lundi 7 septembre 2015

Mathieu Saïkaly "A Million Particles"


Fiction France – Polydor / Universal


Affublé du surnom de « farfadet » tout au long de son épopée « nouvellestaresque », c’est en faune interstellaire que Mathieu Saïkaly nous revient pour nous présenter son premier album, A Million Particles »…
Pour l’avoir suivi pendant l’émission et pour avoir eu le plaisir de le découvrir sur une scène champêtre à Cachan, je savais à peu près à quoi m’attendre de la part de ce jeune de 22 ans à la personnalité déjà très affirmée. Pourtant, son opus m’a quand même surpris. Difficile d’imaginer une œuvre plus personnelle. Mathieu ne ressemble à personne, tout au moins artistiquement. Physiquement, peut-être en raison du sang libanais qui coule dans ses veines, il présente une ressemblance avec Mika. Il a également en commun avec lui son goût pour la musique pop, une excellente maîtrise de la langue anglaise et un authentique cosmopolitisme. Or, dans « cosmopolitisme », il y a « cosmos ». Comme dans le titre de la deuxième chanson de son album où il l’associe au mot « cliché » en forme de clin d’œil malicieux.

Il faut écouter plusieurs fois A Million Particles pour en savourer toute sa richesse et toutes ses subtilités. Les qualificatifs qui s’imposent pour le décrire sont sobre, aérien, élégant… Mathieu Saïkaly est un rêveur lucide. Il s’auto-flagelle d’ailleurs carrément en évoquant ses « conneries de romantique ». Romantique, il l’est certes, et il l’assume, mais il est capable d’observations quasi cliniques alors qu’il devrait se trouver en plein lâcher prise amoureux comme dans Poison (Berce du Caucase). Il veut bien planer, mais tout en gardant le contrôle de sa dérive…


J’ai lu dans quelques articles à son propos revenir fréquemment le terme « fragile » pour le définir. Mais quand on lit attentivement les textes de ses chansons, je suis convaincu qu’il est loin de l’être. Qu’il soit sensible et doux, c’est indéniable ; ça ne le rend pas vulnérable pour autant. Dans Canvas, on le sent même un tantinet compliqué, et dans Je t’ai cherchée, il est carrément obsessionnel. On peut même se demander s’il n’est pas fasciné par les parts d’ombre ; les siennes et celles des autres. De même, quand il se projette Dans l’espace, on sent paradoxalement poindre une sensation d’enfermement, un vague sentiment d’insatisfaction. Difficile de trouver sa place quand il y en a trop ? Bizarre… Il nourrit même une certaine méfiance vis-à-vis de l’amour. Apparemment, c’est pour lui un jeu de hasard, la conséquence d’un coup de dés (From Glass To Ice). Ce qui n’interdit pas, au contraire, de tendres moments de partage et de fraîcheur quand il le vit comme dans le superbe duo Dans l’ombre de mes pupilles qui se présente ; selon moi, comme la suite enchanteresse de Pour Bubz.

Visiblement, l’écriture et la réalisation de son premier album n’ont souffert d’aucune concession. A Million Particles est 100% « Saïkalytatif ». Avec son grand sourire angélique, il nous invite dans son univers à la douceur communicative. Il y imprime sa marque, son identité, son sceau. Son truc à lui, c’est tout simplement guitare sèche et voix. Bien sûr, tout en s’en tenant au plus grand dépouillement, il ajoute ce qu’il faut de vaporeux et de céleste en saupoudrant un peu de cordes et de chœurs par ci, par là… L’écriture est soignée, imprégnée d’une recherche évidente de jolies sonorités.
En conclusion, A Million Particles est un album très personnel, original, envoûtant. Je pense qu’il prendra toute son intensité lorsque Mathieu Saïkaly le présentera sur scène. Son espace à lui, c’est là qu’il se tient, c’est là qu’il va prendre son envol et sa réalité. Car il est incontestablement déjà un artiste à part, à particules. A particules mystérieuses et féériques.


Mathieu Saïkaly se produira au Café de la Danse le 5 octobre.

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