Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Une pièce écrite et mise en scène par Daniel Colas
Décors de Jean Haas
Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz
Lumières de Franck Thévenon
Musique originale de Sylvain Meyniac
Vidéo d’Olivier Bémer
Chorégraphie de Cécile Bon
Avec Maxime d’Aboville (Charles Spencer Chaplin), Béatrice
Agenin (Hannah, une secrétaire), Linda Hardy (Oona, …), Benjamin Boyer
(Sidney), Xavier Lafitte (Reeves), Adrien Melin (Hoover, Sennett, …), Coralie
Audret (Paulette, …), Alexandra Ansidei (Mabel, danseuse, …), Thibault Sauvaige
(Le Commandant, Ted, …), Yann Couturier (Jack, …)
Présentation :
L’extraordinaire épopée de l’homme sans doute le plus populaire du XXème
siècle, Charles Spencer Chaplin. Tour à tour drôle ou grave, une réflexion sur
la liberté individuelle, sur l’humanisme et la tolérance, et les paradoxes du
génie. « Charlot », un homme libre, un véritable citoyen du
monde !
Mon avis :
Décidément cette rentrée 2015-2016 nous réserve un sacré lot de très grands
moments de théâtre. Un certain Charles
Spencer Chaplin en fait hautement partie.
A travers une vingtaine de tableaux, Daniel Colas nous fait
revivre la trajectoire unique du plus grand artiste du XXème siècle, Charlie
Chaplin. Entre flashbacks et chronologie, il a mis la loupe sur des moments
cruciaux de la vie professionnelle et privée de cette méga star planétaire.
Nous ne sommes jamais désorientés car la présence d’un écran – cinéma oblige –
lui permet d’afficher la date et le lieu de l’action que nous allons suivre.
Photo : J. Stey |
Cette succession de scènes nous amène à découvrir à la fois
ce qui a fait de Charlot le plus grand créateur comique de tous les temps et
l’homme qu’il était en dehors des plateaux. On assiste ainsi à ses débuts dans
le cinéma où ses incessantes propositions et sa forte personnalité enchantaient
tout autant qu’elles posaient problème. Puis on voit sa notoriété grandir,
s’internationaliser, ce qui lui permet d’obtenir rapidement sa liberté par
rapport aux grandes firmes. Nous avons même droit, en live s’il vous plaît, au
remake d’un slapstik de 1915, Charlot
boxeur (un tableau drôle et savoureux)…
Ensuite, à travers le personnage de J. Edgar Hoover, qui
synthétise à lui seul tous ses détracteurs, nous réalisons tout ce qu’il a pu
subir en matière de rumeurs, d’accusations le plus souvent infondées, de
jalousie… Au cours d’un formidable échange avec Paulette Godard, qui a partagé
sa vie pendant près de dix ans, on en apprend énormément sur l’homme qu’il
était dans l’intimité et sa dualité… En effet, ce génie du gag et de la comédie
qui voulait « faire rire tout en donnant à réfléchir », n’était pas
si drôle que ça, tant au travail que dans l’intimité. Exigeant, méticuleux,
tyrannique, séducteur attiré par les (très) jeunes femmes, Daniel Colas brosse
de lui un portrait juste et sans concession.
Photo : J. Stey |
Charlie Chaplin étant un de nos contemporains, il était
impossible de fictionner quoi que ce soit. Tout ce qui se passe, tout ce qui
est dit dans ce spectacle a eu lieu et a été prononcé. C’est quasiment un
documentaire sur la vie et l’œuvre de Charlot. Le résultat est une pure
merveille.
La mise en scène est astucieuse et particulièrement
efficace. On ne va qu’à l’essentiel sans s’encombrer de changements de décors
lourds à gérer ou de mobilier superflu. Les costumes sont magnifiques et la
musique qui ponctue les intermèdes apporte une valeur ajoutée.
Photo J. Stey |
Mais, outre l’histoire captivante qui nous est contée, on
est absolument éberlué par la prestation de Maxime d’Aboville dans le rôle
titre. Il est au-delà de la performance, il est carrément dans le registre de
l’exploit. A sa toute première apparition où il est de profil et sourit, sa
ressemblance avec Chaplin est stupéfiante. Et, pendant toute la durée de la
pièce, il EST Charlot. Son mimétisme est criant de vérité. Il atteint une telle
perfection de jeu qu’il mériterait amplement de décrocher un second Molière.
Autour de lui, ses neuf partenaires ne sont pas mal non
plus. D’autant qu’ils tiennent pratiquement tous plusieurs emplois. Adrien Melin
est particulièrement épatant dans le double rôle de Mack Sennett et de J. Edgar
Hoover. Béatrice Agenin est pleine de charme et d’élégance ; Alexandra
Ansidéi est tonique et pétillante à souhait ; et Coralie Audret campe une séduisante
Paulette Godard au caractère à la fois enjoué et trempé (pour moi la scène dans
laquelle elle règle ses comptes avec Charlie – remarquablement dialogué – est un
des moments forts de la pièce)… Et puis, il n’est pas injuste de dire qu’avec
le rôle d’Oona, Linda Hardy a gagné ses galons de comédienne.
Gilbert « Critikator » Jouin
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