Let It Bleed / Polydor
/ Universal Music
En trois ans et demi, c'est-à-dire depuis la sortie de
l’album Grizzly (ça c’est vraiment moi)
en mars 2011, Louis Bertignac a bien changé. Déjà, il a eu 60 ans (mais
aujourd’hui ce n’est plus du tout un handicap pour un rocker), et puis il a
changé de vie sentimentale (il a divorcé et retrouvé l’amour). Donc, en passant
de la rupture douloureuse aux retrouvailles avec le bonheur, il n’est plus du
tout le même homme. Du coup, son nouvel album, Suis-moi, c’est le jour et la nuit avec le précédent.
Personnellement, des deux, je préfère Grizzly. Il était plus dans la rock’n’roll attitude, plus virulent,
plus sombre, et plus homogène aussi. De toute façon, le bonheur, on le sait,
n’est jamais très inspirant. « Les plus désespérés sont les chants les
plus beaux », poétait l’Alfred (de Musset)…
Suis-moi est un
album disparate, plus accessible, en mot plus « variétoche » et,
malgré tout, très honnête. Il est tout à fait « bertignacien ». Il y
a la guitare de Bertignac et la voix de Bertignac. On n’est donc pas trop dépaysé.
Le fait d’y trouver dix auteurs différents dont lui (Laisse-moi dormir) pour treize chansons est-il une bonne
chose ? Je n’en sais rien. Il n’y a aucun thème de particulièrement
développé. Certains textes, plutôt légers, sont parfois sauvés par la mélodie,
voire par l’interprétation. C’est le cas par exemple de Je dis oui, le duo avec Mélanie Laurent, et du très inconsistant Minilou. En revanche, pas de sauvetage possible
pour le gnangnan Cathédrales qui
s’apparente à un poème écrit par un collégien enamouré…
Néanmoins, on vit dans Suis-moi
quelques jolis moments.
Comme d’habitude, me laissant guider uniquement par mes
sens, je me livre à mon petit hit-parade personnel, totalement subjectif :
1/ Sûr de t’aimer. J’aime beaucoup cette
valse lente bien écrite, en forme de profession de foi, sa mélodie et son
interprétation pleines de douceur.
2/ Le Pouvoir de dire non. Sur une mélodie
qui tourne toute seule, à travers la plume de Frédéric Zeitoun, Bertignac aborde
le thème de la révolte, rejoignant en cela le camp des indignés. C’est une
chanson qui a du sens, ambiance country music, joli solo de guitare et
harmonica. Efficace.
3/ T’en fais pas. Je trouve Bertignac
particulièrement convaincant dans les chansons lentes. Le piano bien devant,
dessine un climat plein de tendresse. En plus, l’écriture féminine (Keren
Meloul, alias Rose) de ce texte bien construit lui convient parfaitement.
4/ Qui a vu ma guitare ?
Impossible de ne pas vibrer à l’écoute de ce rockabilly qui m’a projeté dans
mes tendres années yé-yé. Entre Johnny Hallyday et Antoine, Bertignac reproduit
avec énergie et dérision le son des sixties. Ce titre devrait faire un malheur
sur scène.
5/ Je dis oui. Encore une ballade !
Et qui plus est en duo (avec Mélanie Laurent). C’est tout doux, voluptueux à
souhait, dans le souffle, c’est très agréable à entendre. Pour cette
déclaration d’amour réciproque, les deux voix se fondent harmonieusement. Et le
solo de guitare est sobrement sensuel.
6/ Suis-moi. C’est carré, simple,
percutant. C’est une excellente entrée en matière pour cet album. Et le refrain
est infaillible.
7/ Embrasse-moi. Cette chanson vaut
surtout pour ses guitares et la qualité de son refrain.
8/ Minilou. Cette déclaration d’amour
de papa-poule à l’adresse de ses filles est finalement touchante de naïveté. On
a plus d’indulgence pour l’intention que pour le résultat mais la mélodie est
suffisamment entraînante et légère pour nous la faire accepter.
9/ Confidences de ma Junior. Louis
Bertignac ne pouvait s’empêcher de rendre hommage à sa plus fidèle compagne
depuis plusieurs décennies : sa SG Junior. Il y met toute sa sincérité. Ça
sonne très américain.
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