Polydor / Universal Music
Dans le sixième et nouvel album de Chimène Badi, tout est
dans le titre : Au-delà des maux…
Après l’avoir (bien) écouté, j’ai compris que cet opus était
pour elle un album-vérité, un album charnière par lequel il lui fallait impérativement
passer.
Chimène avait des choses à dire, à confier, à partager. Des
choses qu’elle avait ébauchées dans l’album Laisse-les
dire, mais là, elle va beaucoup plus loin. Au-delà des maux correspond à un besoin, à une nécessité vitale. Il
est très personnel, intimiste mais jamais larmoyant ou compassionnel.
Visiblement, elle est déjà au-delà de la thérapie. Quand on peut s’exprimer
ainsi, avec autant de lucidité et de sincérité, c’est le plus gros du travail a
déjà été fait en amont. Entourée de ses auteurs, elle a ouvert le lourd bagage
qui l’encombrait, elle en a extrait tout ce qui pouvait s’apparenter à du
passif pour le mettre au grand jour et y faire un sort une bonne fois pour
toutes.
Je suis convaincu que cet album va constituer un palier dans
la carrière de Chimène Badi. Totalement libérée, débarrassé de toute scorie,
elle va désormais pouvoir se consacrer entièrement à la musique qu’elle aime.
Ça nous promet de jolis moments en perspective…
Au-delà des maux
est l’album d’une jeune femme de 33 ans qui est debout, la tête haute, le
regard fier et digne. Une battante, quoi !
Qu’y a-t-il au juste dans cet album ? Chimène, par
auteurs interposés, y raconte les quatre dernières années qu’elle a vécues.
Elle évoque sans détour une rupture amoureuse (De quoi on se souvient, Qui parle d’elle) et elle va même plus loin
en analysant comment on parvient à la gérer et à la dépasser (Point final). Avec ces trois titres qui
pourraient s’emboîter, on en a fait le tour. De ses douleurs intimes, de son
cheminement pour s’en sortir et cicatriser, elle nous livre quelque chose
d’universel…
Suite logique et inévitable de la séparation, on se retrouve
Seule, un état remarquablement décrit
par les mots de Zaho, mais qui en tire néanmoins quelque chose de positif…
Vous l’aurez compris cet album est émaillé de témoignages et
d’épreuves personnels. Dans Au-delà des mots,
Chimène évoque cette dramatique période au cours de laquelle elle avait
complètement perdu sa voix et qui se résume en une magnifique déclaration d’amour
à la chanson… Dans Personne, une des
plus belles chansons de cet opus, signée du tandem Yann Guillon/Emmanuel Moire,
elle relate le fait qu’elle n’a pas toujours été maîtresse de ses volontés
artistiques et qu’aujourd’hui, plus personne ne lui dictera ses choix… Elle
traite aussi une bonne fois pour toutes ses problèmes de surpoids (Ça ne regarde que moi). Un complexe qu’elle
relate dans Ballerine, clin d’œil malicieux à sa participation à Danse avec les Stars.
Dans L’usine, dont
il faut souligner l’habileté des arrangements à retranscrire une ambiance digne
des Temps Modernes, elle raconte la
perte d’emploi de sa mère. Comme ce genre de situation est hélas partagé,
Chimène Badi pense aussi aux autres. Ces thèmes altruistes donnent le ton à
Elle vit, qui parle d’une SDF qui l’avait émue dans sa jeunesse, dans ces Retardataires
qui sont des laissés pour compte du système et dans Pour tous les hommes, un superbe gospel, qui est un appel au
partage, à la solidarité…
En conclusion, Au-delà des maux est un bel album de chanson
française. Chimène Badi y confirme qu’elle possède une signature vocale très
personnelle. Mais il comporte en outre cette dose d’émotion qui émane du vécu
de l’artiste et de sa volonté de se sortir métamorphosée et grandie de toutes ses épreuves
passées.
Gilbert « Critikator » Jouin
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