Petit Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt
Seul en scène écrit par Jean-François Cayrey et Yoann
Guillouzouic
Mis en scène par Yoann Guillouzouic
Présentation :
Jean-François Cayrey est comme les profs, les écologistes, les syndicalistes,
les politiques, les polémistes, les experts en tout et n’importe quoi, les
imbéciles prétentieux ou les modestes cons… Si vous n’êtes pas d’accord avec
lui, il va vous expliquer pourquoi vous avez tort.
Mon avis : « Ils
sont cons ou c’est moi ? » s’interroge Jean-François Cayrey sur l’affiche
de son one man show…
Et bien, une chose est sûre : ce n’est pas lui ! Ce
n’est pas celui qui dit qui y est.
J’en ai vu des seuls en scène depuis plus de trente ans. Le spectacle
auquel j’ai assisté hier soir est à placer parmi les tout meilleurs à tout
point de vue. Du début à la fin, je n’ai cessé d’être enchanté par ce que j’entendais
et voyais. Jean-François Cayrey m’a réjoui pendant une heure et quart sans
aucun temps mort, sans aucun moment de faiblesse. Tout est bon dans son
spectacle.
Il n’y a de ma part aucune flagornerie, je ne connais pas ce
jeune homme, nous n’avons pas d’amis communs. Je me comporte toujours comme un
simple spectateur lambda et me laisse uniquement guider par mes sensations et
par mon plaisir (ou pas). A quoi servirait ce site si je ne me devais pas d’être
objectif ?
J’ai donc vraiment et profondément aimé ce spectacle. Et je
n’étais visiblement pas le seul… Jean-François Cayrey est quelqu’un comme nous,
qui a vécu et qui vit les mêmes choses que nous. A part qu’il a l’art de les
raconter.
Il part de sa vie à lui, sans jamais se donner le beau rôle,
au contraire, pour en projeter quelque chose qui devient universel. Lorsqu’il
évoque la vie de prof dans une ZEP, il s’appuie sur des réalités en les
exagérant à peine. C’est mordant, percutant, teinté d’humour noir et truffé de
vérités. S’amusant à ironiser sur les communautés, il se mue en une sorte de
correspondant de guerre pour nous décrire ce monde impitoyable qu’est l’éducation
dans certains quartiers. Il balaie large, n’oublie personne ; tout le
monde en prend pour son grade ; y compris lui-même.
Tout au long de son spectacle, quel que soit le thème qu’il
aborde, avec un sens aigu de la formule et une écriture très imagée, Jean-François
Cayrey nous fait rire vraiment de bon cœur puis, par un subtil effet « Kiss
Cool », le contenu nous parvient au cerveau. En effet, avec le recul, rien
n’est gratuit ou anodin dans ses sketchs. A travers ses expériences ou celles
de ses personnages, il se livre à une analyse fine et juste de notre société,
de ses dérives et de ses dysfonctionnements. Il parle ainsi de l’éducation, du
showbiz (ah, cette description du Jamel Comedy Club !), des sites de
rencontres, du mariage, des enfants, du divorce, de la Poupée Barbie, de la
nocivité de la télévision, des jeux vidéo, du commerce équitable, des
associations caritatives en en dénonçant tous les travers et toute l’hypocrisie.
On rit d’autant plus qu’on se reconnaît dans ce qu’il dit. Mais il a une façon
unique de disserter. Ça a l’air tout simple or, c’est d’une efficacité
redoutable.
Jean-François Cayrey est doué, très doué. Il est en outre
doté d’une fougue et d’une énergie impressionnantes. Il a de l’abattage, il
nous happe dès le début et ne nous lâche plus jusqu’à la fin. Il utilise les
accents, peu mais toujours à bon escient, sans jamais tomber dans la caricature
et son jeu de comédien est parfaitement abouti et maîtrisé.
J’ai vraiment apprécié de bout en bout Ils sont cons ou c’est moi ?. J’y ai entendu des saillies ou
des boutades qui mériteraient d’être culte. Il y en a trop (une par exemple, m’a
fait éclater de rire : « Quand y’a pelouse, y’a match ! ».
Placée dans son contexte, cette phrase est édifiante d’un état d’esprit). Il
faudrait les noter ou revenir au Petit Palais des Glaces… J’ai aimé chaque
sketch, et certains encore plus. Ne serait-ce que celui où il transpose un jeu
vidéo dans la vie réelle. Un vrai petit film ahurissant de drôlerie et
remarquablement interprété.
Son dernier sketch, qui part sur des bases banales, louables
et innocentes, se met à ressembler peu à peu à un jeu vidéo de stratégie de
construction d’un monde qui rappelle furieusement le nôtre et fait également
penser aux méfaits de la colonisation et aux dégâts causés par la cicilisation (on
songe aux Indiens d’Amérique, aux Incas, aux aborigènes…). Quand je vous dis qu’il
y a du fond dans ce spectacle !
Bref, si vous voulez assister à un sans-faute dans le
registre de l’humour aussi saignant qu’intelligent, Jean-François est « Cayreyment »
fait pour vous.
En plus, quand j’ai découvert le nom de son complice en
écriture et metteur en scène, Yoann Guillouzouic, j’ai encore mieux compris l’aspect
qualitatif de ce seul en scène. En effet, j’avais adoré AudéYoann, un duo
hallucinant dont je regrette qu’il ne se produise plus sur scène car. ça aussi, c’était
du très haut niveau…
Gilbert « Critikator » Jouin
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