Columbia Records / Universal International Music
Lady Gaga avait figuré en 2011 sur l’album Duets II de Tony Bennett. A la demande
du crooner, ils avaient interprété ensemble The
Lady Is a Tramp. Conquis par la prestation de la Lady, Tony Bennet lui a
proposé d’enregistrer tout un album de jazz. Ainsi est né Cheek To Cheek…
C’est peut-être l première fois que la créatrice de Bad Romance s’est sentie intimidée et
impressionnée par quelqu’un. Pourtant, soixante ans les séparent (Tony Bennett,
88 ans, Lady Gaga, 28 ans) mais un même amour du jazz les a réunis.
Pour la première fois aussi, la chanteuse ne s’est pas
réfugiée derrière son extravagance et son goût naturel pour la provocation.
Elle avoue avoir enfin pu être elle-même et chanter avec une voix qui est
vraiment la sienne. Et puis, cet album arrive fort à propos pour remettre la
Lady en selle après l’échec commercial de son dernier opus, Artpop qui ne s’est vendu qu’à 1,4
millions d’exemplaires dans le monde. Echaudée, elle aurait même annoncé qu’après
cette « jazzy experience », qu’elle ne ferait « peut-être plus
jamais de musique pop ». gageons plutôt que cette décision est motivée par
le dépit et que la « Mother Monster », qui n’en est pas à un
revirement près, va vraisemblablement trouver d’autres terrains musicaux pour
rebondir…
Photo Abaca |
Et bien, on peut dire que la sauce a pris. Entre la voix
chaude et légèrement éraillée de Tony et celle plus aigue et plus métallique de
la Lady, le mélange est parfait. L’osmose est totale. Le plaisir qu’ils ont à
partager est audible. On les sent s’amuser comme deux petits fous, chacun
tentant de séduire l’autre. On entend Lady Gaga rire, pousser des petits cris,
S’appuyant sur cette Rolls vocale qu’est Tony Bennet, Lady Gaga
se lâche, prend des risques, explore des zones jusque là insoupçonnées de son
organe.
Dans Nature Boy
(ma chanson préférée sur cet album), elle joue merveilleusement de la voix de
velours. A souligner également sur ce titre une superbe partie de flûte… Dans I Can’t Give You Anything But Love, sa
voix ondule, se love, s’enroule sensuellement autour de celle de Tony. Dans Firefly, elle termine dans un scat que n’aurait
pas désavoué Ella Fitzgerald. Dans Lush
Life, elle se fait tour à tour impérieuse et langoureuse. Et dans It Don’t Mean A Thing (If It Ain’t Got That
Swing), elle se fait sauvage, rugit, feule et swingue comme une petite
folle pour temriner la chanson ( et l’album), sur un spontané « Waouh »
de bonheur.
Lady Gaga s’éclate visiblement, prend du plaisir, se rassure
et confirme une chose : elle sait vraiment chanter !
Sur le plan des orchestrations, Cheek To Cheek est également un pur bonheur. Autour de la colonne vertébrale
qu’est le Tony Bennett Quartet (piano, guitare, basse, batterie), viennent se
greffer une flopée de super musiciens qui apportent à chacun des titres une
couleur personnelle en faisant la part belle à un son particulier : cuivres,
orgue, violons, flûte, harpe… Il y a des merveilles de soli. C’est digne des
meilleurs arrangements d’un Duke Ellington.
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