quel tonnerre d’applaudissements
les saluts sont accueillis à la fin pour en être convaincu.
1 commentaire:
Tu m'as convaincue Gilbert ! J'ai pris mes places.
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