jeudi 24 septembre 2015

Avanti !

Théâtre des Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : Quatre Septembre / Pyramides / Opéra

Une comédie de Samuel Taylor
Adaptée par Dominique Piat
Mise en scène par Steve Suissa
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Décor d’Ivan Maussion
Costumes de Hervé Delachambre
Avec Francis Huster (George Ben Clairborne), Ingrid Chauvin (Alison Miller), Thierry Lopez (Baldassare Pantaleone, dit Baldo), Alice Carel (Diane Clairborne), Romain Emon (John Wesley), Toni Librizzi (Bruno)

L’histoire : A Rome, Georges, un businessman américain puritain, et Alison, une jolie comédienne anglaise, se lancent sur les traces de leurs parents décédés dans un accident de voiture. De réseaux Internet bloqués en bureaux aux horaires décalés, de cercueils volés en chapelles napolitaines, nos héros auront bien du mal à retrouver leurs chers disparus… Mais par la grâce d’un ludion diabolique nommé Baldo, qui incarne à lui seul tout le charme et l’humour italiens, ils découvriront une nouvelle façon d’appréhender la vie…

Mon avis : Vous aimez le cinéma ? Vous aimez les comédies romantiques dites « à l’américaine » ? Alors Avanti ! est une pièce pour vous. En effet, son traitement, son esthétique, son atmosphère et, bien sûr, son couple vedette, sont tout à fait dignes du septième art. Tout y a été étudié pour vous faire sourire benoîtement et rêver dans la tiédeur romaine avec des airs de mandoline dans la tête…
Le décor, déjà, vous sort de l’ordinaire : nous sommes dans la suite royale d’un palace romain. Une imposante porte vitrée donnant sur une terrasse s’ouvre sur la ville sous un ciel insupportablement bleu azur. Nous baignons dans le grand luxe. Il suffit d’ailleurs de découvrir l’élégance et le maintien des trois premiers personnages qui se présentent à nous pour le vérifier. Nous sommes dans la high society.
Et lorsqu’Ingrid Chauvin fait son apparition, le doute n’est plus permis. On ne peut plus s’empêcher de penser aux couples mythiques du cinéma hollywoodien des années 50/60 du genre Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines. Nous sommes en plein dans ce registre. Ce titre aurait pu parfaitement coller au thème de la pièce. Mais Avanti ! – on le comprendra plus tard – est peut-être encore plus judicieux.


Francis Huster en chef d’entreprise austère, limite psycho-rigide qui découvre soudain l’amour passion, est impeccable. Quant à Ingrid Chauvin, elle éclabousse cette charmante histoire de son extrême féminité. Elle a vraiment tout pour elle : silhouette irréprochable, fraîcheur, spontanéité. On comprend sans problème que George Clairborne soit conquis par cette joie de vivre, cette liberté qui sont aux antipodes de son éducation puritaine. Sincèrement, ce rôle d’Alison Miller devrait compter dans la carrière d’Ingrid Chauvin car elle nous fait découvrir une facette de sa personnalité qu’on n’avait pas encore trop vu : la fantaisie  naturelle. Combien d’hommes dans la salle échangeraient volontiers leur place pour celle de Francis Huster tant elle est la sublime incarnation de l’éternel féminin !


Pourtant, le succès de pièce – car elle va connaître un grand succès – ne se limite pas au charisme indéniable du couple Huster/Chauvin. Celui qui, grâce au bouche à oreille, va faire exploser le box office, c’est Thierry Lopez dans le rôle de Baldo… C’est la
cinquième fois que je le vois jouer (Le songe d’une nuit d’été, Doris Darling, Divina, Georges et Georges) et son originalité et son maintien m’avaient attiré l’œil et amusé. Mais là, il atteint des sommets. Il est le deux ex machina de la pièce. Sans lui, il n’y aurait pas d’histoire. Il est tout à la fois : le serpent tentateur du jardin d’Eden, Cupidon, un ange gardien, Cagliostro, Machiavel… Il a l’aisance, le charme, la faconde italiennes. A l’abri de son sourire ravageur, il est tour à tour enjôleur, baratineur, narcissique, sans gêne et tellement persuasif. Et quelle façon de bouger ! Il possède l’agilité et la légèreté d’un elfe, dons qu’il doit sans doute à des années de danse… Bref, Thierry Lopez est irrésistible. Il nous séduit, il nous irrite, il nous enchante. Dès qu’il apparaît sur scène on sait qu’on va vivre un grand moment de comédie.

Avanti ! est donc une fort jolie pièce pleine de charme et de romantisme. Et la mise en scène de Steve Suissa, réglée au cordeau, cinématographique, élégante et légère, y est pour beaucoup.


Gilbert « Critikator » Jouin

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