Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 42 02 27 17
Métro : République / Goncourt
Une comédie d’Anthony Mc Carten, Stephen Sinclair et Jacques
Collard
Nouvelle adaptation d’Alain Helle
Mise en scène de Julien Tortora et Rachel Suissa
Chorégraphies de Mélanie Dahan
Lumières de Sébastien Lanoue
Costumes d’Anne-Sophie Lebocey
Avec Clara Morgane (Glenda), Christophe Canard (Gérard),
Arnaud Cassano (Steph), Jacques Courtes (Bernie), Clément Naslin (Benoît),
Vincent Piguet (Jacky), Philou (Wes), Jérémy Malaveau ou Julien Tortora (Manu)
L’histoire :
Quand Manu a une idée derrière la tête, il ne lâche rien. Déterminé à retrouver
la garde de son fils, il va réussir à motiver ses potes de comptoir pour créer…
un spectacle de chippendales !
Leurs motivations : se sortir du chômage.
Leurs points faibles : leur physique et leur piètre
talent de danseur.
Leurs points forts : l’humour et la solidarité.
Heureusement, sur leur chemin ils seront aidés par Glenda,
ex-danseuse, qui les soutiendra et les mènera jusqu’au show final.
Véritable tableau de notre société, cette comédie délirante
et émouvante prouve que rien n’est impossible si on a la force d’y croire.
Mon avis : C’est
la troisième version de Ladies Night
que je vois. J’avais découvert cette pièce il y a quinze ans, avec Olivier
Marchal et Lisette Malidor, je l’ai revue en 2012, avec Linda Hardy et Bruno
Sanches… Et bien cette nouvelle mouture est largement au niveau des deux
précédentes et elle produit le même (fort) impact sur les spectateurs et,
surtout, sur les spectatrices.
On connaît l’histoire. Elle a été le thème du film
britannique The Full Monty, sorti en
1997, bardé de récompenses en Angleterre et aux Etats-Unis, et qui a connu un
formidable succès à travers le monde. Ses six héros sont des naufragés de la
vie. Le chômage les a plongés dans une misère sociale (marginalisation,
désoeuvrement) et affective (problèmes de couple). Il ne leur reste comme point
d’ancrage que leur amitié et le bar de Bernie où ils se retrouvent pour jouer
aux fléchettes et boire des bières. Compagnons d’infortune ; ensemble ils
se sentent un peu plus forts.
Une annonce parue dans un journal local va bouleverser leur
morne existence en leur offrant un but, un projet. Bref, en leur donnant l’opportunité
de rêver à nouveau. C’est Manu qui va être l’instigateur de ce challenge
insensé. Manu, sans doute le plus paumé de la bande, qui fait n’importe quoi de
sa vie, mais qui devient fou à l’idée de se voir déchu des droits sur son fils
de 7 ans. Sa proposition de créer un spectacle de strip-tease va rencontrer un
écho plutôt favorable chez ses compagnons, d’autant qu’il pourrait y avoir une
belle recette à la clé. Qui dit argent, dit récupération de sa dignité et
reconquête de sa compagne et de son enfant.
Il se dégage de cette pièce une profonde humanité. Ces six
personnages, qui forment une sacrée brochette de bras cassés, vont en effet
retrouver une énergie perdue en se lançant à fond dans une entreprise qui frise
l’utopie. Qui dit six personnages, dit six caractères. Pour que ça sonne vrai,
il faut que les comédiens soient le plus banals possibles, qu’ils nous
ressemblent. Pour mener à bien leur folle aventure, ils ont vraiment beaucoup
plus de handicaps que d’atouts. Certains ne sont plus très jeunes, d’autres ont
des problèmes de poids, un autre n’est pas encore sorti des jupons de sa maman…
Ce ne sont vraiment pas des apollons. C’est ce en quoi ils sont touchants.
Le casting est vraiment parfait. Ils sont tous des « right men at the right
place ». Malgré tout, il y en a trois qui attirent un peu plus
notre attention. Jérémy Malaveau qui, dans le rôle de Manu, apporte une certaine
animalité. Il a touché le fond et le projet qu’il a imaginé le regonfle d’une
sorte d’énergie du désespoir. Il est en outre extrêmement émouvant dans les
séquences où son fils est en cause… Vincent Piguet incarne à la perfection Jacky,
un rocker fan de Dick Rivers, un peu fruste, un peu narcissique, très
caricatural, terriblement naïf et, forcément, attachant… Et puis il y a Clément
Naslin. Son Benoît est le personnage qui provoque le plus d’éclats de rire.
Pour l’interpréter, il a pris une voix de fausset, adopté une démarche étriquée ;
c’est le petit poussin égaré dans une basse-cour. Cette aventure va, sans qu’il
s’en doute, le révéler à lui-même, lui permettre d’exister par lui-même et de
couper enfin le cordon ombilical…
J’insiste, tout le monde est bon dans cette pièce. Il faut y
ajouter Jacques Courtes, le patron du bar qui sponsorise généreusement les
futurs Metallo Boys et bien sûr Clara Morgane qui apporte tout son charme, son
autorité et sa force de conviction pour que cette folle entreprise soit un
succès.
Enfin, il faut souligner la place prépondérante que tiennent
les épisodes dansés dans ce spectacle. Il est amusant de voit l’évolution de
nos énergumènes dans cette discipline, de patauds et désordonnés qu’ils sont au
début, jusqu’à un étourdissant bouquet final. Et là, chapeau au travail de la
chorégraphe Mélanie Dahan !
Je dois avouer que, comme les deux fois précédentes, j’ai
été parcouru de frissons au moment où nos Metallo Boys font leur entrée sur
scène pour présenter leur show pour la première fois au public. Et, ce qui est
également très plaisant à ce moment-là, c’est de voir et d’entendre les
spectatrices participer au jeu en encourageant chaudement nos strip-teasers en
herbe…
Gilbert « Critikator » Jouin
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